Une poignée de "gilets jaunes" se sont réunis à Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, ce mardi pour rendre hommage à Chantal Mazet. La manifestante est morte renversée par une automobiliste le 17 novembre 2018.
Quelques fleurs et une pancarte pour un hommage en petit comité : "En mémoire de Chantal, citoyenne française tombée le 17 novembre au premier jour du mouvement des gilets jaunes". Une poignée de sympathisants du mouvement se sont réunis mardi 17 novembre à Pont-de-Beauvoisin (Savoie), deux ans après l'accident dans lequel une manifestante a trouvé la mort.
Chantal Mazet, retraitée de 63 ans, a été mortellement renversée par une automobiliste sur un rond-point, à l'aube d'un mouvement social qui allait fleurir partout en France. Ils étaient plus de 200 à manifester dans la commune savoyarde le jour du drame, quelques dizaines l'année suivante. Deux ans après sa mort, l'hommage a rassemblé plus de gendarmes que de manifestants. Si le mouvement s'est éteint, ses sympathisants en gardent un souvenir intact.
"Ce qui reste, c'est que notre groupe, le noyau qu'on était ce jour-là, on est toujours en contact. Ca nous a beaucoup soudé, on est tous solidaires les uns envers les autres. Sans ce mouvement, plus personne ne se verrait", raconte Sandrine Baule. Tous ont retrouvé le chemin du travail à La Poste, l'hôpital, au volant d'un bus, ou d'une ambulance.
L'amertume d'un combat perdu
Ils décrivent des conditions de vie et de travail toujours aussi difficiles. "Je travaille dans un Ehpad, travail obligatoire un week-end sur deux pour 12 euros et quelque par dimanche. Le samedi, c'est pas compté comme un jour ouvré alors qu'on est en sous-effectif. J'en ai marre de travailler pour des clopinettes", s'emporte Christine Ouari, "gilet jaune" de la première heure.
Il leur faut continuer à gagner leur vie, à s'occuper de leurs enfants, dans l'amertume d'un combat perdu mais aussi la fierté d'avoir essayé. "Je trouve que les 'gilets jaunes' ont quand même fait un beau travail, même si ça ne se voit pas. Qu'est-ce qu'il en reste ? Ca a ouvert la conscience des gens", juge une autre manifestante.
"Ils ont vu qu'on pouvait bousculer le système en étant peu nombreux, pas assez nombreux. Les gens réalisent d'un seul coup que le climat leur tombe sur la gueule et que, socialement, ils sont avec un Etat qui n'est pas du tout celui du bien public. Tout ça phosphore dans les têtes", ajoute André Duny.
La plupart ont rangé leur gilet mais quelques-uns vont encore régulièrement manifester à Lyon, en bravant les interdictions. "J'espère que ça va reprendre avec les étudiants, les routiers et tout. Qu'on recommence à bloquer les centres pétroliers, ouvrir les barrières de péages, parce que c'est pas normal, souhaite Jean-Michel Sainturenne. Moi, j'ai jamais arrêté." Plusieurs d'entre eux disent attendre les élections présidentielles pour descendre à nouveau dans la rue.