Des études ont été lancées au sud de Lyon, par la Métropole, pour en apprendre plus sur la pollution aux PFAS. Elles ont été confiées à l'Institut Écocitoyen de Fos-sur-Mer. Ces études au long cours qui vont permettre d'améliorer les connaissances sur ces polluants éternels, vont ainsi à terme "nourrir les politiques publiques". Première étape, le prélèvement d'échantillons sur les arbres.
Depuis deux jours, des scientifiques de l'Institut Écocitoyen prélèvent des lichens et des mousses sur l'écorce des arbres sur huit sites de la Métropole de Lyon, autour d'Oullins-Pierre-Bénite. Quelques grammes à chaque fois. Pourquoi prélever des lichens ? Ces organismes n'ont pas de racine, mais peut révéler beaucoup de choses. "Il s'accroche aux arbres, mais il n'échange pas de matière avec l'arbre. Tout ce qui le fait grandir et pousser vient de l'air. Il va accumuler des nutriments, mais aussi les polluants présents dans l'air," explique Julien Dron, un des scientifiques de cet Institut du sud de la France.
Prélevés le long de la vallée de la chimie, ces échantillons seront ensuite traités, puis analysés dans un laboratoire du sud de la France, dans le cadre d'une vaste étude sur la pollution du territoire aux PFAS. Des substances autrement connues sur l'expression "polluants éternels". La Métropole de Lyon a passé commande de ces études scientifiques à un institut scientifique de Fos-sur-Mer.
Polluants : dans l'atmosphère aussi…
Annabelle Austruy, responsable "Milieu terrestre et écotoxicité" à l'Institut écocitoyen, participe à ces prélèvements. "On a plusieurs sites sur la Métropole de Lyon. Quatre sites à Oullins-Pierre-Bénite, un à Saint-Fons, un dans le 7ᵉ arrondissement de Lyon, un à Ternay et enfin un à Givors". Il s'agit de comparer ces territoires et de mesurer leur exposition aux polluants éternels : "On travaille à partir de la zone source qui est Pierre-Bénite et ensuite, on s'éloigne de cette zone pour voir comment se diffusent ces polluants". Des polluants qui peuvent se retrouver dans ces organismes prélevés sur les arbres.
On retrouve beaucoup de PFAS dans le milieu aquatique, nappes souterraines et continentales (...) On étudie aussi les concentrations et l'exposition au niveau de l'atmosphère. (...) On regarde comment ça se diffuse dans l'atmosphère pour mieux évaluer les milieux qui peuvent être impactés par ces contaminants.
Annabelle AustruyInstitut Ecocitoyen de Fos-sur-Mer
Une méthode dite de "bio surveillance" qui permet "de mieux comprendre le transfert de ces contaminants", d'après la scientifique. "Avec les PFAS, la première problématique sanitaire à être apparue est celle de la pollution de l'eau potable et des zones de captage", explique Annabelle Austruy. Mais ce n'est pas la seule. "Mais il y a aussi une exposition des populations via la pollution de l'atmosphère. On étudie comment on est exposé par l'atmosphère. Comment l'atmosphère joue un rôle de transfert de ces contaminants au niveau de l'environnement". Ces contaminants peuvent se retrouver dans différents milieux environnementaux - eaux, atmosphère et sols - et impacter la santé humaine.
L'objectif est aussi de comprendre "comment s'imprègnent les populations" et "de mesurer l'imprégnation des populations (aux PFAS) dans le sud lyonnais". "Beaucoup de gens s'interrogent sur les risques de vivre sur un territoire exposé, de savoir à quoi ils sont exposés et quelles sont les conséquences sur la santé", explique Annabelle Austruy.
"Améliorer les connaissances"
"Quand nous avons eu connaissance à la métropole de la pollution aux PFAS, et de ses conséquences. Nous sommes à un épicentre, nous avons fait un travail de recherches d'informations, de recherches sur les conséquences pour l'environnement et la santé humaine", explique Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole de Lyon, chargée du cycle de l'eau et présidente de la régie "Eau Publique du Grand Lyon".
On a besoin de connaître les modes de transferts dans l'environnement, comment cela impacte les milieux et comment cela se transfère des milieux, à la faune et aux êtres humains.
Anne GrosperrinVice-présidente Métropole de Lyon, en charge du cycle de l'eau
"Nous avons mesuré à quel point il fallait améliorer la connaissance et particulièrement sur notre territoire". C'est dans ce but que la Métropole s'est adressée à l'Institut adresséen pour la Connaissance des Pollutions de Fos-sur-Mer : "Nous avons souhaité avoir un partenaire scientifique qui nous permet de mener des études contribuant à l'amélioration des connaissances sur le sujet de la pollution aux perfluorés, très préoccupante".
L'Institut a la particularité de regrouper scientifiques, citoyens et élus, c'est la raison qui a poussé la métropole à faire ce choix. L'idée étant de "contribuer globalement à faire progresser en France, dans l'univers politique, ces questions. De manière à pouvoir mettre en place des politiques publiques adaptées à ces problématiques de pollution". Des études qui vont permettre de "nourrir les politiques publiques".
En faisant appel à cet institut pour mener à bien ces études scientifiques, la Métropole a conscience que les résultats ne seront pas connus avant plusieurs années. Elles ne devraient pas aboutir avant trois à quatre ans. "Ces études ne visent pas à répondre aux problématiques immédiates. Pour cela, nous avons eu d'autres réponses comme le Plan d'action sur l'eau (...). Il faut du temps, ce n'est pas le temps des citoyens préoccupés par cette pollution, ni celui des élus", insiste la vice-présidente de la collectivité locale.
Avec ces prélèvements, les scientifiques qui participent à ces opérations n'excluent pas de trouver dans les échantillons, outre les PFAS, des hydrocarbures, des PCB, des métaux lourds et autres produits issus de la pétrochimie.