L’Italie va se doter d’une agence gouvernementale spécialisée en cybersécurité pour lutter contre la multiplication des attaques informatiques et être en mesure de faire face notamment à la menace russe.
La décision de mettre sur pied cette agence, qui dépendra directement du Premier ministre et comptera un effectif de 300 personnes au départ, a été prise lors d’un conseil des ministres ce jeudi 10 juin.
Le Premier ministre Mario Draghi lors d’un sommet le 25 mai à Bruxelles avait déjà souligné la nécessité de renforcer la cybersécurité aux niveaux européen et national, en particulier face à la Russie
« Nous avons besoin de nous renforcer, particulièrement dans le domaine de la cybersécurité, nous tous, au niveau national et au niveau de l’UE (...) parce que le niveau des interférences (russes) en matière d’espionnage et de manipulation du web est devenu vraiment alarmant », avait-il déclaré..
Luigi Martino, chercheur au groupe de réflexion ISPI à Milan (nord), souligne que l’avertissement de M. Draghi concernant la Russie faisait également suite à une attaque au rançongiciel par des pirates russes qui a forcé la fermeture d’un des plus grands oléoduc des États-Unis.
« La Russie est un problème, un problème sérieux », a-t-il déclaré à l’AFP.
Mais il existe des menaces d’autres « pays très agressifs, des pays qui ne partagent pas nos valeurs », a ajouté l’expert, mentionnant la Chine et la Corée du Nord, et la nécessité de protéger les infrastructures critiques et « nos démocraties des "fakes news" ou des campagnes de désinformation. »
La création de ce nouvel organisme, baptisé Agence pour la cybersécurité nationale (ACN), est intervenue le jour même d’un entretien téléphonique entre Mario Draghi et le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, en amont du sommet de l’Otan qui se tiendra lundi prochain à Bruxelles, un entretien au cours duquel a notamment été abordée « la coopération entre l’Otan et l’UE », selon la présidence du Conseil.
L’ACN aura pour missions principales « la protection des intérêts nationaux et la résilience des services et fonctions essentielles de l’Etat face aux menaces cyber », « l’accroissement de la sécurité des systèmes d’information et de communication », et « le développement de compétences industrielles, technologiques et scientifiques » dans ce domaine.
Le lancement de cette agence intervient alors que M. Draghi, arrivé au pouvoir en février, s’est efforcé de réorganiser le renseignement italien. Le mois dernier, il a nommé à la tête des services secrets une diplomate de carrière, Elisabetta Belloni, première femme à occuper ce poste sensible.
Les relations avec la Russie sont particulièrement tendues depuis qu’un officier de la marine italienne a été arrêté fin mars en flagrant délit d’espionnage en compagnie d’un officier russe auquel il remettait des documents « classifiés ».
Cette affaire a conduit à l’expulsion de deux fonctionnaires russes, à laquelle Moscou a répliqué en expulsant un diplomate italien.