140 apprentis en France participent à "la battle des CFA" : un concours vidéo visant à mettre en valeur leur métier et leur formation autour du thème du développement durable. C'est une classe de CAP esthétique de Bourgoin-Jallieu qui a été choisie pour représenter la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Quand leur professeure leur a appris qu'elles représenteraient la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le concours vidéo "la battle des CFA", les onze élèves du CAP esthétique de Bourgoin-Jallieu ont d'abord sauté de joie. Elles allaient pouvoir mettre en valeur leur métier et leur formation en apprentissage, face à treize autres classes dans treize autres régions, chacune dans une filière différente.
"On s'est dit c'est trop bien, c'est un truc de malade, les esthéticiennes doivent gagner", confie Yasmine Bouzouita, l'une des apprenties. Mais le thème retenu pour la compétition a rapidement douché leur enthousiasme. "Quand elle nous a parlé du sujet sur le développement durable, on a fait ohhhhh", dit-elle les yeux écarquillés. "Ça fait peur parce que notre métier, il n'est pas du tout écolo, donc comment on va faire ?"
Depuis plus de six mois, la classe planche donc sur une manière de maquiller et de dispenser des soins en réduisant son empreinte carbone. Leur cas pratique pour le concours est de réaliser un soin du visage avec le moins d'impact possible sur l'environnement.
Réduire les consommables
"On a réfléchi à ce qu'il nous fallait pour ce soin, ce qu'on utilisait beaucoup, donc du consommable", explique Léa Bouteille, une autre élève. "Ce qu'on utilisait ce n'était pas écologique. D'habitude les produits qu'on utilise, c'est des flacons en plastique et les produits à l'intérieur, ce n'est pas du bio et il y a beaucoup d'emballages qu'on jette", admet-elle.
Les jeunes filles optent donc pour des cotons réutilisables, du linge spécifique lavable ou des recharges pour économiser le conditionnement. Mais c'est là que cela se complique. Il faut trouver des ressources, si possible en local.
"Grâce à ce projet, on a appris à démarcher des fournisseurs, trouver des devis, des produits et le fait d'avoir eu cette démarche-là, on se rend compte que ce n'est pas facile du tout, rien que de trouver des produits bio, ça a été très très compliqué", avoue Yasmine Bouzouita.
"En tant qu'enseignante, cela donne une dimension complètement différente de ce que l'on fait habituellement avec nos jeunes puisqu'on sort du cadre de l'enseignement et de la préparation à un diplôme", remarque de son côté Géraldine Marceau, professeure d'esthétique à l’Espace Formation des Métiers et de l’Artisanat.
Démarcher des fournisseurs, gagner en maturité
"Au niveau pédagogique, c'est très intéressant parce qu'on découvre des apprentis qui se révèlent au niveau de la recherche, de l'implication, des jeunes qui sont très timides et plutôt réservées en cours", poursuit-elle.
Cette semaine les élèves se sont prêtées à l'exercice de l'interview, pas seulement pour les caméras de France 3 Alpes mais aussi pour le tournage du troisième épisode du concours. Chaque vidéo, diffusée sur la chaîne Youtube du réseau des Chambres des métiers et de l'artisanat, présente l'avancée du projet à différentes étapes et permet de suivre l'évolution des élèves, leurs questions, leurs réalisations, leurs doutes et leurs difficultés.
Yasmine se félicite du chemin parcouru. "Ça m'a apporté beaucoup de maturité, beaucoup de professionnalisme parce qu'on a eu beaucoup de responsabilités dès le début, ça m'a appris à grandir et à travailler avec mes idées et à développer nos idées", dit-elle.
"Cela nous a appris beaucoup même sur nous, on a grandi, on a mûri, on a appris une autre manière de vivre ensemble. Et même à la maison, on se met à faire attention avec l'eau pour faire des économies", raconte Audalys Coulaud Straub, une autre élève.
En lice contre des ébénistes, des boulangers, des plombiers...
"Je suis fière de ce groupe parce que quand je repense à l'année dernière, il n'y avait rien qui sortait quand on parlait de développement durable. C'était des mines dépitées qui étaient en face de nous, le projet elles ne comprenaient rien. C'était difficile pour nous de leur donner l'explication réelle et là c'est une fierté parce que quand je vois ce qu'elles ont fait aujourd'hui, c'est vraiment que tout est acquis et que l'on part sur de bonnes choses pour le futur", conclut Géraldine Marceau.
Reste désormais à gagner la bataille de la popularité. Leur projet est soumis aux votes des internautes sur Youtube. Il sera également évalué par un jury professionnel.
Les esthéticiennes de l'Isère sont en lice contre des glaciers de Bourgogne-Franche-Comté, des pâtissiers des Hauts de France, des fleuristes d'Ile-de-France, des mécaniciens d'Occitanie, des boulangers d'Avignon, des coiffeuses de Corse, des ébénistes des Pays de la Loire, des bouchers du Grand Est, des peintres de Nouvelle-Aquitaine, des plombiers de la Réunion, des carrossiers de Bretagne, des cordonniers de Centre Val de Loire, et des chocolatiers de Normandie.
Le gagnant sera désigné au mois de juin.