Le concept du drive gagne l'univers du béton. Le premier distributeur en libre-service vient d'ouvrir dans le quartier de Côte-chaude à Saint-Etienne. Une machinerie autonome imaginée par un ingénieur stéphanois.
Saint-Etienne accueille depuis le 12 avril un drive béton, le premier en France.
L'idée est simple. Du ciment, du sable, du gravier et un peu d'eau mais déjà prêt à l'emploi et en libre-service. La clientèle est faite de professionnels et de particuliers.
Un système autonome de distribution
Denis installe une terrasse devant sa maison mais n’a pas le cœur de se battre avec une toupie… ni besoin de 500 kilos à la centrale… "C'est un métier de faire du béton. Moi je ne sais pas doser. Là, on ne se pose pas de question. C'est tellement plus pratique".
Même constat pour Martin Chevallier, maçon à Saint-Marcellin-en-Forez, qui est très pragmatique et compte le temps et les manipulations en moins. "Tout ce qu'on peut éviter de tourner à la main, c'est gagné pour les équipes".
Le système a été pensé par Stéphane Thomas, hébergé par le Village by CA, un incubateur de start-up de Saint-Etienne. Ce polytechnicien a travaillé depuis plus de 15 ans dans les centrales et les carrières. Il s'en rendu compte qu'il y avait une problématique pour l'approvisionnement de béton pour les petites quantités normées. Il a mis plus de 4 ans à développer son projet et a déposé 4 brevets, du mélange automatique aux sacs spéciaux pour le transport. La fabrication du distributeur est réalisée à Etoile-sur-Rhône.
C'est en collaboration avec Thomas Bernon, cogérant de Rapid'Béton, que se concrétise la première installation. Les deux entrepreneurs se sont rencontrés pendant le confinement et le drive a été installé sur une parcelle de terrain, bien placée, appartenant à la famille de Thomas.
Plus de livraison, le client vient s'approvisionner lui-même à la source. La commande se fait via une borne automatique, un dévidoir distribue la quantité de béton dans un sac étanche fourni placé sur la plateforme des camions en quelques minutes.
Même si le système est en libre-service, un conseiller est présent sur le site pour guider les clients face aux 6 mélanges au choix, bas carbone disponibles.
Le quotidien des riverains perturbé
Les riverains ont mal vécu la disparition de la haie qui les séparait de la voie rapide en raison de cette nouvelle construction, très visible depuis leur habitation. Ils regrettent la quiétude de leur quartier. "Il y a le bruit, le visuel et tous ces petits camions qui passent devant chez moi entre 6 heures et 20 heures" se désole Marie Torres. Car pour accéder au drive, les camions doivent emprunter une rue étroite de Côte-chaude, au pied du terril. Akli Azibi habite lui aussi de l'autre côté de la rue. "Voici ce qu'on a mis devant nos fenêtres" dit-il assis sur sa terrasse en montrant du doigt la toute nouvelle structure. "Nuisances, poussières et une vue pas très agréable" conclut-il.
La mairie n'a rien dit quant à l'implantation du site au bord de la voie rapide malgré leurs demandes. Les habitants ont fait appel à un avocat et sont prêts à porter plainte.
L'exploitant possédait déjà une station lavage sur le secteur. Il a hésité à installer une boulangerie en drive. "On s'est dit que Farinër c'est 200 / 300 véhicules par jour. Là on est sur un débit assez réduit. On a retravaillé nos horaires 6h/20h alors qu'on pourrait faire du 24/24, 7 jours sur 7" répond Thomas Bernon qui a grandi pas très loin.
Un développement prometteur
La maison mère de Stéphane Thomas multiplie les visites : le concept prend aussi vite que le béton. "On a énormément de contacts entrants sur toute la France et à l'étranger (Québec, Tunisie)" se félicite Ariane Belot," responsable marketing SNTS. "On vise une trentaine d'exploitations d'ici 2023". Elle annonce une rentabilité très attrayante avec des marges commerciales entre 50 et 58% d'où la forte attractivité du concept.
Des projets sont déjà en cours dans la région, au centre commercial stéphanois Steel, à Firminy, Roanne, et Valence.