Des bénévoles participent à la restauration du château des Cornes d’Urfé, à Champoly dans la Loire. Une manière de s'imprégner du patrimoine local.
"Là, ce n’est pas mal au niveau de la jointure, quand l’eau de pluie va s’écouler, ça ne va pas faire de marque" explique Alise en désignant du doigt le rejointoiement fraîchement réalisé sur un mur du château. Avec une dizaine d’autres bénévoles, elle participe à un chantier de restauration du château des Cornes d’Urfé, à Champoly dans la Loire. Venus du monde entier, ces jeunes participent à valoriser ce patrimoine local.
Car quelques années en arrière, le château était comme laissé à l’abandon et n’était pas ouvert au public. Perché à près de 1 000 mètres d’altitude, il est pourtant un véritable trésor, avec sa vue imprenable sur le Forez, le Bourbonnais et le Beaujolais. Construit entre le XIIe et le XVIe siècle, le château des cornes d’Urfé fut la résidence de la lignée Raybe d’Urfé, nobles parmi les plus puissants du Forez.
Dans les siècles suivants la Révolution, le château tombe peu à peu en ruines, se transforme en carrière de pierres, puis se retrouve envahi par la végétation au XIXe siècle. Jusqu’à ce que l’association pour la Renaissance d’Urfé voit le jour, il y a 45 ans. Depuis, elle organise chaque année des chantiers de restauration ouverts à la jeunesse.
"C’est très satisfaisant de contribuer à la vie du patrimoine"
"Je n'avais jamais touché à la maçonnerie de près ou de loin, ça a été une découverte, maintenant mon regard sur les murs a changé. J’aime aussi le fait que ce soit un chantier international, ça permet de rencontrer diverses cultures" raconte Alise Cannizzo, 18 ans, qui participe au chantier pour la deuxième fois. Ici, elle a été initiée aux techniques employées à l’époque, afin de préserver au mieux le monument. "On a même été complimentés par un historien sur la qualité de notre mur, et sur comment il respectait la façon traditionnelle" se réjouit-elle, face à une muraille aux jointures irréprochables.
Cette année, le chantier s’est concentré sur plusieurs aspects : réaliser du mortier, réaliser le rejointoiement pour consolider les murs, mais aussi construire un accès pour les personnes à mobilité réduite. "C'est beaucoup d’efforts physiques, alors on dort bien le soir ! " témoigne Nathan Skotnicki, 21 ans, un autre bénévole. "C’est très satisfaisant de contribuer à la vie du patrimoine. J’avais envie de faire quelque chose de différent de ce que je fais toute l’année, je voulais découvrir notamment la maçonnerie" précise cet étudiant ingénieur. Il retient également l’apprentissage de la vie en communauté.
Un chantier éternel
"L’objectif est de transmettre le patrimoine de notre région aux générations futures, et dans le meilleur état possible. Le but est de consolider une ruine pour que ce lieu reste visité par tout le monde" explique René Meilland, président de Renaissance d'Urfé. L’association travaille notamment avec des architectes du patrimoine et du bâtiment, un historien, et l’association Rempart.
"Il s’agit de rester fidèle à ce qui a été fait à l’époque, de suivre l’évolution depuis 1130, et faire apparaître les différentes rénovations. Mais le but est aussi l’éducation populaire et, le mélange des profils de personnes. L’idée est de maintenir la ruine en état, donc le château ne sera jamais fini !" plaisante René Meilland. La tour sud du château sera le prochain chantier.
Le château d’Urfé, situé à Champoly, se visite librement tous les jours, toute l’année et gratuitement.