La Biennale d'art contemporain de Saint-Etienne accueille Jonathan Omar & Lionel Dinis-Salazar. Les deux designers du studio Döppel présentent leur vision du cabanon de l'architecte et nous interrogent sur notre usage des ressources naturelles.
Le champ des possibles, micro-architectures à expérimenter s’installe dans les parties basses de l’église Saint-Pierre du Site du Corbusier à Firminy. Jusqu’en janvier 2023 dans le cadre de la Biennale internationale du design de Saint-Etienne. Le célèbre cabanon du Corbusier, revisité, et 5 micro-architectures dans un univers céréalier. Döppel Studio invitent à découvrir un mouvement architectural répondant à des enjeux sociétaux actuels : l’environnement, l’inclusion et le vivre ensemble.
Des installations en bois, jaunes vives au milieu d’une salle d’exposition cimentée. Le contraste est flagrant. Ce choix n’était pas un hasard. «Le jaune était la couleur utilisé par le Corbusier» explique le designer, Jonathan Omar aux côtés de son co-équipier Lionel Diniz Salazar. Cinq à six mois de travail pour un résultat final mélangeant patrimoine, agriculture et activité humaine.
La micro-architecture
Pas de panique, vous n’aurez pas besoin de microscope pour admirer l’exposition ! Le principe de ce type d’architecture est de créer «des salles qui détachent une action et un besoin» témoigne Jonathan. «Le défi ici était de respecter les contraintes spatiales des salles» continue-til. Le visiteur s’immerge complétement dans les installations. Il fait le tour de l’espace, peut marcher, s’allonger, s’asseoir et même faire du sport. «On ne voulait pas mettre à distance le public, mais qu’ils puissent rentrer dans notre tête sur un point de vue conceptuel» précise Jonathan.
L’univers céréalier
Premier arrêt : «Le cabanon revisité». Les deux jeunes designers du studio Döppel s’inspirent du célèbre artiste Le Corbusier. Plus précisément d’une de ses créations. «On l’a imaginé comme le cabanon du Corbusier, comme un habitat saisonnier pour se couper de la densité urbaine» annonce Jonathan. S’en suivent cinq autres micro-architectures. Toutes pensées et conçues autour des pratiques de l’agriculture céréalière. Le fil conducteur rappelant cet univers : la bâche agricole recouvrant les installations. «On a imaginé le contexte du projet au milieu des champs, donc on tire parti de ce qu’il y a portée, la bâche agricole» affirme le designer. Une couverture jaune et rembourrée de paille. «La bâche représente une sorte de manteau, pour avoir une structure habitée et habillée» explique Lionel. Déposées dans chaque salle, des bottes de pailles accompagnent le visiteur.
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Chaque étape de l’exposition représente un lieu de rassemblement. «Les point d’eau ou même les feux de camp étaient des lieux où les populations se retrouvaient et échangeaient, alors on voulait vraiment représenter ça» termine Lionel.
L’enjeu environnemental
Pollution, besoin énergétique et défis climatiques impactent nos modes vies. «La source», 3e micro-architecture, met en évidence la problématique des pénuries d’eau. «L’idée était de reprendre un principe qui existe pour récolter de l’eau d’une manière naturelle» déclare Lionel. Le souci environnemental est au centre de l’exposition. «Aujourd’hui, la question se pose, avec le contexte climatique, quelle quantité d’eau doit-on utiliser pour se laver ?» demande le designer. En reprenant toujours les codes des objets agricoles, «On a détourné des pulvérisateurs à pesticides pour les utiliser comme des objets pour se rincer avec le moins d’eau possible » continue-t-il.
Répondre aux besoins du corps et de l’esprit
Se chauffer, se nourrir et accéder à l’eau. Un habitat doit répondre à ses besoins. Chaque micro-architecture en isole un. Un aspect spirituel s’ajoute à la réflexion des designers. Des installations centrées sur la pratique sportive et la méditation complètent alors ces besoins physiologiques. Le but : apaiser le corps et l’esprit par une activité libératrice.
L’exposition vous réserve bien d’autres surprises. Le champ des possibles, micro-architectures à expérimenter est tout aussi appréciable pour les grands que les petits. De quoi, soulever des problématiques sociétales tout en passant un moment interactif et ludique.