La justice reconnaît l'insuffisante connaissance du lagopède alpin pour pouvoir le chasser

Le tribunal de Grenoble a reconnu qu'"il n'existe aucun indice de confiance permettant d'envisager la population réelle de lagopèdes" alpins. Une "nouvelle victoire" pour la LPO qui avait déposé un recours devant la justice administrative.

Le lagopède alpin est insuffisamment connu pour être chassé, a tranché le tribunal administratif de Grenoble. La justice donne ainsi raison à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui avait déposé un recours pour faire annuler les arrêtés préfectoraux de 2019 autorisant la chasse de la perdrix des neiges en Isère, Savoie et Haute-Savoie.

Il s'agit d'une deuxième victoire pour l'association qui avait déjà obtenu la suspension de la chasse de cet oiseau en Haute-Savoie et dans le massif du Taillefer (Isère) pour la saison 2020. Elle espère maintenant que cette décision sur le fond "fera jurisprudence".

"Le tribunal reconnaît que les indices de reproduction collectés, avec un nombre inférieur à 30 adultes, n'est pas statistiquement représentatif et ne peuvent donc permettre de légitimer la chasse de cette espèce", s'est réjouie la LPO dans un communiqué.

De fait, les décisions du tribunal soulignent qu'"il n'existe aucun indice de confiance permettant d'envisager la population réelle de lagopèdes" compte tenu "de la difficulté de (leur) observation dans leur milieu naturel". Donc les prélèvements autorisés sont fixés "sur la base de comptage d'échantillons trop faibles ou défaillants" alors que "le bon état de conservation de l'espèce n'est pas établi".
 


 

Sur la liste rouge des espèces menacées


Espèce relictuelle de l'ère glaciaire, ce gallinacé emblématique des montagnes est installé dans les Alpes depuis 20 000 ans. Il a un plumage discret qui change de couleur en fonction de la saison pour mieux se camoufler au sol. Il figure sur la liste rouge des espèces menacées en France.

"D'un point de vue éthique, prélever dix lagopèdes, c'est dix de trop. C'est une question de responsabilité", jugeait Jean-François Desmet, biologiste pour le groupe de recherche et d'information sur la faune de montagne (Grifem) auprès de France 3 Alpes.
 
"On espère que cela fasse jurisprudence pour les années à venir et qu'il n'y ait plus d'autorisation de chasse", confie l'avocat de la LPO Me Eric Posak. "On ne veut pas retourner au tribunal chaque année, mais que les motifs soient respectés l'an prochain par les préfets".

L'association déplore que "les préfets reprennent année après année des arrêtés identiques à ceux pourtant annulés les années précédentes. Aucun Français ne pourrait récidiver année après année sans voir ses peines aggravées".

"Les galliformes de montagne sont des espèces fragiles en mauvais état de conservation. Le président de la République s'est engagé, lorsqu'il était candidat, à retirer les espèces en mauvais état de conservation de la liste des espèces chassables. Il lui reste 16 mois pour tenir parole", a souligné Marie-Paule De Thiersant, présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes.

Selon l'association, le nombre de communes de présence régulière de l'espèce dans les Alpes françaises a diminué de 34% depuis les années 1950. Préfectures et fédérations départementales de chasseurs ont un mois pour faire appel des décisions rendues le 16 novembre.

 
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