Dans un communiqué, la SNCF annonce avoir passé commande des premiers modèles de train à hydrogène à Alstom, pour le compte des régions Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie. Des trains plus écologiques et tout aussi performants.
Après cette confirmation de contrat passé par la SNCF à Alstom, c'est officiel : le train à hydrogène doit enfin démarrer en France. Les premiers essais étant prévus fin 2023, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Une mise en service est envisagée en 2025. D'ici là, les TER seront... reconvertis. Villeurbanne sera l'un des sites impliqués dans ce chantier. Explications.
Un contrat de 190 millions d'euros pour Alstom
La SNCF a donc passé commande des premiers modèles à Alstom, pour le compte des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie. La Région AURA va acquérir trois rames pour un montant de 52 millions d’euros.
Le contrat s'élève pour Alstom à 190 millions d'euros pour 12 rames. Il prévoit la fourniture de trois trains à chacune des quatre régions pionnières, auxquels pourraient s'en ajouter deux en options pour le Grand Est. Divers frais font augmenter la facture à 215 millions pour les régions, mais une aide de 47 millions de l'Etat vient réduire le prix à 14 millions par rame --c'est-à-dire celui d'un train diesel-électrique dans cette catégorie.
La Région Aura investit dans une "alternative aux trains diesel"
De son côté, la Région Auvergne Rhône Alpes a présenté, courant février, un plan de relance - financé en grande partie par l’Etat - pour les années 2021 à 2027, pour un budget total de 5.2 milliards d’euros. Sur cette somme, une enveloppe de 220 millions d’euros a été consacrée à l’achat de 53 rames supplémentaires.
A cette occasion, la Région a annoncé son intention d'expérimenter le train à hydrogène, "qui représente une alternative innovante et intéressante aux trains diesels circulant sur les lignes non-électrifiées". Deux axes ont été choisis pour cette expérience: Moulins / Clermont-Ferrand / Brioude (70 km non électrifiés) et Clermont-Ferrand / Lyon (136 km non électrifiés).
La sncf veut réduire ses émissions de CO2
Depuis quelques semaines, avec les constructeurs Alstom et Bombardier, et en partenariat avec les Régions, SNCF Voyageurs a annoncé dans son projet « Planète voyages » un plan inédit et ambitieux, baptisé PlaneTER, de verdissement de ses trains diesel, qui prévoit le déploiement de plusieurs TER vertueux.
Longtemps réticente, la compagnie de transports a fini par se convertir à l'hydrogène, désormais considéré comme une bonne option pour remplacer le diesel. Elle s'est donnée pour objectif de ne plus utiliser de diesel en 2035.
Mais, dès cette année, le TER hybride, dans lequel des batteries lithium-ion permettront de récupérer, stocker et réutiliser l’énergie de freinage, fera ses premiers tours de roues.
L’utilisation d’un bio-carburant à base de colza d’origine française, sans modification de la motorisation actuelle des trains, sera également expérimentée dès 2021.
Des modèles "bimodes"
Alstom fait figure de pionnier dans le train à hydrogène, avec une technologie mise au point dans son usine de Tarbes. Il a fait circuler ses premiers prototypes en Allemagne en 2018 et y est maintenant entré dans une phase industrielle, avec 41 commandes à ce jour.
Le groupe français a aussi vendu des modèles en Italie.
Mais là où les modèles allemands sont monomodes, fonctionnant uniquement à l'hydrogène, les français seront bimodes, capables également de rouler sous caténaires en traction électrique. Ils auront une autonomie allant jusqu'à 600 km sur les lignes non-électrifiées. Ces trains mélangent de l'hydrogène embarqué à bord et de l'oxygène présent dans l'air ambiant, grâce à une pile à combustible installée dans la toiture qui produit l'électricité nécessaire à la traction de la rame. Ils ne rejettent que de la vapeur d'eau.
Les TER "Regiolis"seront reconvertis
Alstom va concrètement installer une chaîne de traction à hydrogène sur un modèle éprouvé parmi les TER français (le fameux Regiolis). Longs de 72 mètres, et composé de 4 voitures, ces trains de quatre voitures offriront 218 places assises "et les mêmes performances dynamiques et de confort que la version bimode électrique-diesel", selon ses promoteurs.
Le président d'Alstom France Jean-Baptiste Eyméoud envisage "à priori une mise en service commerciale en 2025".
Villeurbanne se charge de l’informatique
6 des 15 sites d’Alstom en France participent au projet, dont Reichshoffen, en Alsace, qui assure l’assemblage. Mais la partie « informatique embarquée » est assurée à Villeurbanne (69). Le site Alstom basé à Villeurbanne, comptant environ 900 experts en électroniques, contribue plus exactement à ce projet en fournissant les équipements électroniques embarqués assurant le pilotage des organes du train dont la commande de traction électrique et hydrogène, ainsi que le système d’information voyageurs.