Il pensait avoir affaire à un représentant de sa banque, un habitant du Roannais a été contacté par un escroc. Victime d'une arnaque au "faux conseiller bancaire", il témoigne aujourd'hui et appelle à la vigilance.
"Je lui ai fait confiance jusqu'au bout. La personne m'a demandé des informations..." explique Pierre, un habitant de la Côte Roannaise de 67 ans. Le retraité a fait les frais d'une arnaque au "faux conseiller bancaire". L'homme n'a pas souhaité parler à visage découvert.
Question de confiance
Tout a débuté le 2 janvier dernier, Pierre a d'abord été contacté par un simple mail. Dans la foulée, il reçoit un appel téléphonique d'une personne qui se présente comme étant un conseiller bancaire. Le secret de l'escroc : parvenir à endormir la méfiance de sa victime, voire gagner sa confiance. Pierre explique comment il est tombé dans le piège.
"J'ai été sollicité par une personne qui me dit : je suis conseiller bancaire et je voudrais savoir si vous avez été sollicité récemment par un piratage Ameli (NB : hameçonnage à la Carte Vitale via SMS ou mail)". Le Roannais répond par l'affirmative au présumé agent du service anti-fraude de sa banque. Le premier pas est fait. "Je rentrais dans la confiance", explique Pierre. Rien n'éveille ses soupçons, d'autant que l'appel provient d'un numéro qu'il a enregistré. C'est celui d'un service de sa banque, utilisé pour faire opposition en cas de perte ou de vol de CB. "Le numéro qui m'appelait est celui qui figure au dos de ma carte bleue," assure la victime. Le piège est en place. Pierre rapporte ensuite les propos de son interlocuteur : "il me dit alors, vous êtes victime d'un piratage, il faut absolument qu'on réagisse. Je vous envoie une clé digitale". Des échanges qui paraissent authentiques. La victime n'y a vu que du feu.
40 000 euros ponctionnés
Pendant près de 7 heures, la victime va recevoir des appels toutes les 15 minutes indiquant que des opérations frauduleuses tombaient sur son compte. Sans le savoir, Pierre validait alors des paiements. Le faux conseiller lui a ensuite demandé la restitution des cartes pour "tout bloquer" en lui envoyant un supposé coursier. "Effectivement, un coursier est arrivé 10 minutes après, je lui ai remis les cartes. Ils sont allés au distributeur de Roanne et ils ont tout vidé avec toutes les autorisations", ajoute-t-il. Résultat des courses : Pierre a été délesté de 40 000 euros.
Le Roannais, assureur retraité, a immédiatement porté plainte à l'hôtel de police de Roanne. Pierre déplore que ces mouvements suspects n'aient pas alerté sa banque, la BNP Paribas. Celle-ci rejette toute responsabilité et ne lui propose aucun remboursement. Elle lui propose en revanche de contracter un emprunt pour rembourser la somme.
Quelles solutions ?
Face à ces arnaques en ligne ou au téléphone qui se multiplient, les victimes sont souvent bien démunies. Obtenir un remboursement se révèle généralement difficile voire impossible. Dans le cas de Pierre, la banque se justifie : "dans les cas d'imprudence de nos clients qui donnent leurs cartes et leurs codes à un livreur, malheureusement, on ne rembourse pas," via son service relations presse. "Par contre, on a accompagné notre client auprès de certaines des entreprises où il y avait eu des dépenses, et notamment Airbnb", ajoute-t-on.
Un site gouvernemental a été mis en place. Sur le seul mois de janvier 2023, déjà plus de 30.000 personnes ont consulté cybermalveillance.gouv.fr. Objectif de ce site officiel : alerter et conseiller les victimes de ces escroqueries.
"La première des choses, c'est d'aller porter plainte. Si la banque refuse de rembourser, (il faut) se rapprocher d'une association de consommateurs. Ils sont très bien armés pour aider les victimes. En dernier lieu, le médiateur de la banque peut également permettre une résolution au bénéfice de la victime", explique Jérôme Notin, Directeur général de cybermalveillance.gouv.fr
Le directeur du site cybermalveillance.gouv.fr le rappelle : il ne faut surtout pas communiquer ses informations bancaires par téléphone.
Pierre et son épouse ont fait appel à un avocat pour obtenir réparation auprès de leur banque. Le couple espère aussi que ce témoignage permettra d’éviter à d’autres de se faire piéger. Si Pierre a porté plainte, il ne cache pas son amertume et son sentiment de culpabilité : "dans sa tête, on se dit, j'ai été moins que rien. C'est ce qui est difficile".
Avec C.Lepoittevin et J.Petitfrère