"Il y a trop de questions sans réponses", deux ans après la mort d’Alexis, détenu à la prison de Roanne, "l’enquête avance lentement" regrette sa mère

Alexis Di Grazia est décédé après avoir incendié sa cellule dans la prison de Roanne. Une enquête pour homicide involontaire avait été ouverte. Mais deux ans après le drame, la famille du détenu s'inquiète aujourd'hui de la lenteur de la procédure judiciaire.

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Une lettre au garde des Sceaux pour dénoncer les défaillances de l'administration pénitentiaire, deux ans quasiment jour pour jours après le décès d'Alexis Di Grazia. Incarcéré à la prison de Roanne, le jeune détenu de 27 ans est mort asphyxié après avoir brulé le matelas de sa cellule du quartier disciplinaire.

Sa famille espérait beaucoup du transport sur place organisé par le juge d'instruction en novembre dernier. La visite de la cellule noircie par la fumée a été éprouvante et les questions demeurent.

« Comment dans une maison d’arrêt neuve, il y a pu avoir des manquements aussi importants. L’alarme n’a pas fonctionné parce qu’un détenu avait déjà mis le feu. Soit disant quand il y en a une qui s’allume la deuxième ne peut pas s’allumer. Comment quelqu’un ne peut pas être formé pour le désenfumage ? Il y a beaucoup de questions et on n’a pas eu de réponse », s’interroge Laetitia Di Grazia, mère d’Alexis.

« On était vraiment content de ce transport sur les lieux parce que pour nous c’était la lumière. On se disait enfin le dossier va avancer et au final c’est comme si on vous donne une miette de pain. Puis on se dit ça va ils vont pouvoir attendre trois ans en plus », déplore sa tante, Jessica Martin.

Un délai d’intervention trop long ?

Y-a-t-il eu un délai de 20 minutes entre le 1er appel à l'interphone et l'intervention des surveillants alors que les fumées étaient visibles depuis le mirador de l'établissement ? La direction des Services pénitentiaires n'a pas souhaité répondre à nos questions. Mais les surveillants auraient suivi les procédures selon les syndicats.

« Au sein de l'établissement, une caméra donne sur la coursive donc c’est très transparent. L’intervention des agents a été filmée. D’ailleurs, j’en profite pour les féliciter. Ils ont été de mon point de vue héroique et j’aime utiliser une expression très claire : ils lui ont donné une chance de vivre à ce monsieur en le sortant de la cellule. Il faut se rendre compte que c’est une intervention très difficile. C’est très impressionnant. », insiste Jean-Louis Picornell, délégué syndical UFAP.

Plusieurs lettres d’appels à l’aide

Alexis Di Grazia souffrait de bipolarité. Dans son dossier pénitentiaire, sa famille a retrouvé des lettres adressées au directeur du centre de détention. Il se plaignait de difficultés avec les surveillants, de ne pas recevoir régulièrement son traitement médical.

« Il est avéré que dès qu’il était pris en charge médicalement correctement, il allait mieux. Le milieu carcérale a endommagé son état psychiatrique, n’a pas sur le protéger, n’a pas joué son rôle », souligne sa tante.

Pour sa famille, l'état de santé d'Alexis n'était pas compatible avec la prison, encore moins avec un isolement en quartier disciplinaire. Jugé pour des faits de violences à l'encontre des surveillants, le tribunal de Roanne l'avait d'ailleurs déclaré irresponsable de ces actes et demandé son hospitalisation d'office.

« Cela avait été décidé par le médecin psychiatre qui avait ordonné à ce qu’il soit transféré dans un service médico-psychologique dans une autre prison avec des services adaptés, des médecins, des infirmiers. Cela avait été décidé 48h00 avant qu’Alexis mette le feu à sa cellule. », regrette Thomas Fourrey, avocat de la partie civile.

Après deux ans d'instruction judiciaire, la famille s'inquiète de la lenteur de la justice qui pourrait l'éloigner de la vérité.

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