"Comment peut-on imaginer avoir un lynx à la maison ?" Un jeune félin de 7 mois recueilli par Tonga Terre d'Accueil

À Saint-Martin La Plaine, dans la Loire, l'association Tonga Terre d'Accueil a un nouveau pensionnaire. Un jeune lynx d'à peine sept mois a été recueilli. Enlevé alors qu'il était bébé à sa mère, il était détenu illégalement.

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Il a désormais un enclos pour lui tout seul, le jeune lynx fait les 100 pas, recherche le contact avec les humains de l'autre côté de la vitre. Ce comportement très attachant n'est pourtant pas approprié pour un jeune animal de cette espèce.

Détenu illégalement depuis son plus jeune âge

Saisi par la justice, le jeune félin de sept mois est arrivé mi-août au sein de l’association Tonga Terre d'Accueil. Il a été confisqué à sa maîtresse, désormais poursuivie pour trafic d’animaux sauvages et protégés.

L'animal n’a connu que l’Homme et recherche le contact et les caresses. Un triste constat que nous explique Jean-Christophe Gérard, un des vétérinaires de l'Espace zoologique de St-Martin la Plaine, également responsable de l'association Tonga Terre d'Accueil. "C’est un individu qui a été retiré très jeune à sa mère pour être "imprégné" par les humains. On voit qu’il est très imprégné, très demandeur de contacts avec nous. Ce qui est complètement aberrant. Il n’est plus du tout avec sa mère, donc il n’a pas toute l’éducation que la mère peut leur transmettre. Ce sont des animaux qui restent plus d’un an avec la mère. Il devrait avoir des frères et sœurs pour se défouler et apprendre à chasser. Toute cette partie-là qui lui est essentielle est complètement court-circuitée. C’est dramatique pour lui et pour son avenir de lynx".

Mode absurde

Son avenir immédiat est envisagé à l'association dans la Loire à la demande des autorités qui l'ont saisi. "Comme pour tous les animaux qui arrivent chez nous, on effectue un travail de placement pour lui trouver une place définitive afin qu'il puisse vivre une vie de lynx avec d’autres lynx", détaille Jean-Christophe Gérard.

"Nous travaillons beaucoup avec les parcs zoologiques en France et en Europe, également avec d’autres sanctuaires ailleurs dans le monde." Le spécialiste espère qu’un congénère lui apprendra les bases du comportement qui lui font défaut actuellement.

L'association a recueilli une soixantaine de fauves depuis sa création. Tonga a vu se succéder les modes dans le trafic d’animaux exotiques. "Quand on a créé ce refuge, c’était le macaque de Barbarie (un singe d’Afrique du Nord), puis il y a eu la mode des "petits gros fauves", c’est-à-dire des bébés lion, des bébés tigres qui étaient détenus illégalement par des particuliers dans des appartements. À présent, on voit que ce sont d’autres félins, plus petits, comme le serval, le caracal et le Lynx", relate le spécialiste de la faune sauvage.

Ce sont toujours les animaux qui en pâtissent car ils sont détenus dans de mauvaises conditions.

Jean-Christophe Gérard

Responsable de l'association Tonga Terre d'Accueil

Ce phénomène révolte les vétérinaires. "On voit que les gens ont un Lynx à la maison, n’ont pas du tout les installations adéquates. C’est un animal qui fait 25 à 30 kg à l'âge adulte. C’est un fauve puissant, dangereux, alors comment peut-on imaginer l'avoir à la maison sans structure adaptée !" s'indigne le responsable de l'association.

"Ils n'ont pas du tout les codes de leur espèce. C’est révoltant de voir que les gens sont assez stupides pour imaginer apporter du bonheur à ces animaux" conclut-il.

La détention illégale d’animaux sauvages et protégés est passible d’une peine maximale de 150 000 euros et trois ans de prison.

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