Pierre Montaz, ingénieur fondateur de l'entreprise GMM et pionnier des remontées mécaniques, s'est éteint mardi à l'âge de 97 ans. L'homme qui a dédié sa vie à l'aménagement de la montagne était aussi l'un des derniers survivants du maquis de l'Oisans.
Le monde de la montagne pleure Pierre Montaz. Le pionnier des remontées mécaniques, entrepreneur dans le domaine du transport par câble, est mort mardi 3 août à l'âge de 97 ans. Il est connu pour être l'inventeur avec Jean Pomagalski - fondateur de la société Poma - de la perche de téléski débrayable.
"J'ai connu le père Rossat (le concepteur du premier remonte-pente installé au col de Porte, NDLR), j'ai connu la suite avec Pomagalski. C'est de l'histoire et ça me fait plaisir de le raconter parce qu'il ne faut pas que ça s'oublie", nous racontait Pierre Montaz en 2009. Lui a commencé sa carrière auprès de Jean Pomagalski en tant que perchman à l'Alpe d'Huez au début des années 1940. L'ingénieur d'origine polonaise est l'inventeur des premières remontées mécaniques apparues sur les pistes de ski alpines quatre ans plus tôt.
Les deux hommes ont imaginé ensemble une nouvelle technique de débrayage réduisant le choc au démarrage pour le plus grand confort des skieurs. C'est aussi chez Poma que Pierre Montaz a fait la connaissance de Victor Mautino avec qui il fonda en 1952 sa propre entreprise, la SARL Montaz Mautino, devenue plus tard Gimar Montaz Mautino (GMM).
Restés en bon terme avec Jean Pomagalski, ils obtiennent l'accord de produire sous licence leurs propres téléskis. Et l'entreprise installée dans l'agglomération grenobloise a profité de l'engouement pour la montagne, fabriquant des centaines de téléskis pour équiper les stations alpines. Elle a notamment décroché le chantier de reconstruction du téléphérique du Brévent à Chamonix.
A 85 ans encore, Pierre Montaz vantait les mérites du transport par câble, "le moyen de transport le plus économique et le plus écologique", nous disait-il. "Qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, le jour ou la nuit, ça fonctionne. Il a de l'intérêt dans le domaine urbain, rural, dans la forêt tropicale, dans la marine, dans le désenclavement des villages, dans le transport du bois", listait l'octogénaire.
"Esprit de montagnard combatif"
Plusieurs personnalités lui ont rendu hommage, à l'image du maire de Châtel (Haute-Savoie) Nicolas Rubin qui salue une "personne attachante et (un) pionnier dans sa profession". "Nous devons garder son esprit de montagnard combatif qui l’a toujours guidé comme lors de faits de résistance durant la Seconde guerre mondiale, ou dans son travail pour l’entreprise Montaz Mautino", a salué GMM, l'entreprise qu'il a fondée, sur les réseaux sociaux.
Pierre Montaz était également l'un des derniers survivants du maquis de l'Oisans. Il s'est engagé dans la résistance après son arrivée dans les Alpes, début 1943, échappant à sa désignation au Service du travail obligatoire (STO). A 20 ans, il participe à l'implantation de l'hôpital départemental du service de santé des armées, se faisant guide pour son évacuation en haute montagne.
"Les gamins, les gens qui n'ont pas connu cette époque ne peuvent la connaître que par des cérémonies ou par la littérature qui fait vivre cette histoire qui est la nôtre", estimait Pierre Montaz à l'occasion d'une journée du souvenir en 2012. Et pour faire vivre cette histoire, il a publié en 1994 "Onze américains tombés du ciel", un récit dans lequel il retrace son engagement dans la résistance.