A Villard-de-Lans, le fief des Fourcade, l'aura de "l'idole" rayonne malgré le raté en relais

A l'Auberge de la Glisse, tenue par le père du clan Fourcade dans le Vercors, l'ambiance est retombée vendredi 23 février avant même la fin du relais messieurs. Une énième médaille s'envole mais rien n'entame l'enthousiasme soulevé par les exploits de "l'idole".

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Quand les 150 personnes réunies dans le restaurant ont applaudi les vainqueurs suédois, il n'y a que Martin Sicot, 4 ans, qui s'est exclamé "Quoi ? il n'a pas gagné ?". Le jeune supporter avait pourtant donné de la voix, d'abord pour le Grenoblois Émilien Jacquelin à coups de "Grounoble, Grounoble", avant de s'époumoner en lançant des "allez Martin!" pour le grand Fourcade, dont il partage le prénom.

La 5e place des Français au relais 4x7,5 km a déçu, personne ne s'en cache. "C'est sûr qu'on aurait préféré monter sur les tables mais c'est le sport aussi, les conditions n'étaient pas faciles et il y avait meilleurs", résume Aurélie Dutrievoz, 40 ans, venue de Méaudre, sur le plateau du Vercors, avec quatre amis aux joues peintes du drapeau tricolore.



"Il faut laisser quelques médailles aux autres", philosophe Michel Gouy-Pailler, 65 ans, né à Villard-de-Lans, où il a grandi à une époque où le patin de vitesse qu'il pratiquait n'avait même pas de fédération.

Pour Marcel Fourcade, qui avait repris le service des cafés quand son fils remontait son équipe en 7e position, "le suspense est un peu retombé" dès ce moment de la course - il compare volontiers le biathlon à un sport "hitchockien".

"Mais compte tenu de ce que l'on a dans la musette, on ne peut pas faire les difficiles ! On a été sur un petit nuage toute la quinzaine avec les équipes de France. Le biathlon a battu son record de médailles, tout le reste était du bonus", souligne un père qui attend de pouvoir pousser  "un grand cocorico" au retour de la délégation française, lundi à Grenoble.


'Y a Zidane et Fourcade'


Yvonne Roussin, qui avait vécu à 23 ans les JO de 1968 à domicile, a troqué les champions de son époque - les Calmat, Killy et Fleming - pour Fourcade, "un demi-dieu", qu'elle suit depuis sa révélation aux Jeux de Vancouver en 2010.

"Un dieu! ", n'hésite pas à renchérir Damien Munier, 30 ans, fondeur-skateur amateur monté vendredi matin skier au site nordique du Bois-Barbu, avant de regarder l'épreuve olympique au chaud. "Y'a Zidane et Fourcade", estime le jeune homme qui a repris sa pratique du fond dans le sillage des exploits de Martin, son "idole".

Tous vantent "son intégrité", "son sens du collectif", son "bel esprit du sport fait de combativité, de dépassement et de loyauté".


L'effet Fourcade se ressent sur le plateau. "Il donne une belle visibilité à tout le nordique, c'est super. J'espère que ça donnera envie aux jeunes et moins jeunes de s'essayer à cette belle discipline. Allons-y tous!", lance Aurélie.
Selon Michel le Villardien, l'école de ski nordique du village voit les inscriptions d'enfants augmenter sans cesse: "avant, ils voulaient tous faire du ski de piste, maintenant c'est le biathlon!". C'est "la relève, c'est génial", s'enthousiasme Damien.


Depuis Pyeongchang, Martin Fourcade, 29 ans, a exprimé le souhait de céder son rôle de porte-drapeau pour la cérémonie de clôture des JO à un athlète "symbolisant l'avenir", et dit son envie de "savourer" ses "magnifiques médailles d'or".

Depuis la France, son père lui a répondu en écho: "la moisson est faite, il ne reste qu'à savourer les retrouvailles".
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