À Pomeys dans le Rhône, l'agriculture reste en fête malgré la menace de la fièvre catarrhale

Le village des Monts du Lyonnais, à la frontière entre le Rhône et la Loire, célèbre l'agriculture ces 7 et 8 septembre. Mais l'ombre de la fièvre catarrhale, la "maladie de la langue bleue", pèse sur les éleveurs et leurs troupeaux alors que le virus s'étend dans le département.

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Cette année pour la Fête de l'agriculture, les vaches et les moutons ne défilent pas pour le traditionnel concours d'animaux. En cause, l'augmentation de la présence du virus de fièvre catarrhale dans le Rhône.

Les éleveurs, notamment d'ovins, ont décidé de ne pas ramener leurs troupeaux pour éviter la propagation de ce virus. Les organisateurs, non plus, ne souhaitaient pas prendre de risque.

"Il a fallu rebondir rapidement"

À la place, des animations avec des chevaux d'équitation et de trait ont été organisées tout le week-end pour combler le manque de vaches et de moutons.

Le public est au rendez-vous et se presse contre les barrières pour admirer les démonstrations d'équitation de travail.

"La décision s'est prise après une réflexion d'une semaine, il a fallu rebondir rapidement, on a essayé d'inventer des choses, d'être créatifs, et je pense que cela a été apprécié du public.", estime Benoît Guinand, un des organisateurs de la Fête de l'agriculture du Rhône. 

La fièvre catarrhale ovine (FCO), également appelée maladie de la langue bleue est une maladie virale touchant les ruminants (ovins, bovins, caprins). Ces dernières semaines, c'est le sérotype 3 qui provient des pays du nord de l’Europe (Belgique, Pays-Bas, Allemagne) qui inquiète. Le virus a créé de nombreux foyers de maladie dans le nord de la France et jusqu'en Bourgogne. Mais dans le Rhône, c'est le sérotype 8 qui est en pleine expansion, plus virulent mais connu depuis les années 2000. 

Côté symptômes, ils diffèrent selon les bêtes et selon les souches virales. Il peut y avoir des problèmes de boiterie, d'infections des muqueuses, des troubles respiratoires, jusqu'à la mort des animaux contaminés. "Il y a aussi des risques d'avortement des agnelles : sans petits dans l'année, c'est une perte nette pour l'éleveur", ajoute Benoît Guinand. 

Réaction de la filière

Le virus n'est pas transmissible à l'homme. "Les gens peuvent manger du fromage !", rassure Benoît Chazelle, éleveur de caprins dans les Monts du Lyonnais. Entre professionnels, la question de la gestion de la FCO est abordée : "Un fromager a son stock mais les conséquences de la FCO viendront plus tard. On aura des baisses de production sur certains éleveurs mais à plus long terme". Lui se veut optimiste : "avec la fraîcheur de l'automne, puis l'hiver, et la bonne réaction de la filière, on espère que la situation sera contenue rapidement." La fièvre catarrhale est transmise principalement par des moucherons, dont le développement est favorisé par des températures élevées.

Malgré tout, Franck Joannin, agriculteur installé à Pomeys a ramené ses deux plus belles vaches, "sa fierté". Mais il a pris des précautions d'usage en les faisant tester. "Fièvre catarrhale ou non, on doit faire des prises de sang à nos bêtes avant de mélanger les troupeaux, c'est une mesure que l'on prend avant chaque rassemblement.", précise l'agriculteur. Pour l'instant, il n'a pas fait vacciner son troupeau, les interrogations demeurent pour l'éleveur de Pomeys. "Est-ce qu'il faut s'alarmer ou pas, je ne sais pas", confie-t-il.

"Le choix de la vaccination contre le stérotype 8 est une décision de l'éleveur, en lien avec son vétérinaire car cela a un coût. C'est un acte de prévention mais ce n'est pas donné et il y a un rappel chaque année. Le choix leur appartient", concède Chantal Weber, directrice du groupement de défense sanitaire des éleveurs du Rhône. 

Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, la vaccination reste la mesure la plus efficace pour freiner la propagation du virus, accompagnée d'une restriction de circulation des animaux sensibles.

Aujourd'hui, 250 élevages professionnels sur près de 1100 dans le Rhône sont concernés par des contaminations à la FCO 8. Selon la FDSEA, près de la moitié des élevages seraient en réalité concernés. "Beaucoup de suspicions de contamination ne sont pas avérées et il peut y avoir des symptômes moins importants et des éleveurs qui préfèrent gérer eux-mêmes", explique Chantal Weber.

Pour la FCO 3 venue de Belgique, l'Etat a pris en charge la vaccination. Au total, 6,4 millions de doses de vaccins (dont 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions de doses pour les bovins) ont été fournies par l’État aux éleveurs, sur une zone de vaccination élargie, le 30 août, aux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Pays-de-la-Loire, après le nord de la France. "Pour pourvoir à l’élargissement de cette zone de vaccination, l'État s'appuie sur la commande de 5,3 millions de doses complémentaires", précisait le site du ministère de l'Agriculture fin août.

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