VIDÉO. Isère : projet d’un centre d’hébergement des auteurs de violences conjugales "pour faire baisser la récidive"

A ce jour, un seul centre d’hébergement et de prise en charge pour les auteurs de violences conjugales existe en France. Un autre pourrait prochainement ouvrir en Nord-Isère. Un projet porté par la député Caroline Abadi, qui répond à nos questions.
 

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Un an après le grenelle des violences conjugales, un centre d'hébergement et de prise en charge pour les auteurs de violences conjugales est en passe de voir le jour en Nord-Isère. A ce jour, il n’existe qu’un centre comme celui-ci. Il se situe à Arras, dans le Pas-de-Calais. Les hommes violents y sont pris en charge par des psychologues et des éducateurs.

L’objectif est dans un premier temps de faire sortir les auteurs du déni et à terme, de faire en sorte qu’ils ne recommencent pas. Le système a prouvé son efficacité puisque le taux de récidive n’est que de 10 %, soit quatre fois moins qu’au niveau national. Rappelons qu'en France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son compagnon. Avec 146 décès l'an dernier, le nombre de féminicides a augmenté de 16 % par rapport à 2018. 

En Isère, le projet est porté par Caroline Abadi, députée (LREM) du département. Elle a répondu à nos questions sur le plateau de France 3 jeudi dernier.

Fr3 : Des centres comme celui d’Arras, il en faut plus ? C’est une demande du gouvernement ?  

C.A : C'est effectivement ce qui est ressorti du grenelle des violences conjugales de l'année dernière : de créer deux centres par région, à titre expérimentale dans un premier temps, pour faire baisser la récidive. Et puis, pour permettre l'éviction immédiate du conjoint violent, pour laisser la famille et les enfants dans le domicile familial. C'est aussi une mesure de justice. 
 

Fr3 : Il faut un groupe, un collectif, parce que seul, ça n'est pas possible. Vous en êtes convaincue ? 

C.A : Si on est évincé du domicile et qu'on retourne dans un milieu un petit peu complaisant, on n’a pas ce bousculement dans ses convictions. [Il faut] un environnement extérieur, des éducateurs, etc. On voit qu'ici [dans l’exemple d’Arras, ndlr] il y a quelque chose d'assez ferme dans la prise de parole des éducateurs et des associations. Et aussi, étant avec des pairs, on va se voir dans les autres. On va prendre conscience de sa propre violence en entendant les autres parler de leur situation. Donc ce travail collectif est aussi primordial pour faire baisser la récidive. 

Dans un tweet, la député parle d'un suivi "à 360°" : 
 

Fr3 : Et c'est pour cela qu'on reste sur place… Ce n'est pas qu’une prise en charge, il y a aussi un hébergement. Comment se passe une journée dans ce centre ? 


C.A. : Il faut qu’il y ait une prise en charge très encadrée du lieu d'hébergement mais les personnes doivent quand même pouvoir aller travailler. Retirer l'emploi punirait tout le monde et puis ce n'est pas ça qui fait que la personne va travailler sur elle et va travailler sur ses failles, ses pathologies, ses addictions. Parce que derrière les auteurs de violences conjugales il y a souvent des histoires très compliquées dans l'enfance. Et donc il faut travailler, sans complaisance, mais sur les leviers qui vont permettre aux auteurs de sortir de cette spirale. 
 

Fr3 : C'est un outil de plus qui est mis à disposition de la justice? 

C'est un outil de plus oui. C'est aussi pour ça que les procureurs de Vienne et de Bourgoin-Jallieu, les présidents des tribunaux, le directeur des services pénitentiaires de l'Isère soutiennent tout à fait ce projet.
 

Fr3 : Vous vous êtes emparée de ce projet pour l'Isère, êtes-vous la seule dans la région ?

C.A. : Il va y avoir une petite concurrence puisque chacun va pouvoir postuler mais en Isère, il n'y a qu'un seul projet qui va être présenté. C'est celui du Nord-Isère. On n’oubliera pas, bien sûr, de mettre un étage départemental sur ce projet-là. Je me suis emparée du sujet parce que c'était l'une de mes propositions au grenelle de l’année dernière, que le gouvernement avait reprise.
 

Fr3 : Vous êtes dans un timing serré, avec une date limite la semaine prochaine. Il manque encore des fonds. Combien et qu'espérez-vous ? 

Il y a déjà un financement de l'état de 200.000 euros, ce qui est déjà vraiment beaucoup puisqu'il ne nous reste "plus que" 80.000 euros à aller chercher. On a déjà une grande majorité des fonds : on a suscité l'intérêt des collectivités territoriales, le département m'a soutenu dès le début, on a aussi des fondations qui s'y intéressent, la CAF qui s'y investira, etc. On a suscité beaucoup d'envie. On va trouver les 80.000 mais ce n'est pas encore fait. 


Retrouvez le reportage d’Aurélie Massait-Salamanca sur le centre d’Arras :
 
©Aurélie Massait-Salamanca




 
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