Témoignages. Grève des taxis : "Autant appeler ça du transport de bétail", les chauffeurs dénoncent la réforme de la tarification du transport médical

Publié le Écrit par Marie-Charlotte Perrier et Vincent Habran
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Tôt ce lundi 2 décembre, plusieurs centaines de taxis au départ de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, ont mené une opération escargot vers Lyon. Ils protestent contre la nouvelle convention proposée par l’Assurance maladie, qui "mettrait en péril" leur chiffre d’affaires et provoquerait une "déshumanisation" de leurs clients.

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"Entre 25 et 40% des chiffres d’affaires des taxis médicalisés vont être pénalisés en 2025 si cette convention passe. Et on fera tout pour qu’elle ne passe pas !"

Gilet fluo sur le dos, Eric Tourniaire ne compte pas se laisser faire. Depuis 5h30 du matin, ce chauffeur de taxi distribue des tracts au péage de Saint-Quentin-Fallavier avec, à ses côtés, des centaines de confrères qui ralentissent la circulation. 

La plupart d'entre eux sont spécialisés dans le transport de personnes malades vers des hôpitaux ou des cabinets médicaux. 


"Les taxis sont très en colère, poursuit-il. La convention qui nous est proposée va nous pénaliser financièrement très lourdement. Pour moi, le transport médical représente 99% de mon chiffre d’affaires. Ça mettrait en péril beaucoup d’entreprises. Sur les 60 000 taxis en France, 35 à 40 000 font du médicalisé".

Un changement de barème pour les transports sanitaires

Eric et ses confrères protestent contre la convention en cours de négociation avec la Sécurité sociale, concernant le transport de malades. Le projet, proposé par la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), prévoit une baisse des tarifications du transport médical.

Selon Abdel Green, président de la Fédération des taxis indépendants du Rhône (FTI69) interrogé par l’AFP, le nouveau barème prévoirait un tarif à 0,98 centimes du kilomètre contre 1,67 euro actuellement. "Si ça continue, on va déposer le bilan car on aura plus assez de travail pour payer les charges", se désole Jean-Michel Lion, chauffeur de taxi. 

"Autant appeler ça du transport de colis ou de bétail"

Samir Bensellam, chauffeur de taxi


Autre mesure envisagée pour réduire les coûts de l’Assurance maladie : la pratique du taxi partagé. Une proposition "déshumanisante" pour Samir Bensellam, interviewé au volant de sa voiture. "Je suis taxi en campagne et je fais beaucoup de transport de personnes âgées pour la Sécurité sociale. Ce sont des gens qui n’ont pas d’amis, pas de familles ou avec des enfants éloignés. On est un service essentiel pour eux, il y a beaucoup de liens qui se créent"

Le chauffeur raconte avec émotion qu’il sort souvent de son rôle pour "raccompagner les gens chez eux", en les prenant "par la main ou par le bras". "Il y a un climat de confiance qui s’installe, ajoute-t-il. Les gens d’un certain âge ne veulent pas être 3 ou 4 dans un taxi et faire le tour du monde avant d’être déposé chez eux"

Après avoir tracté jusqu’à 8h30 au péage de Saint-Quentin-Fallavier, les taxis ont poursuivi leur opération escargot et convergé jusqu’à Lyon, occasionnant de grosses difficultés de circulation. 

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