La fièvre catarrhale continue sa progression. Dans le département du Rhône, 25 % des éleveurs ont déclaré des foyers. Ils seraient, en réalité, 50 % concernés par celle qu'on appelle aussi "la maladie de la langue bleue".
L'épidémie se poursuit. La fièvre catarrhale touche de plus en plus d'élevage, la moitié serait concernée rien que dans le département du Rhône.
Un moucheron piqueur
À Chasselay, non loin de Lyon, Elvire et Didier Lorchel reçoivent une visite. La vétérinaire vient consulter. Le couple d'éleveur estime à 5 % le nombre de brebis mortes dans le troupeau. Les éleveurs ont réagi très vite. "Avant le 25 août, les brebis étaient dehors, mais à cause de la mouche, elles ne sortent plus" explique Didier.
La mouche, c'est un colicoïde, un petit moucheron piqueur, plus petit qu'un moustique. Il est responsable de la transmission du virus de la fièvre catarrhale.
"Il y a une diversité des symptômes, pas de traitement spécifique, il faut surveiller les troupeaux en permanence, c'est épuisant pour les éleveurs" raconte Emma, la vétérinaire.
Didier se dit inquiet. Il voit tous les jours un nouvel animal malade. Un vaccin existe, pris en charge par l'État, mais ses brebis sont atteintes d'un variant du virus plus agressif, la FCO 8.
On est dans le flou. Le 1ᵉʳ cas, on ne savait pas ce que c'était. Et puis, il y a un coût. Il faut nourrir les bêtes depuis qu'elles sont à l'intérieur, comme en hiver. Ça fait du travail, matin et soir. Et puis, il y a les traitements et les vaccins.
Didier Lorchel, éleveur de brebis
"Très vite et très fort"
Pour la vétérinaire, en visite sur l'exploitation, "beaucoup d'élevages sont touchés. Chez les moutons, c'est une maladie très grave. Elle va très vite et très fort. On a des vaccins, mais c'est tendu". Elle ajoute, désolée : "la vaccination, c'est la seule méthode qui limite les pertes, mais un seul est disponible sur les trois".
Ce jour-là, la représentante du GDS (Groupement de Défense Sanitaire du Rhône) était également présente sur l'exploitation de Didier. Elle déplore le manque de réactivité des services de l'État, en cette période de transition gouvernementale.
On alerte, mais on a l'impression que ça tombe à l'eau. On n'a pas d'interlocuteur, il n'y a personne en face. Il faudrait des aides pour la vaccination FCO8, plus de vétérinaires, plus de médicaments. La note va être salée pour les éleveurs.
Chantal Weber, directrice du Groupement de Défense Sanitaire
Pas de risque pour l'Homme
Les services de l'État rappellent que "cette maladie est strictement animale et n’affecte pas l’Homme et n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées (viande, lait, etc.)". Toutefois, ses répercussions économiques peuvent être importantes pour la filière.
Didier, de son côté, espère de nouvelles naissances à venir. Mais, là encore, il s'inquiète. Les brebis malades ne produisent pas assez de lait pour leurs petits, il doit allaiter les agneaux à leur place.