Au coeur du Pilat, Delphine et Maxime distillent goutte à goutte des eaux-de-vie et des spiritueux bio. Des mélanges aromatiques et sophistiqués qui reflètent l'âme d'un terroir. Et au fond de la grange, un vieil alambic à vapeur attend de reprendre du service.
Abel, un octogénaire un peu déglingué, rouille aujourd'hui dans une grange agricole du Pilat. Mais il pourrait bien reprendre du poil de la bête dans les mois qui viennent. Delphine et Maxime, deux trentenaires de Chavanay dans la Loire, rêvent de lui rendre sa flamboyante jeunesse. Deux amis qui se sont associés pour créer une distillerie artisanale et bio dans le Pilat et cet Abel qui fait battre leur cœur est un alambic...
Delphine a quitté sans regret Lyon et une carrière dans les ressources humaines pour venir s'installer à Chavanay et s'associer avec Maxime, vigneron sur le domaine familial, en bio et biodynamie. Quelle drôle d'idée de vouloir plonger dans l'alcool et la distillation ?
En avant pour un changement de vie
Perchée sur l'alambic, Delphine explique que "Pierrot, le bouilleur ambulant du coin, voulait arrêter son activité. On s'est dit qu'il n'y aurait plus personne sur le territoire pour distiller les marcs des vignerons. Moi, ça correspondait à une période de ma vie où j'avais envie de changer de métier donc en avant !"
Banco ! Grâce à eux, depuis un an, des vapeurs d'alcool fort flottent à nouveau sur le Pilat rhodanien. Il a fallu une sacrée détermination et beaucoup de travail pour monter le dossier, obtenir toutes les autorisations nécessaires avant de commencer à distiller. Pour Maxime, la distillation est un prolongement logique de son travail de vigneron, avec la même philosophie : du bio et du local."On ne veut distiller que des produits du Pilat, pour imprimer les saveurs de ce terroir dans notre gamme. C'est rare, dans les spiritueux".
Delphine et Maxime travaillent pour l'instant avec deux alambics à feu nu, Léon et Valérie, qui leur ont permis de créer la Ginette, une eau-de-vie de marc de Syrah encanaillée au genièvre, la Mauricette, un spiritueux à l'anis et deux vermouths, l'Helmut et la Felicita. "La distillation, ça se rapproche un peu de la cuisine. Il faut savoir maîtriser son feu, pour sortir doucement les bonnes vapeurs d'alcool, très aromatiques. Ensuite, on dose les plantes : le genièvre, le thym, la sauge, etc."
Ce sont des savoir-faire ancestraux, des trucs de grand-mère, des recettes de sorcière... J'adore !
Delphine, distillatrice du Pilat
Pour pousser plus loin la passion et développer leur gamme, ils ont absolument besoin des services d'Abel. Cet alambic à vapeur, nettement plus baraqué que Léon et Valérie, leur permettra de distiller de plus gros volumes et donc de dégager du temps pour assurer la commercialisation de leurs élixirs.
Un appel aux dons pour restaurer Abel
Mais sa restauration exige au minimum 15 000 euros, et au mieux 25 000 pour pouvoir remettre en route la chaudière qui date de 1943, rénover les tuyaux de vapeur en cuivre et remplacer les trois gros vases de l'alambic qui viennent d'être volés !
Du coup, Delphine et Maxime ont lancé sur la plateforme Miimosa une campagne de financement participatif. Ils ont pour l'instant réuni environ 12 000 euros et il reste une quinzaine de jours pour atteindre les 15 000. En espérant que d'ici à l'hiver, Abel se sera fait rallumer par un feu de Dieu !