Placée sur un site à 4 kilomètres du centre-ville, la compagnie Five Foot Fingers a du faire preuve d'imagination pour attirer le public jusqu'à sa scène. Le bouche-à-oreille a fait le reste ...
"Quand on est arrivés et qu'on a découvert notre emplacement, on a eu un peu peur ..." C'est peu dire que les Five Foot Fingers n'ont pas sauté de joie en s'installant à Aurillac cette année.Leur emplacement, c'est le stade de Belbex, un terrain de foot en stabilisé au milieu d'un lotissement à 45 minutes à pied du centre-ville. Les navettes du festival ne viennent pas jusque là, et sur le programme du dépliant officiel, le site est indiqué par une flèche qui pointe hors de la carte... "On a appris ça 3 semaines avant le festival. D'abord, ça a été un coup de massue, on avait très peur d'avoir personne. On avait aussi des craintes du côté des programmateurs : Aurillac est une vitrine pour nous. Quand ils peuvent voir des centaines de compagnies en centre-ville, pourquoi monteraient-ils jusqu'ici ?"
Cette situation a poussé les FFF à agir. "Ça nous a obligé à nous organiser. On a mis des grandes affiches en centre-ville, on a bien décoré le cinéma ! On a placé des flèches partout pour indiquer le chemin et on a monté un bar. Un pote nous a prêté sa caravane, un autre nous a fabriqué le logo en bois, une brasserie nous a prêté des tables et des chaises. On a tout fait à la main avec des palettes, des piquets .... On a essayé de rendre le lieu convivial. L'idée, c'était de ne pas être tout seul sur un terrain de foot."
Le travail a payé : prés de 400 spectateurs sont montés à Belbex le premier soir. Le lendemain, on compte au moins 600 personnes pour assister à "Jungle Five", heureux mélange de cirque, de théâtre, de comédie et de danse.
Les prestations de la troupe lors des éditions précédentes ont laissé des traces dans les esprits, et en 24 heures, le bouche-à-oreille est bien descendu jusqu'en ville. Certains ont trouvé une ligne de bus régulière pour s'approcher. Des centaines de voitures sont venues stationner sur le moindre espace autour du stade. Quant à ceux qui sont montés à pied, ce qui était un obstacle s'est transformé en parcours initiatique : "on doit traverser des bois et même une école ouverte, je n'avais jamais vu ça, c'est un beau symbole !"
Après le spectacle, les spectateurs restent un peu. Ils viennent féliciter la troupe. "Finalement pour nous, cette punition, cette malédiction, c'est une chance. Dans le centre-ville, on aurait eu du monde, mais là, on a du monde qui fait un effort pour venir jusqu'ici. C'est une belle marque d'affection."