Sauvetage du groupe Casino : le directeur général de Teract tente de convaincre le milliardaire Kretinsky d'un rapprochement

Le directeur général de Teract, Moez-Alexandre Zouari, appelle son concurrent à la reprise du groupe Casino, le milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, à faire projet commun pour sauver le distributeur ligérien.

À quoi ressemblera le groupe Casino dans le futur ? Si nul ne se risque à un pronostic en la matière, sa forme actuelle semble avoir vécu en raison du poids écrasant de sa dette : 6,4 milliards d'euros à fin 2022 dont 4,5 en France, auxquels s'ajoutent plus de trois milliards de dettes pour la maison mère du groupe, Rallye.

Dans ce contexte lourd d'incertitudes pour un groupe qui compte des enseignes bien connues des Français, comme Monoprix et Franprix, et qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, plusieurs acteurs majeurs entendent peser sur le futur de Casino.

Deux offres sur la table 

D'un côté, le milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, actionnaire minoritaire chez Casino, a proposé fin avril 2023 d'injecter 750 millions d'euros via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total. Cette opération ferait perdre à Jean-Charles Naouri le contrôle de cet empire. Le dirigeant historique "pourrait conserver une place éminente", a-t-il toutefois pris soin de préciser.

De l'autre, un rapprochement avec la holding Teract (propriétaire de Gamm Vert ou Jardiland), est à l'œuvre depuis février. Un projet auquel le distributeur Intermarché s'est greffé courant avril. 

Le directeur général de Teract, Moez-Alexandre Zaouri, par ailleurs important franchisé du groupe de distribution stéphanois, défend son "projet industriel" et espère convaincre Daniel Kretinsky que leurs offres peuvent converger. Le premier s'est adressé au second dans un entretien accordé à plusieurs médias dimanche 14 mai 2023.

Casino est une boîte centenaire, solide, robuste qu'il faut réveiller,(...) ce serait un carnage que ce groupe parte en redressement judiciaire.

Moez-Alexandre Zaouri,

directeur général de Teract

Vers une convergence des offres ? 

Moez-Alexandre Zaouri juge l'offre de Daniel Kretinsky en l'état, insuffisante, "si demain matin, en arrivant, il n'a pas Intermarché pour massifier les achats ou un projet industriel qui va donner du sens à la dynamique."

Teract, dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo, compte autour de la table de son conseil d'administration le fondateur de Free, Xavier Niel, et le banquier d'affaires, Matthieu Pigasse. Les discussions étaient censées aboutir fin d'ici à la fin mai.

Casino "est une boîte centenaire, solide, robuste qu'il faut réveiller, (...) ce serait un carnage que ce groupe parte en redressement judiciaire alors qu'il y a un socle solide et que constituer un réseau de proximité comme le sien aujourd'hui prendrait des dizaines d'années et des milliards d'euros", a plaidé Moez-Alexandre Zouari.

Avec Daniel Kretinsky, "il n'y a pas de raison qu'on n'arrive pas à se parler puisqu'il croit en cette entreprise", a encore déclaré Moez-Alexandre Zouari, qui serait "heureux que quelqu'un d'aguerri" comme le Tchèque "nous rejoigne, ce qu'on attend avec impatience".
Moez-Alexandre Zouari nourrit l'espoir de trouver un compromis dans le cadre de la possible procédure de conciliation étudiée par Casino.

Les négociations entre fournisseurs industriels et supermarchés tournent chaque année à la foire d'empoigne et constituent une mascarade où les grands industriels ont à chaque fois le dernier mot.

Moez-Alexandre Zaouri,

directeur général de Teract

"Consolidation verticale" 

Son projet est d'intégrer toute la chaîne agro-alimentaire, des producteurs agricoles rassemblés dans les 188 coopératives composant InVivo, aux supermarchés du groupe Casino, en passant par les transformateurs industriels.

"Cette consolidation verticale est pour nous la solution pour répondre aux enjeux de demain matin" et redonner "du sens" aux métiers de la distribution, a-t-il plaidé. Les négociations entre fournisseurs industriels et supermarchés tournent chaque année à la foire d'empoigne et constituent, fait-il valoir, une "mascarade où les grands industriels ont à chaque fois le dernier mot".

Pour alléger la pression financière pesant sur l'activité commerciale de Casino, il entend détacher les magasins français du groupe pour les apporter à Teract, en n'embarquant avec eux qu'une dette d'environ deux milliards d'euros, selon une source proche.

Avec AFP

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