Les agents territoriaux ne bénéficient pas de chômage partiel en cette période de pandémie. Leur employeur, la mairie, doit assurer le versement de leurs salaires et de nombreux autres frais. Il est temps que cela change selon les élus.
Des salles sans vie... des tableaux en mal de visiteurs... depuis 4 mois, seul le va-et-vient des agents municipaux rompt le silence du musée Déchelette de Roanne, fermé depuis le 30 octobre. Au service accueil des publics, les personnels s'occupent en attendant une hypothétique réouverture. L'exposition du printemps sur Jean Puy à l'occasion du 60e anniversaire de sa mort - qui a demandé de longs mois de travail et un lourd investissement financier (130 000 euros) ne sera pas visible avant son départ pour Pont-Aven en juin mis à part les quelques privilégiés qui ont pu la suivre en visite virtuelle.
Malgré la fermeture, Laura Vigo, responsable accueil des publics, trouve toujours de quoi s'occuper. L'équipe du servcie collection réalise, quant à elle, des missions que d'ordinaire, elle n'a pas ou peu le temps de faire comme mettre à jour l'inventaire des réserves et se familiariser avec le fond d'oeuvres du musée mais l'absence de visiteurs pèse dans l'ambiance générale. Des conférences prévues ont pu être maintenues en ligne. Le personnel s'est formé aux outils numériques pour assurer la pérennité de la programmation culturelle et ne rien annuler. Des ateliers pour les enfants ont été mis en place.
Des salaires à verser malgré la fermeture
Les agents territoriaux ne peuvent être en chômage partiel et la mairie de Roanne, leur employeur, n'a le droit à aucune aide de l'Etat pour ce personnel sans activité.
"Chaque semaine, nous essayons d'adapter un planning aux besoins de la ville. Les maîtres-nageurs travaillent dans les espaces verts, à la déchetterie. Des agents du musée font d'autres taches, différentes de celles pour lesquelles ils ont été recrutés. Il faut très vite que cela s'arrête" explique Yves Nicolin, Maire LR de Roanne.
Vite car les pertes s'accumulent : entre les salaires des agents, les frais engagés pour certains évènements et l'absence des recettes, ce sont près de 2 millions d'euros de dépenses rien que pour l'année 2020 à Roanne. Pour l'agglomération, beaucoup plus dépendante de l'activité économique, la perte est estimée entre 5 et 7 millions d'euros pour une année.
Et la ville n'est pas la seule dans ce cas. Montbrison, dans la Loire, accuse le coup.
Christophe Bazile, maire DVD, a fait ses comptes. Le coût Covid représente 300 000 euros pour la ville. "Ce n'est pas énorme pour une mairie mais pour les communautés d'agglo notamment Loire Forez, ça monte à 1.5 million d'euros et ça ne se dit pas. On considère que c'est normal. Bien sûr que c'est normal de participer à l'effort national mais on demande juste qu'à un moment ce soit dit et qu'on ne laisse pas croire que l'état prend tout en charge, c'est faux".
Pour compenser ces pertes, les élus refusent, pour l'instant, d'augmenter les impôts locaux. Ils préfèrent décaler ou revoir à la baisse certains de leurs futurs projets.