Au lendemain du premier tour des élections législatives, les candidats éliminés vont maintenant devoir se pencher sur leurs comptes de campagne. Et pour ceux qui ont fait moins de 5 % des voix, il va falloir se passer du remboursement de l'Etat.
Dans cette campagne des législatives, certains candidats n'ont engagé que très peu de dépenses : pas d'affiches, pas de bulletins, peu ou pas de campagne de terrain. Pour ceux là, la question du remboursement compte peu.
Mais pour ceux qui ont investi leur argent en plus de leur temps, la barre des 5 % des voix représente un cap important. Lorsqu'elle est dépassée, ils peuvent se faire rembourser 47,5% de leurs dépenses, celles-ci ne pouvant dépasser un plafond fixé à 38 000 euros par candidat majoré de 0,15 euro par habitant de la circonscription (c'est l'article L52-11 du code électoral).
Dans le Cantal, François Vermande se présentait pour la 3ème fois dans la première circonscription sous l'étiquette "divers droite". Mais contrairement à 2002 (11.58%) et 2007 (10.36 %), il ne dépasse pas cette fois la barre fatidique des 5%. "N'étant pas dans un parti, j'ai pris mes précautions : j'ai emprunté 16.000 euros" explique le candidat. Il devra payer lui-même les mensualités, tout en regrettant les taux élevés proposés par les banques (6.80 % dans son cas).
Avec 4.22 % des voix, la déception semble toutefois plus grande sur le plan politique que sur le plan financier. "J'ai fait une campagne de proximité, j'ai parcouru 7.000 kilomètres avec ma voiture, je pensais que ça pouvait fonctionner. Mais on vit une crise culturelle de confiance, de disponibilité, de sincérité. Je regrette que l'on n'ait pas eu de débat, notamment sur le bilan. Et le contexte a changé. Le FN par exemple n'existait pas ici il y a 10 ans".
Dans la 1ère circonscription de l'Allier, l'ancien député Jean Mallot (DVG) n'a cette fois obtenu que 4,45 % des voix. "Je ne serai pas remboursé, c'est pour moi !" reconnaît-il. Le candidat devra personnellement débourser plusieurs dizaines de milliers d'euros. "Je n'ai pas atteint le plafond, fixé à 70.594 euros dans ma circonscription" précise-t-il.
Exclu du PS en mars pour avoir voulu se présenter face à la candidate investie officiellement, Jean Mallot ne peut pas non plus compter sur un parti. Mais pour lui aussi, cette question financière reste anecdotique par rapport à l'enjeu politique. "Je me suis pas posé la question des 5 % lorsque je me suis présenté, j'y suis allé pour la gagne ! Mais j'ai souffert de trois éléments : la dynamique nationale pour donner une majorité à Emmanuel Macron, la perte de nombreux électeurs dans l'abstention et une dynamique de vote utile à gauche qui a profité à Jean-Paul Dufrègne ... "
Dans la 4ème circonscription du Puy-de-Dôme, Jean-Baptiste Pegeon, candidat EELV, a obtenu 4,31 % des voix. Lui se dit tout à fait satisfait de son score pour une première candidature aux législatives. "Au niveau national, on arrive à être mieux qu'en 2012 ! Dans un champ politique qui se droitise, on voit qu'il y a une vraie demande d'écologie !"
Du point de vue financier, ce score ne semble pas poser problème non plus. "On a un système particulier dans notre parti qui est très protecteur. Les affiches, professions de foi et bulletins de vote sont couverts par une trésorerie nationale et nous avons des tarifs négociés avec les imprimeurs. Pour tout le reste, j'avais droit à 700 euros de la part de EELV au niveau régional à condition de m'engager sur une charte qui inclut le non-cumul des mandats et des conditions éthiques. Ça permet de couvrir une partie de nos dépenses ..."
Un budget serré, mais pour Jean-Baptiste Pegeon, ça n'est visiblement pas une contrainte : "certains partis engagent plus de frais, mais pour nous ça n'est pas problématique. On a l'habitude de faire des campagnes peu onéreuses. Et puis en tant qu'écologistes, c'est dans notre démarche d'être plus économes !"