Jardinage : Concevoir ses propres graines serait plus efficace, on vous explique pourquoi

Michel Celle est un jardinier passionné. À Saint-Just-Saint-Rambert, dans la Loire, il conserve et collecte des graines pour son potager. Rares, endémiques, ses semences sont le fruit d'une quête commencée il y a des décennies.

Michel Celle habite dans la Loire. Il n'est pas rare de le voir dés 6h le matin et jusqu'à 21h dans son potager. Il plante et cultive selon la position des astres, soigne ses plantes en biodynamie.

Ce "passeur de nature" comme il aime à se nommer, transmet son savoir sur les graines. Sa passion du jardinage a grandit au fil du temps. Enfant déjà, son père lui laissait un carré de terre pour qu'il y sème des graines et observe leur pousse. Un apprentissage qui a porté ses fruits. Aujourd'hui, Michel dispense ses conseils pour concevoir ses propres graines et récolter ses fruits et légumes.

Un patrimoine essentiel

"C'est important aujourd'hui de conserver les variétés locales car elles sont un patrimoine essentiel."

Pour Michel produire ses propres graines est capital, "actuellement, dit-il, on peine à retrouver des variétés qui ont un intérêt gustatif. En plus, les semences coûtent de plus en plus cher. "

Selon le jardinier, les semences sont une matière vivante qui gardent en mémoire des milliers d'informations. "Quand on regarde de plus près les variétés qui sont proposées, on s'apperçoit qu'elles  sont de plus en plus sophistiquées et nous sommes dans une course effrenée au productivisme."

Ses graines sont paysannes et reproductives, en clair, elles sont issues de variétés qui se reproduisent à l'identique et sont adaptés au territoire, en l'occurence, à la région.

"J'essaie de produire des variétés qui ont quasiment disparues. À Saint-Just-Saint-Rambert, explique-t-il, il y a une variété de haricots "le haricot gloire de Saint-Rambert" que je contribue à faire vivre."

Le jardinier possède plusieurs casquettes notamment celle "d'adoptant de semence pour le CRBA", le centre de ressources botaniques appliquées de Charly dans le Rhône.

"Je fais des graines pour le centre, pour qu'ils fassent grossir leur "grainothèque" et pour qu'ils en redonnent à des jardinier et autres maraichers."

La blonde de Saint-Étienne, la laitue Voreysienne, la laitue d'Unieux n'ont plus de secret pour Michel. Il apprécie leur goût et leur robustesse.

Des graines rares 

Michel rapelle que Lyon est un haut lieu mondial de semence, la capitale des Gaules fût le centre du monde en matière d'horticulture et de maraichage à la fin 1800 au début 1900.

De célèbres grainetiers se sont illustrés comme Maurice Rivoire (1829-1904) ou Léonard Lille (1831-1913), des noms qui ont inspiré Michel.

Certaines de ses graines viennent du commerce, d'autres d'échanges avec des jardiniers éclairés. "J'ai récupéré des graines grâce à des associations comme cultive ta rue (à Lyon) ou kokopelli."

"J'ai retrouvé des pommes de terre comme la bleue du Forez, la bleue d'Auvergne car certains jardiniers en avaient dans leur  potager et puis il y a des amis qui me ramènent également des graines de voyages".

Conserver des graines demande de l'observation et de l'organisation.

Michel Celle

France télévision

"Il faut deux ans pour faire de la graine de chou entre le moment où l'on sème et le moment où l'on repique car il faut attendre la deuxième année pour que le chou "monte à graines" et fleurisse."

Michel explique qu''il faut respecter une distance précise avant de planter certaines variétés car sa qualité peut être modifiée s'il y a une pollinisation croisée. Il s'aide si besoin d'astuces distillées sur des sites comme les semences buissonières ou encorel'association grainaille.

"C'est important de progresser pas à pas, il ne faut pas partir dans tous les sens, affirme Michel. Pour se lancer il y a les graines de tomates car la distance de plantation d'une variété à une autre n'a pas besoin d'être trop importante et on peut faire ses graines sur une seule année."

Le jardinier insiste sur l'importance de choisir une variété adaptée à sa région, son territoire.

Et le climat dans tout ça?

"Je tente de rendre mes légumes de plus en plus robustes par rapport aux évolutions climatiques" explique l'expert en graines. "J'arrose trés peu dans mon jardin, j'ai un jardin 'trou de serrure".

Typique d'Afrique, un jardin en trou de serrure désigne un petit potager autonome qui permet de recycler des déchets ménagers et d’économiser l’eau. Une partie de sa surface est en pente ou en butte. Des matériaux de récupération comme des briques, des pierres, du bois encerclent le jardin (d'où l'aspect trou de serrure) et emmagasinent la chaleur du soleil le jour pour la restituer la nuit.

"J'ai créé ce jardin avec au milieu un puit à compost, la matière organique va permettre aux plantes potagères de se développer harmonieusement et ce système n'a besoin d'aucun arrosage", explique-t-il fièrement. "J'habitue mes plants à s'enraciner plus profondément, cela leur confère une génétique sur les graines produites de résistance à la sécheresse. Les canicules de ces dernières années nous ont forcé à s'adapter, à cultiver différement. J'utilise des arbres fruitiers avec des plantes potagères en guise d'ombrage, un paillage de 20 à 30 cm en surface pour conserver la fraicheur et des oyats en argile."

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