CASINO. "C'est un Far West social" : inquiétude sur les conditions de reprise des salariés lors du partage des magasins

La reprise du groupe Casino par un consortium d'investisseurs et la revente de 313 magasins aux groupes Auchan et Intermarché ont été annoncées le 18 décembre dernier. Mais le sort des 50 000 salariés en France n'est lui toujours pas fixé. Et pour ces employés, l'attente est longue.

Ce jeudi 4 janvier, les différents syndicats représentatifs des salariés du groupe Casino se réunissaient pour établir avec le comité exécutif des dirigeants actuels, ainsi qu'avec le consortium de repreneurs, le calendrier social des échéances à venir. Si la reprise du groupe et la cession de la plupart des magasins sont actées depuis plusieurs semaines, une question essentielle reste en suspens : que vont devenir les salariés du groupe.

Un tiers pour Auchan, deux tiers pour Intermarché

Les dirigeants actuels du groupe, sur le point de passer la main, ont assuré que "l'ensemble des salariés des magasins transférés seraient repris". Une première bonne nouvelle pour les 18 000 employés des 313 magasins repris par Auchan ou Intermarché, (241 supermarchés, 68 hypermarchés, 7 drives, Spar ou Leader Price) qui ne devraient donc pas perdre leur emploi.

Toutefois, tout le monde n'est pas logé à la même enseigne, c'est le cas de le dire, car les deux marques ne prévoient pas la même intégration des employés. Intermarché, qui fonctionne avec des magasins franchisés, offre une grille de rémunération et des conditions de travail bien moins avantageuses qu'Auchan. "C'est un Far West social", commente Jean Pastor, délégué CGT Casino et porte-parole de l’intersyndicale, "c'est au bon vouloir des petits patrons, et selon la fibre sociale qu'ils possèdent ou pas, vous avez ou pas des avantages sociaux, mais ça n'arrivera jamais au niveau des accords d'entreprise qu'on avait à Casino" déplore-t-il.

Or, d'après l'intersyndicale réunie ce jeudi 4 janvier, un tiers des 313 magasins cédés devrait être repris par Auchan, et deux tiers par Intermarché. On ne saura qu'à partir du 24 janvier le détail des magasins cédés, mais il apparaît déjà que la majorité des salariés qui changeront d'employeurs y perdront au change. "C'est pour cela que l'on souhaite qu'une charte sociale soit mise en place et soit opposable aux nouveaux repreneurs dans les magasins. On veut une convention collective de haut niveau, applicable dans toutes les enseignes de grande distribution" développe notre représentant syndical.

"Une casse sociale sur les sièges et les entrepôts"

Mais ce qui préoccupe le plus l'intersyndicale, c'est le sort réservé aux autres employés, ceux qui ne sont pas sûrs de changer d'employeur, et donc pas sûrs non plus de conserver un emploi. "Casino n'a pas communiqué sur l'impact des pertes d'emploi car c'est toujours difficile d'annoncer les mauvaises nouvelles" ironise Jean Pastor, "mais nous, organisations syndicales, on voit venir une grosse casse sociale sur le siège et les entrepôts".

D'abord le siège, installé à Saint-Etienne. Il canalise l'une des pires craintes des représentants syndicaux. 2000 personnes y travaillent, or avec la réduction de l'activité du groupe, les effectifs devraient être, eux aussi, drastiquement réduits. "On pense que grosso modo 1400 personnes vont être impactées, ne serait-ce qu'au siège" prévient le représentant CGT.

L'autre source d'inquiétude concerne les entrepôts. Là encore, une partie des sites et des effectifs vont devenir inutiles, car les groupes repreneurs ont déjà leur propre système de stockage et de distribution. "Pour l'instant, on a très peu de visibilité sur le nombre d'entrepôts conservés" explique le membre de l'intersyndicale, "on devrait y voir un peu plus clair le 11 janvier après une première réunion sur la procédure de Plan de sauvegarde de l'emploi".

"Le ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, a bien annoncé des « enveloppes supralégales » pour accompagner les employés laissés sur le carreau" conclut Jean Pastor, "mais quand on donne une enveloppe à quelqu'un, c'est bien qu'on a échoué sur le plan de l'emploi."

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