Le rapport annuel de l'état des eaux de notre région vient de paraître. Plus de la moitié des rivières d'Auvergne Rhône Alpes ont des eaux de bonne qualité. Mais certains micropolluants sont encore trop présents, en particulier les PFAS ou polluants éternels.
L'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse publie son rapport annuel sur l'état des eaux et les nouvelles sont plutôt bonnes. En Auvergne Rhône Alpes, 52% des rivières sont en bonne santé écologique et 81% des nappes phréatiques affichent un bon état chimique. Des résultats obtenus grâce à une surveillance en constante progression, en particulier sur les micropolluants.
Que mesure-t-on dans les eaux ? En premier lieu, leur qualité physico-chimique via le taux d'oxygène, la température ou la présence de nutriments. Ensuite leur qualité biologique, grâce à la présence d'organismes vivants, du plancton jusqu'aux poissons, particulièrement sensibles aux pollutions.
Enfin on détermine la qualité chimique des eaux en traquant la présence de substances dangereuses (nitrates, pesticides, solvants, métaux).
En 30 ans, 8 fois plus de paramètres mesurés
Des eaux en bon état, qu'est-ce que ça signifie ? D'abord qu'elles sont en quantité suffisante et que leur qualité est bonne. Elles permettent un bon fonctionnement des milieux aquatiques (lacs et cours d'eau), la préservation de la biodiversité et la satisfaction des usages humains.
En 2023, 1400 paramètres chimiques et biologiques étaient mesurés, soit 8 fois plus qu'en 1994, lorsque le système de surveillance a été mis en place.
En Auvergne Rhône Alpes, il existe 311 stations de mesure en rivière et 287 stations de mesure dans les eaux souterraines. Des échantillons sont très régulièrement prélevés et analysés par des laboratoires agréés.
Des eaux bonnes voire très bonnes
Aujourd'hui plus de la moitié des cours d'eau d'Auvergne Rhône Alpes sont donc en bonne santé. Dans la partie montagneuse du territoire régional, ils ont une eau de bonne à très bonne qualité. Certains cours d'eau ont même vu la qualité de leur eau progresser ces dernières années, comme l'Eyrieux en Ardèche ou la Galaure, dans la Drôme.
En revanche, la qualité de l'eau des rivières est moins bonne dans les zones de plaine, notamment celles de la Saône et du Beaujolais. Dans le département du Rhône, l'Ardières et le Morgon présentent des eaux de qualité moyenne. Même chose pour la Barberolle dans la Drôme ou la Bièvre en Isère.
Quant aux eaux souterraines (les nappes), 81% d'entre elles sont en bon état. Seules quelques zones sont dégradées : la Dombes, l'est lyonnais et la plaine de Valence, impactées par des pollutions dues aux pesticides.
Une surveillance particulière des micropolluants
Le rapport 2024 de l'Agence de l'Eau souligne que les taux de certains micropolluants ont spectaculairement chuté en 3 décennies. C'est le cas de l'ammonium, dont les taux ont été divisés par 20, grâce essentiellement à l'amélioration de l'assainissement des eaux domestiques.
Mais les micropolluants sont néanmoins très nombreux dans les eaux de notre région. L'an dernier, 706 produits de synthèse, dont 50% sont des pesticides, ont été détectés au moins une fois dans les cours d'eau. En réalité, les rivières ne sont pas forcément plus polluées qu'avant mais des critères de détection plus pointus font apparaître des polluants qui n'étaient jusqu'alors pas pris en compte.
Les PFAS dans le viseur
Concernant spécifiquement les PFAS, les polluants éternels, ils ont été détectés en 2023 dans 71% des stations en rivière et 50% des stations en eaux souterraines. Sans surprise, les plus fortes concentrations sont localisées en aval des sites industriels qui produisent ou utilisent ces PFAS.
Concernant spécifiquement la pollution aux PFAS, la Préfète coordinatrice du bassin Rhône-Méditerranée pilote une mission interministérielle pour surveiller les zones concernées, enquêter sur les sources de pollution et mettre en œuvre des solutions (prescription d'arrêt d'utilisation des PFAS rejetés dans le Rhône par l'usine Arkema à Pierre-Bénite fin 2024).