VIDÉO. PFAS : l'usine de Daikin vue de l'intérieur, une première depuis le scandale des polluants éternels

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Daikin ouvre ses portes aux journalistes et plaide pour la transparence avec le public.
Daikin ouvre ses portes, les riverains sont réservés ©France Télévisions

La consultation publique lancée par la préfecture du Rhône sur l'extension des activités de Daikin à Oullins Pierre-Bénite a pris fin. Une démarche lancée après la décision du tribunal administratif de Lyon d'arrêter la production d'un atelier de polymères additivés. Daikin a fait appel de la décision. En attendant, il a choisi d'ouvrir ses portes aux journalistes. Une stratégie de transparence qui ne rassure pas les riverains de l'usine.

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Depuis que le scandale des PFAS a éclaté, les portes de Daikin Chemical étaient infranchissables pour les caméras. L'industriel a choisi, en pleine consultation publique, de changer de stratégie.

Transparence

Transparence est devenue le maître-mot pour Gaël Marseille, le président de Daikin Chemical France. Casque de chantier et blouson de protection, il montre les nouveaux filtres à air installés cet été à la sortie de son atelier d'élastomère. De cette ligne de production mise en service, il y a 20 ans, en 2004, sort le DAI-EL, le produit phare de Daikin. L'installation d'équipements plus performants permet de retenir 90 % du HFP, un composé volatil présent dans l'air, confirme Gaël Marseille. L'industriel avait d'ailleurs été épinglé pour ses rejets. 

L'exploitant est dans la tourmente depuis l'arrêt de sa dernière installation, l'atelier pre compound. "C’est ce produit qui sort du pre compound, c’est un polymère additivé dans lequel on a incorporé du bisphénol AF," explique Gaël Marseille en montrant le produit. Autrement dit, du PFAS, un polluant éternel. Le caoutchouc obtenu grâce à ce composant est ensuite utilisé pour fabriquer des durites d'évacuation pour l'industrie automobile. Après la décision en référé du tribunal administratif de Lyon, le 20 juin dernier, la production est stoppée. 

"Un coup dur, car notre production de DAI-EL subit également une baisse de 20 à 30 % du fait de la fermeture de notre atelier secondaire" explique-t-il. "Il y a également un impact chez nos clients qui sont les fournisseurs des principaux constructeurs automobiles."

Relancer la production

L'industriel souhaite relancer la production au plus vite, il vient de déposer un nouveau dossier devant les services de l'État avec selon lui "de nouvelles garanties sur ces efforts pour protéger l'environnement". Daikin a notamment investi dans une nouvelle station de filtrage des poussières à la sortie de son atelier "pre compound". "Un système de filtration digne des normes virologiques, comme on peut en trouver dans les laboratoires P4" assure le patron du site.

"Nous sommes en train d’installer un filtre absolu. Ce filtre nous permettra d’avoir un niveau d’émission  2 millions de fois inférieur à la réglementation", détaille Gaël Marseille. Ce qui correspondrait, au maximum, à un, voire deux grammes par an. Daikin tend donc vers le zéro émission avec ses nouvelles installations. Nous avons également fourni, dans le cadre du dossier déposé à la Préfecture, une évaluation des risques sanitaires sur nos émissions de bisphénol AF."

L'évaluation des risques sanitaires ne constitue pas une étude d'impact environnemental préconisée par la justice, mais plus longue à réaliser.

Des riverains peu rassurés

Cette évaluation des risques sanitaires réalisée en un été ne constitue pas une étude d'impact environnemental préconisée par la justice. Cette dernière aurait été plus longue à réaliser.

La démarche envisagée par Daikin reste insuffisante pour les riverains, à l'image de Jean-Paul Massonat habitant de Pierre-Bénite. Par courrier électronique, il a participé à la consultation publique qu'il qualifie de simulacre de démocratie.

"La seule chose qui me rassurerait, ce serait une véritable étude environnementale", assène-t-il. Chaque fois qu’on nous le refuse, pour nous, c’est que cela cache quelque chose. On sent une préfecture qui est plus tournée vers les intérêts d’un industriel que vers la protection de l'environnement et des populations". 

À la demande des riverains, Maître Sébastien Becue avait plaidé devant le tribunal administratif de Lyon pour la suspension de l'extension de Daikin. Aujourd'hui, il estime que l'exploitant tente de gagner du temps en essayant d'obtenir un nouvel arrêté préfectoral d'encadrement de son activité.

"En réalité, Daikin a démarré l'activité de son nouvel atelier sans demander à l'État un nouvel arrêté d'autorisation d'exploitation. Son autorisation d'exploitation date donc de 2003 au moment de son installation. À l'époque, on ne connaissait pas les PFAS. On n'imaginait pas le scandale environnemental qui a depuis été révélé. C'est pourquoi cette étude d'impact environnementale est cruciale, car on ne connaît pas la pollution passée, ni l'effet cocktail si on rajoutait de nouveaux PFAS". 

"Ce qu'ils veulent faire, analyse-t-il, c'est contourner la décision du juge des référés, en faisant tomber la décision suspendue pour la remplacer par une nouvelle, qui, selon la préfecture, ne devrait pas être précédée d'une étude d'impact. La préfecture suit depuis le départ Daikin dans ce dossier, puisqu’elle a même fait un pourvoi en cassation. Elle va à l’encontre de la décision du juge", conclut-il.

Pour la préfecture du Rhône, les nouveaux équipements installés par Daikin sont rassurants. En exposant les démarches et les documents de l’industriel lors de la consultation publique, elle souhaitait jouer la carte de la transparence.

Les mesures pour l'étude des risques sanitaires

Selon la préfecture, Daikin aurait pris comme hypothèse dans l'évaluation des risques sanitaires, une émission de poussières constituées de la substance ayant le profil toxicologique le plus défavorable (Bisphénol-AF). Les mesures réelles faites en sortie de cheminée montrent que ce seuil était respecté. Avec ces hypothèses, l'indicateur de risque serait acceptable.

Une valeur inférieure à 1 écarte théoriquement, au regard des connaissances scientifiques, la survenue d'un effet toxique. C'est la valeur limite fixée dans la circulaire du 9 août 2013 relative à la démarche de prévention et de gestion des risques sanitaires des installations classées soumises à autorisation.

Une consultation encadrée par la préfecture

L'État réunit tous les deux à trois mois un "comité des élus" pour informer et écouter l'ensemble des élus du secteur sud lyonnais sur le sujet des PFAS. Ces réunions visent à mettre en commun les résultats des travaux.
Au regard des points soulevés par le juge et des questionnements exprimés par les populations riveraines, la Préfète, Fabienne Buccio, a choisi de mener cette consultation pour que la population puisse exposer ses attentes, après la lecture des documents explicitant la situation. 

La procédure est une consultation par voie électronique. Les enquêtes publiques sont réservées aux procédures d'autorisation.

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