Attractivité, culture... Municipales à Vienne (Isère) : Thierry Kovacs a-t-il tenu ses promesses ?

Thierry Kovacs brigue un nouveau mandat à Vienne (Isère), affichant fièrement le bilan de ses six premières années en tant que maire. Attractivité, culture, accessibilité... France 3 Alpes revient sur ses promesses de 2014.

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"Faire et agir avec vous, pour vous, pour Vienne", c'est la devise du maire sortant Les Républicains, Thierry Kovacs. Après une victoire sans concession aux élections municipales de 2014, l'édile brigue un second mandat à la tête de sa ville iséroise.

"Ce projet s’inscrit dans le prolongement de l'action engagée depuis 2014 avec un grand nombre d’actions qui seront poursuivies", promet-il dans son programme consultable en ligne. Lors du précédent scrutin, le candidat avait affiché un programme listant 150 engagements "co-construits avec les Viennois". Des mesures qu'il avait chiffré à 1,1 million d’euros de dépenses supplémentaires par an, visant notamment à redynamiser la ville.

France 3 Alpes a passé ces promesses au crible et s'est penché sur leur réalisation, ou non. Contacté, Thierry Kovacs n'a pas souhaité nous répondre. Retrouvez, thème par thème, notre bilan du maire sortant, six ans après son accession au fauteuil de maire.

 

Priorité à l'attractivité


C'est un petit peu la clé de l'élection. Dans la quatrième ville la plus peuplée de l'Isère, l'attractivité fait défaut. Patissant du rayonnement de l'agglomération lyonnaise, Vienne peine à trouver un nouveau souffle. Pour y remédier, le candidat Kovacs avait imaginé 34 mesures en 2014 pour "une ville plus dynamique".

Parmi ces propositions, la "création et le développement des zones d'activité à l'échelle de ViennAgglo", la diminution de la taxe foncière pour les ménages et les entreprises ou encore la construction d'une salle dédiée aux fêtes familiales pour "répondre aux aspirations des Viennois en termes de loisirs et animations". Et un mandat plus tard, les signaux sont au vert.
 
Le maire sortant affiche fièrement son bilan sur le volet économique : 0% d’augmentation d'impôts depuis 2014 et une baisse de la taxe foncière de 2,5% en 2018. L'édile estime également avoir "mis en valeur (le) patrimoine historique et développé le tourisme", rappelant la restauration du théâtre antique. Bilan : 150 000 touristes supplémentaires depuis 2014, selon un bilan dressé par la municipalité.

Question emploi, le nombre d'entreprises implantées sur le territoire de la commune a augmenté depuis 2014. Elles sont 300 de plus, et le nombre de demandeurs d'emploi a baissé de 3% entre 2018 et 2019, vante Thierry Kovacs. Pôle emploi recensait malgré tout 3 140 demandeurs d'emploi dans la commune en décembre 2019.
 

Située à la frontière entre Isère et Rhône, l'enjeu pour la ville est également de gagner en dynamisme pour exister à côté de la métropole lyonnaise. Pour ce faire, le maire LR a fait réhabiliter les berges du fleuve pour les rendre accessible aux piétons et aux cyclistes, la municipalité a également créé un deuxième jardin de ville et développé les espaces verts.

En bref, le centre-ville a reçu un petit coup de jeune en six ans. Mais toujours pas assez selon certains commerçants. "Ils ont fait une belle rue mais rien, vide, il n'y a personne", déplore l'un d'eux. Une fois de plus en 2020, l'attractivité est un enjeu central de la campagne des élections municipales, concentrant une grande partie des propositions des candidats.

 

Un point noir nommé accessibilité


Matin et soir, le trafic pêche aux entrées de Vienne. L'accessibilité n'est pas le point fort de la ville : "Depuis le quartier d'Estressin, il est plus facile d'aller à Lyon que d'aller à Pont-Evêque où, pourtant, on a énormément d'usines qui pourraient recruter", pointait il y a quelques mois la candidate La République en marche (LREM) aux élections municipales 2020, Florence David.

Pour pallier ces difficultés de circulation, le candidat Kovaks promettait, en 2014, d'engager la réalisation de "l’échangeur autoroutier complet à Reventin-Vaugris afin de réduire le trafic de transit sur les quais". Ce projet, validé par ViennAgglo, s'est transformé en demi-échangeur qui doit voir le jour sur l'A7 pour éviter aux véhicules venant du sud de traverser Vienne pour rejoindre l'autoroute.

A la fin du mandat de Thierry Kovacs, la mise en service du demi-échangeur a bien été engagée, mais pas finalisée. Le projet a même pris du retard. Alors qu'elle devait être opérationnelle en 2021, cette portion routière ne va finalement pas voir le jour avant 2023. Son tracé a même suscité une vive polémique et coûté sa place à l'ancienne majorité de Reventin-Vaugris, rapporte Le Dauphiné Libéré. Le budget, toutefois, semble respecté : un montant de 21 millions d'euros contre les 20 millions promis par Thierry Kovacs en 2014. Outre la circulation, l'autre point noir de Vienne, c'est le stationnement dans le centre-ville.
 

"Nous investirons davantage dans les modes alternatifs à la voiture, tout en facilitant les conditions de circulation et de stationnement de ceux qui n’ont pas d’autres moyens de se déplacer", promettait le candidat aux précédentes élections municipales.


Six ans plus tard, le sujet pose toujours problème à Vienne, même si des aménagements ont été mis en place. Développement des zones 30, installation de ralentisseurs, plus de contrôles poids lourds... Autant de mesures instaurées par l'équipe du maire sortant lors de son mandat. Mais le projet de parking souterrain de l'hôtel de ville, au cœur du centre ville gallo-romain, continue de faire débat. 

Avant le scrutin de mars 2020, le maire sortant fait l'unanimité contre lui parmi les candidats à sa succession. Ce projet est toujours à l'arrêt car il nécessite des fouilles archéologiques à 7 millions d'euros. "Le parking souterrain (...) on le savait, on avait dit en 2014 qu'il ne serait pas faisable. Il nous a déjà coûté 175 000 euros pour les sondages, et tout ça pour rien", pointait Adrien Rubagotti (RN) lors d'un débat organisé par France Bleu Isère et Le Dauphiné Libéré.

La Ville de Vienne avait déposé un recours en justice contre un arrêté préconisant d'importantes fouilles archéologiques, qui représenteraient une grosse enveloppe pour la mairie. Le tribunal administratif de Grenoble l'a rejeté, mais la municipalité a fait appel de cette décision. Ce projet phare du programme de Thierry Kovacs en 2014 reste donc suspendu à une décision de justice.

 

Davantage de policiers et 200 caméras installées


Le renforcement de la sécurité occupait une place de choix dans le programme de Thierry Kovacs en 2014. Le candidat rappelait que Vienne faisait partie, en 1999, des six villes les moins sûres de France et voulait trancher avec la politique de son prédécesseur socialiste. Il promettait notamment d'augmenter les "effectifs de la police municipale ainsi que (les) rondes pédestres des policiers" et de développer la vidéosurveillance "dans les lieux sensibles".

Ces deux mesures ont été respectées puisqu'on compte désormais deux policiers municipaux supplémentaires et 200 caméras de surveillance ont été déployées sur l'espace public, soit deux fois plus que ce qu'avait promis le candidat. Et la municipalité d'affirmer que toutes ces mesures ont permis une baisse des atteintes aux biens : -22% depuis 2014.
 

"On est sur la bonne voie et il faut poursuivre ce que nous avons fait en renforçant les effectifs de la police municipale, en installant de nouvelles caméras", affirmait Thierry Kovacs lors d'un débat organisé par France Bleu Isère et Le Dauphiné Libéré.


Mais ses concurrents à la mairie nuancent ce bilan sur certains points. Florence David (LREM) pointe notamment "un sentiment d'abandon dans les quartiers" et souhaite y renforcer les patrouilles pour "renouer le dialogue""Il faut aller beaucoup plus loin que ce que fait la municipalité actuelle sur les violences conjugales, qui ne sont pas visibles par les caméras de vidéosurveillance", plaidait pour sa part Erwann Binet, investi par le Parti socialiste et les Verts.

 

Des nouveaux aménagements culturels, et des disparités


S'il y a bien un événement qui fait rayonner Vienne, c'est son festival de jazz. Près de 200 000 festivaliers s'y pressent chaque année à la rencontre des 1 000 artistes se produisant sur les quatre scènes. Comme promis, le maire LR Thierry Kovacs a ancré cette image qui colle à la peau de sa ville en lançant la construction d'une Maison du jazz.

Cette institution devrait notamment regrouper les bureaux du festival et des espaces de réception dans une ancienne bâtisse acquise par l'agglomération. Son ouverture est prévue d'ici à 2022. Autre lieu culturel rénové sous la mandature de Thierry Kovacs : le Manège de l’Espace Saint-Germain, une salle de spectacle disposant de 1 600 places assises et 800 debout. La municipalité y a consacré 3,2 millions d'euros.

Alors que la campagne pour les élections municipales de 2020 est bien entamée, le maire sortant est pointé du doigt pour sa politique culturelle dans les quartiers. "Je suis là depuis cinquante ans et ça n’a pas beaucoup changé", déplore notamment un habitant d'Estressin auprès du Dauphiné Libéré. Mais pour l'édile, c'est un faux procès.

Pour lui, "la municipalité s’est largement impliquée sur le quartier durant le mandat 2014-2020, avec un certain nombre d’aménagements et de réalisations d’importance, unanimement appréciés et reconnus", dit-il dans un article publié sur son site de campagne. Rénovation d'écoles, du Boulodrome, création d'un terrain de football... Autant d'aménagements qui ont coûté plus de 4 millions d'euros à la Ville sur ce seul quartier.

 
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