Ce vendredi 5 juillet, les huit activistes écologistes qui s'étaient introduits le 2 mars dernier sur le site de l'usine Arkema pour dénoncer la pollution aux PFAS ont été relaxés par la justice. Ils risquaient de 3 à 6 mois de prison avec sursis. Témoignage de l'un d'entre eux.
À l'annonce du délibéré c'est un soulagement. Ce vendredi 5 juillet, les huit militants écologistes qui s'étaient introduits sur un site du groupe chimique Arkema près de Lyon ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Lyon. Ces membres d'Extinction Rebellion étaient notamment poursuivis pour s’être introduits le 2 mars dernier sur le site d’Akema, à Pierre Bénite. Une action coup de poing pour dénoncer la pollution aux PFAS, mais lors de laquelle des dégradations avaient été commises. Ils comparaissaient donc pour "participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations". Ce vendredi, les juges ont estimé que les poursuites représentaient "une ingérence disproportionnée dans l'exercice de la liberté d'expression".
Si aucun d'entre eux n'était présent au tribunal, Thomas (prénom changé) livre son ressenti. Le jeune homme se dit soulagé: "Il faut bien garder en tête qu’il s’agit d’une petite victoire dans un combat bien plus long, car pendant que nous parlons, Arkema continue actuellement à rejeter ses polluants. Cette décision me conforte dans l’idée d’utiliser ce type de moyen d’expression politique pour faire passer un message. D’autant plus que l’action a pu démontrer son efficacité : il y a eu une mise en branle de procédures judiciaires contre Arkema après celle-ci. On ne va pas s’arrêter, on va continuer le combat face à cette entreprise qui met en danger des milliers de vies".
"Les témoins ont permis d'asseoir notre légitimité"
Pour lui, comme pour les autres militants poursuivis, le procès a été éprouvant. Mais l'enceinte judiciaire a permis une continuité de l'action du 2 mars, selon lui. "Les nombreux témoins, comme les scientifiques, riverains et politiques venus à la barre pour témoigner contre Arkema ont notamment permis d’asseoir notre légitimité. C’est ce qu’a reconnu le tribunal, face au danger mortel de cette entreprise". Lors du procès du 18 juin, deux habitants d'Oullin Pierre-Bénite contaminés aux PFAS avaient notamment livré un témoignage poignant.
Thomas, a comme les autres, été relaxé mais il est le seul à être cependant condamné à une amende contraventionnelle de 500 euros pour "violence sans ITT", alors qu'il était poursuivi pour "violence sur agent de la force publique". Pour cause, il était accusé d’avoir été violent avec un des policiers qui tentait d’interpeller un activiste. Une version démentie par l’intéressé, ainsi que par Lucie, témoin de la scène, qu’elle a d’ailleurs filmé avec son téléphone. Mais son portable a ensuite été détruit par les forces de l’ordre, sans pouvoir fournir de preuve à l’audience. Le tribunal a requalifié les faits en estimant que "les policiers ne s'étaient pas physiquement et nommément signalés" lors de leur première intervention.
"On reste mobilisés"
"Je vais régler l'amende avec mes sous, comme la loi le demande. Je suis soulagé que le jugement mette en avant le mensonge de certains policiers mais je regrette tout de même que la destruction du téléphone d'une militante qui a filmé la scène sur décision du procureur n'ait pas été prise assez au sérieux" commente Thomas. Le militant écologiste indique qu'il ne fera pas appel, mais regrette l'absence de la vidéo, qui aurait permis de prouver qu'il empêchait "un individu violent de frapper un militant, avec calme, mesure et dans un esprit de désescalade".
Ce vendredi, la joie de la relaxe est assombrie par le contexte politique, à deux jours du deuxième tour des élections législatives. "On est soulagés, mais on ne va pas sabrer le champagne car le fascisme est aux portes du pouvoir dans notre pays. Donc on reste mobilisés pour mettre, cette fois-ci Arkema sur le banc des accusés, mais aussi contre le fascisme" explique Thomas.