Si la Sainte-Barbe est la patronne des sapeurs-pompiers, dans la Loire le poil aux mentons n'est pas le bienvenu. Le règlement intérieur exige des hommes en rouge un rasage de près, qui n'est pas au goût de sept d'entre eux. L'affaire pourrait aller jusqu'au tribunal.
Ce sont les barbes de la discorde, celles portées par sept sapeurs-pompiers de la caserne de la Terrasse à Saint-Etienne. Début février, ils ont reçu un rappel à l'ordre de leur hiérarchie pour ne pas s'être rasés pour partir en intervention.
Rasage obligatoire
Les sept pompiers n'ayant depuis pas sorti le rasoir, ils ont été cantonnés à des « missions fonctionnelles en service hors rang au pôle opérationnel ». Pour le dire plus simplement, ils ne peuvent plus partir en opération. "On les cantonne à faire des photocopies et à laver des camions", s'exaspère Remy Chabbouh, délégué syndical Sud. S'ils décident de garder leurs poils, ils pourraient même être révoqués.
Une barbe qui ne respecte pas le règlement intérieur du SDIS 42 et plus précisément la note de service n°20-13, qui oblige les 2 800 sapeurs-pompiers de la Loire à se raser de près pour partir en intervention.
"Le règlement intérieur doit correspondre à la loi, tance Remy Chabbouh. L'arrêté de 2015 indique que la barbe doit être taillée et non pas rasée." L'arrêté du 8 avril 2015 "fixant les tenues, uniformes, équipements, insignes et attributs des sapeurs-pompiers" stipule que "le rasage est impératif pour la prise de service ; dans le cas particulier du port de la barbe ou de la moustache, celles-ci doivent être bien taillées et permettre une efficacité optimale du port des masques de protection".
La cagoule de la discorde
De son côté, la direction met en avant les risques dus à la toxicité des fumées, en se basant sur le Guide de doctrine opérationnelle édité en septembre 2020, dans lequel on peut lire qu' "Afin de garantir une étanchéité optimale et prévenir les fuites de nature à mettre en danger le sapeur-pompier, le masque de protection respiratoire d’un ARI (ndlr: Appareil Respiratoir Isolant) doit être porté sur une peau rasée."
"On porte une cagoule sous le masque, la barbe ne change rien, puisque la peau n'est pas en contact, assure le syndicaliste. En plus le masque est en surpression, aucun air n'est censé rentrer." Le directeur départemental des services d'incendie et de secours de la Loire, Eric Meunier est en désaccord : "la cagoule doit être décollée pour que la peau soit en contact avec le masque".
Risques sanitaires ?
"Le rasage c'est aussi pour le secours à la personne, le masque FFP2 qui protège des maladies contagieuses est moins efficace avec une barbe, met en avant le directeur. Si demain un sapeur-pompier tombe malade ou développe un cancer à cause des fumées, c'est l'employeur qui est responsable."
Pour Rémy Chabbouh, la barbe rend en effet le masque FFP2 moins efficace, mais il met en avant que "dans les hôpitaux les médecins et infirmiers barbus n'ont pas été suspendus."
Les sept pompiers barbus risquent-ils la révocation ? Leur directeur n'écarte pas cette possibilité. Réglementation abusive pour le syndicaliste, préservation de la santé des pompiers pour la direction, cette question de la barbe pourrait aller jusqu'au tribunal dans les jours à venir. Les sept pompiers ont prévu de faire une demande de référé en liberté, pour contester leur interdiction d'aller en intervention.