Paris 2024. "C'était magique" : le rêve éveillé de Maesha, elle a participé aux JO seulement deux ans après avoir débuté la natation

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Sélectionnée pour les Jeux olympiques de Paris, la nageuse du club de Vienne, en Isère, Maesha Saadi a participé aux séries du 50 mètres nage libre sous les couleurs des Comores. Un rêve et une fierté pour cette jeune fille de 17 ans qui a débuté la natation il y a seulement deux ans.

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Nager devant près de 17 000 personnes, c'était loin d'être dans ses plans. Et pourtant, à seulement 17 ans, la nageuse du club de Vienne Condrieu a plongé dans la piscine olympique de Paris 2024 le samedi 3 août. Une participation plutôt inespérée pour Maesha Saadi, qui a découvert la natation seulement deux auparavant.

Initiée à la natation par sa mère, ancienne nageuse française au niveau national, dans son enfance, la Franco-Comorienne n'était pas destinée à plonger dans les bassins olympiques. Jusqu'à ses onze ans, elle a grandi à Vienne en Isère où elle pratiquait la gymnastique et la danse classique.

D'une piscine d'hôtel des Comores à Paris La Défense Arena

Lors de son départ aux Comores, le pays d'origine de son père, elle a décidé d'essayer le tennis. Un sport qu'elle a pratiqué pendant toutes ses années de collège. Mais à l'automne 2021, c'est une compétition locale de natation qui a bouleversé sa vie.

"C'est un peu par hasard. Il y avait un open ouvert à tous dans une piscine d'hôtel dans le pays. Ma mère m'a conseillé de participer", explique Maesha Saadi. Malgré sa faible expérience en natation, elle a tapé dans l'œil des représentants du Comité olympique des Comores présents sur place.

Décelant en elle un certain potentiel, ils lui ont proposé de bénéficier d'un programme lui permettant de représenter le pays aux Jeux olympiques de Paris 2024. Après un temps de réflexion, elle a accepté cette opportunité réservée aux athlètes des pays émergents de participer à cette compétition, au nom d'un principe majeur de l'olympisme : l'universalité.

Après plusieurs mois d'entraînements aux Comores, elle a finalement rejoint la France et son entraîneur Marc Olivier au club de Vienne à l'été dernier.

La fierté de représenter son pays

Avant de se jeter dans le grand bain, l'Iséroise a découvert l'esprit olympique dès ses premiers jours à Paris. Au soir du 26 juillet dernier, Maesha Saadi a pris place sur la péniche des Comores pour défiler lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. 

Aux côtés de trois autres compatriotes, un nageur, un kayakiste et un sprinteur, la jeune fille de 17 ans a représenté fièrement les Comores, son archipel situé au large de la côte est de l'Afrique. Des instants uniques qu'elle n'oubliera jamais : "C’était super bien de voir tout le monde sur les quais avec les différents drapeaux. Puis, la cérémonie au Trocadéro était très jolie aussi. C’était vraiment magique. Je ne m’en suis pas vraiment rendu compte sur le moment mais le lendemain, quand tous mes amis m’ont envoyé des vidéos de notre passage à la télé, je me suis dit : ‘Ah oui quand même !", raconte Maesha Saadi.

Non loin de la Seine, ses parents n'ont rien manqué de ce défilé. "C'était une grande fierté pour nous et encore plus pour son papa, originaire des Comores. Le fait qu'elle représente son pays, c'est quelque chose de très symbolique pour lui.", confie Bérangère Bardin, mère de Maesha.

Une rencontre "incroyable"

Tout au long de son aventure olympique, la jeune Iséroise a résidé au village des athlètes de Saint-Denis. Là où l'esprit olympique se dégage, se respire. A seulement 17 ans, Maesha Saadi a découvert ce lieu symbole de communion entre les différentes nations.

"On dirait un petit peu une mini-ville, sans problème. Rien n'est jamais bruyant. Il y a beaucoup de petites lumières. On dirait un peu Disneyland !", s'amuse la jeune nageuse.

Et au cours de son séjour au village olympique, la Comorienne a pu cotôyer les plus grandes légendes de leur sport. "Le fait de croiser des gens qu’on ne voit jamais, ou que l’on voit uniquement à la télé, c’est incroyable !", raconte l'ancienne tenniswoman, avant de poursuivre : "J’ai même croisé le Norvégien Casper Ruud au réfectoire qui m'a demandé un pin's des Comores. Sur le moment, je n’ai pas vraiment tilté. Puis quand je l’ai reconnu, je suis restée choquée. Il a rigolé puis j’ai eu la chance d’échanger avec lui."

Un plongeon chez les très grands

Après avoir profité de l'ambiance et de l'atmosphère olympique, Maesha Saadi a dû se reconcentrer sur sa course. L'épreuve la plus courte et rapide de la natation : le 50 mètres nage libre. Pendant une semaine, la Franco-Comorienne a multiplié les entraînements dans un écrin comme elle n'en avait jamais vu, bien loin de la piscine d'eau salée dans laquelle elle avait participé à une compétition locale, tremplin de sa carrière.

"La première fois que j'y suis entrée, c'était super bien. C'était immense. Lorsque l'on est en bas et que l'on voit tout le public. C'est vraiment impressionnant. Il y a énormément de gens, beaucoup de lumières et de bruits", raconte Maesha Saadi.

Lorsqu'est arrivé ce samedi 3 août, jour de son entrée en lice, Maesha Saadi est restée dans sa bulle, concentrée. Même si aucune pression sportive ne lui avait été mise sur les épaules de la part du comité olympique national comorien, elle avait à cœur d'atteindre son objectif.

Elle le savait, la qualification en demi-finale n'était pas envisageable. Mais l'enjeu était ailleurs. Elle voulait battre son record personnel de 30,96 secondes. La jeune fille de 17 ans voulait descendre sous la barre des 30 secondes.

"Un peu le souffle coupé"

Une fois dans le bassin, la licenciée de Vienne n'a pas été impressionnée par les plus de 15 000 personnes présentes à Paris La Défense Arena. Et sa performance en dit long sur sa force de caractère. Elle a terminé première de sa série avec un chronomètre de 29 secondes et 60 centièmes. 

"Quand je suis arrivée, je ne l'ai pas vu car je me suis retournée mais sur l'écran géant, je ne voyais pas trop avec mes lunettes. En sortant, j'ai pris un peu le temps de regarder et j'étais super contente. Je m'attendais à faire moins de 30 secondes mais pas à ce point", se réjouit Maesha Saadi.

Encore loin des 24'72'' nécessaires pour se hisser en demi-finale du 50 mètres nage libre, la Franco-Comorienne a savouré sa performance avec sa délégation et ses proches. Des instants gravés pour toujours dans leur mémoire.

"C'était vraiment des émotions très fortes. C'était déjà un peu l'aboutissement d'une longue préparation. [...] Personnellement, j'étais incapable de prendre une photo. J'avais l'impression que c'était moi qui allais nager avec un peu le souffle coupé", confie Bérangère Bardin, la maman de Maesha.

Déjà Los Angeles 2028 dans le viseur

Au lendemain de cette expérience olympique, la famille semble ne pas encore réaliser la perfomance réalisée et le rêve vécu par Maesha. Elle, qui, il y a encore deux ans n'avait jamais nagé de 50 mètres nage libre en compétition.

Restée à Paris pour profiter de la deuxième semaine olympique, la nageuse de 17 ans assure ne pas vouloir en rester là et continuer sa carrière de nageuse dans son club de Vienne Condrieu et avec son coach Marc Olivier.

"Je suis super contente d'avoir accepté ce défi. Je veux continuer à représenter les Comores au niveau international notamment lors des prochains Championnats du monde. [...] J'aimerais bien aller à Los Angeles en 2028", se projette la nageuse.

Pour cela, Maesha Saadi devra réaliser les minimas ou espérer que le comité national olympique comorien la sélectionne une nouvelle fois grâce aux quotas qui lui sont réservés. Après son année de terminale au lycée Ella Fitzgerald de Vienne, elle envisage de quitter l'Isère pour bénéficier d'un dispositif d'entraînement pour les champions de demain, en France ou à l'étranger.

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