Les pommes du Pilat seront très sucrées cette année mais elles seront plus petites et un peu moins jolies. La sécheresse et la canicule ont provoqué du stress chez les arbres.
La saison de ramassage des pommes a démarré tôt cette année dans le Pilat dans la Loire.
Georges Blanc, 70 ans et 50 ans de cueillette au compteur, s'active chaque année, de fin août à début septembre. Cette année, il a commencé 10 jours plus tôt et ce fut plus éprouvant. "A la fin de la journée, quand on travaille par 35°, on est plus fatigué que sous des températures de 20 ou 25°".
La récolte du Pilat a elle aussi un peu souffert mais conserve globalement sa qualité gustative.
Des fruits fragilisés
Si la chaleur pèse sur les cueilleurs, la canicule et la sécheresse ont également impacté les galas :les premières pommes à ouvrir le bal de la récolte. Depuis plusieurs années, les arbres fleurissent dorénavant vers le 10 avril donc les pommes commencent à être mûres vers le 20 aout.
"Cette année, avec l'excès de chaleur et de sécheresse, j'ai constaté des ralentissements de grossissement par rapport à une année normale pendant l'été et ensuite avec la chaleur on a des phénomènes d'accélération de maturité et comme les nuits ne sont pas très fraîches, la coloration n'est pas partout au rendez-vous. Certains fruits sont murs mais n'ont pas coloré" regrette Jean-Pierre Klein, arboriculteur à Maclas.
Les pommes sont plus petites, moins rouges, sans compter des petites fentes sur certains fruits, comme la gala, au niveau du pédoncule. "C'est l'excès de chaleur qui fait ça à la maturité. La peau n'est plus assez élastique pour suivre le mouvement et ça éclate" explique Jean-Pierre. "En plus, vous avez des fourmis qui passent par là pour se nourrir et quand on va ressortir les fruits de conservation, une bonne partie sera pourrie".
Des coûts en hausse et des profits en baisse pour les producteurs
On va avoir moins de pommes à vendre, avec plus de défauts, des plus petits calibres. L'année s'annonce compliquée économiquement sachant qu'on a des frais de conditionnement sur le carton, le bois.
Olivier Lecoq, directeur de coopérative
Des pertes en perspective, au moins 20% pour les premières récoltes, selon Olivier Lecoq, directeur de la coopérative "Les balcons du mont Pilat" (Bessey) qui regroupe la récolte de onze producteurs du Pilat. Pour comprendre la situation, il faut remonter au gel d'avril 2021 qui a été suivi par une période de sécheresse et la canicule. "On va avoir moins de pommes à vendre, avec plus de défauts, des plus petits calibres. L'année s'annonce compliquée économiquement sachant qu'on a des frais de conditionnement sur le carton, le bois. On a aussi le smic qui augmente" et il se félicite de l'absence de grêle sur les vergers du secteur.
Le producteur va devoir supporter l'augmentation de ces charges fixes et sera donc moins bien rémunéré. Olivier Lecoq évalue cette baisse entre 3 et 5 centimes par kilo. Une somme conséquence rapportée aux 6 000 tonnes vendues par la coopérative.
Des pommes un peu plus chères mais goûteuses pour le consommateur
Côté consommateur, le prix des pommes risque d'augmenter et les fruits seront disponibles sur une période un peu plus courte. Une bonne nouvelle toutefois, l'excès de chaleur a boosté le taux de sucre. Les galas, bientôt en rayon, puis les goldens, rosées du Pilat ou encore fujis devraient présenter une bonne qualité gustative même si la robe est plus pâlichonne.