L'ancien deuxième ligne international est de retour dans son club de cœur depuis quelques mois en tant que directeur sportif. Un retour aux sources au CSBJ pour développer "un projet ambitieux" et faire de la formation la force du club de rugby berjallien. Entretien.
Difficile, ces temps-ci, pour les dirigeants du CSBJ de garder le sourire. Le club berjallien qui évolue en Nationale, la troisième division, est dernier du classement avec cinq défaites en cinq matches.
Le CSBJ, pilier de l'ovalie au début des années 2000, cherche toujours à se relancer après une lente descente aux enfers, soldée en 2017 par une liquidation judiciaire. "Cela prendra du temps", confie Pascal Papé, revenu dans son club formateur au début de l'été pour "mettre sa pierre" à l'édifice de la reconstruction, en tant que directeur sportif.
Il est donc loin -sur le plan purement sportif- le club que l'ancien deuxième ligne a connu entre 2001 et 2006, un club qui lui avait ouvert les portes du XV de France. Et pourtant, à l'heure de revenir porter les couleurs ciel et grenat, Pascal Papé n'a pas hésité.
"C'est un club qui m'a développé évidemment sur le plan sportif mais aussi en tant qu'homme. J'ai appris beaucoup de choses ici donc quand j'ai eu l'occasion d'y revenir il n'y a pas eu forcément de réflexion, c'est une décision qui s'est prise par le ventre, par les émotions et les sentiments que j'avais par rapport à ce club et à ce territoire", affirme l'ancien joueur et capitaine du XV de France.
Remettre le CSBJ sur les rails de la victoire, "c'est du travail mais c'est aussi beaucoup de plaisir de travailler avec des gens qui sont aussi déterminés que moi à aller au bout de notre projet", dit-il.
L'ancien international entend redorer le blason ciel et grenat en s'appuyant notamment sur la formation, qui faisait sa force dans les années 1990-2000.
"Le socle du club, c'était la formation et ça doit le redevenir", continue celui qui a quitté un poste de directeur de la formation du Stade Français pour revenir à Bourgoin.
"Ce qui a fait la force de nos générations, c'est qu'on est tous des enfants du pays, et chaque fois qu'on mettait le maillot ciel et grenat, ça résonnait vraiment pour nous parce qu'on arrivait de ces petits clubs qui alimentaient le CSBJ en juniors, en cadets, et forcément on était très ancré dans le territoire et dans ce que représentait le maillot".
La transmission est au coeur de sa vie de rugbyman et d'homme. Pascal Papé a d'ailleurs été sollicité par Jean-Michel Blanquer pour participer au Grenelle de l'éducation en fin d'année dernière. De retour sur les terres de son enfance rugbystique, il entend avant tout transmettre les valeurs du CSBJ, acquises pendant des années sur le terrain.
"Ce qui était important ici, c'était la bienveillance et l'ambiance familiale qu'il y a dans ce club, l'engouement au stade Pierre Rajon avec un public qui est connaisseur et puis cette image qu'on avait de "petit club" ou de village gaulois au milieu des grosses écuries du rugby hexagonal. On se sentait vraiment privilégiés et à part dans le paysage du rugby français", se souvient-il.
Pascal Papé a bien conscience qu'il faudra des années au club pour retrouver sa gloire d'antan.
"Notre histoire, c'est ce qui doit être le socle du projet et de la motivation d'un club. L'histoire c'est le passé, l'ADN, les valeurs qui sont ancrées dans le club. Le but est de la transmettre et de la donner en héritage aux jeunes générations pour qu'ils connaissent les épopées mais aussi l'ambition pour le futur. Il ne faut pas vivre qu'avec le passé. Au CSBJ, le projet est ambitieux, ça prendra du temps".
Le géant de 1,95 mètre n'oublie pas non plus que les colosses ont parfois des pieds d'argile. Il est bien placé pour le savoir, lui qui a confié ses failles, sa dépression et ses envies d'en finir, dans un livre intitulé "Double jeu", en 2016.
Il veut donc aussi préparer les jeunes rugbymens psychologiquement pour qu'ils disposent de suffisamment de ressources mentales pour affronter une carrière au plus haut niveau.