Né à Villeurbanne dans le Rhône, formé à Ambérieu-en-Bugey dans l'Ain, le rhônalpin Florent Manaudou a décroché le 1er août 2021 la médaille d'argent aux Jeux Olympiques 2021 de Tokyo.
Florent Manaudou a réussi son incroyable pari sur 50 m libre en arrachant l'argent (21.57) derrière le boss des bassins Caeleb Dressel (21.07) dimanche 1 er août. Champion olympique en 2012 à Londres, vice-champion olympique en 2016 à Rio, Manaudou a encore répondu présent et offert à l'équipe de France de natation, jusque-là bredouille, une belle médaille d'argent, la 20e pour la délégation française à Tokyo.
Arrivé sans prétention
Arrivé à Tokyo sans grandes certitudes, Florent Manaudou, 30 ans, s'est offert une troisième médaille olympique individuelle en trois JO. Après Rio, pendant deux ans et demi, il avait délaissé les bassins de natation pour tenter sa chance en handball, sa passion de jeunesse, avant de replonger en 2019. Mais son retour a été perturbé par la pandémie et les restrictions sanitaires : "C'est dur de parler : troisième médaille consécutive. J'ai arrêté, je suis revenu,
ça a été une année difficile. ça prouve qu'il ne faut pas se prendre la tête, il faut juste nager. Le corps sait faire", a-t-il commenté sur France 2.
Joie partagée
Sa joie était d'autant plus forte que sa compagne Pernille Blume a décroché quelques minutes après lui la médaille de bronze sur la même distance. Dès la course de la Danoise terminée, les deux amoureux se sont tendrement embrassés au bord du bassin pour l'une des images fortes de ces JO !
La réaction de Florent Manaudou après sa finale :
- Quelle saveur a cette médaille par rapport à celle de Rio ?
"Elle est meilleure parce qu'il y a un avion devant qui fait 21.07. C'est compliqué d'aller le chercher. Alors qu'à Rio, je perds pour un centième, c'est différent. J'ai arrêté, je suis revenu, j'ai pris du plaisir, je pense qu'il y a 95% des gens qui ne croyaient pas en moi, ça m'a boosté aussi. Elle est incroyable, cette médaille."
- De quoi êtes-vous le plus fier ?
"D'avoir réussi à profiter du moment, de l'instant présent. Je n'avais jamais vraiment réussi à le faire. Quand je suis revenu à la natation il y a deux ans et demi, j'ai dit que je voulais vraiment prendre du plaisir. Je me suis un peu perdu en chemin cette année parce que mes perfs n'étaient pas ouf... Je ne fais pas une course incroyable niveau chrono, mais ça prouve que ça suffit et qu'il ne faut pas trop se poser de questions. Bien sûr, une médaille c'est bien mais je suis content de mon voyage personnel. C'était dur, Canet, Monaco, les France (entre fin mai et mi-juin, ndlr), ce n'était pas simple à gérer."
- Comment avez-vous évacué ces semaines de frustration ?
"En me disant que de toutes façons, ça ne pouvait pas être pire ! Tout le monde m'a dit "je ne t'ai jamais vu nager aussi mal". Moi j'étais là, 'super, on est à un mois des Jeux, c'est encourageant. Mais je me suis dit "laisse toi aller, tu verras bien ce qui se passe". J'ai réussi à me dire qu'on s'entraîne quatre ans, dix ans, quinze ans pour vivre une finale olympique et quand on la vit, on a peur. C'est quand même paradoxal. Je me suis dit 'c'est vraiment bête de ne pas avoir profité de tes deux médailles à Rio, donc profite du moment, le résultat s'offrira à toi'. Je pense que c'est ça qui m'a aidé à me relâcher. Le fait de dire que je voulais prendre du plaisir, de le mettre en mots, c'est super important. Et quand je suis arrivé derrière le plot, je me suis dit 'tu fais comme à Londres, tu souris et on verra bien'. Et j'étais vraiment trop bien. Je regardais le bout du bassin, j'étais content. Alors qu'à Rio, je me disais 'putain, là-bas, c'est fini, enfin !'"
- Vous partagez le podium avec votre compagne danoise Pernille Blume...
"Je pense que j'ai mieux vécu sa course qu'elle a dû vivre la mienne, parce qu'elle devait se préparer. Je lui avais dit de ne pas regarder ma course, parce que quand on est un peu émotif, et amoureux, c'est compliqué de 're-switcher'. C'est incroyable de pouvoir avoir deux médailles, le même jour, quasiment à la même heure. On a eu des moments pas faciles toute l'année, elle m'a beaucoup soutenu, plus que je ne l'ai soutenue. Je pense que j'ai été un peu plus chiant qu'elle. Faire une médaille olympique, c'est rare quand même."
- Quel regard portez-vous sur votre longévité ?
"Quand on est vieux, on peut réussir ! Mais je l'avais déjà compris il y a cinq ans quand je perds ma finale (contre Ervin, 36 ans, ndlr). J'ai pris beaucoup de plaisir depuis Rio, dans le hand, en apprenant la guitare. Et quand je suis revenu à la natation, même en me perdant un peu en chemin, j'ai quand même pris énormément de plaisir. Ca s'est vu ce soir."
- Vous projetez-vous sur Paris-2024 ?
"Bien sûr, j'aimerais bien vivre les Jeux dans mon pays, ça doit être incroyable. Je ne sais pas le voyage que j'aurai pendant trois ans, quel sera mon niveau de performance. Mais j'ai envie de vivre les Jeux dans mon pays, c'est indéniable. Je ne sais pas si je ferai du 50, du 100, le relais. On verra."