Le département de la Loire est le plus impacté de France par l'épidémie de coronavirus Covid-19. Après deux mois de montée en flèche, le taux d'incidence commence à diminuer. Les transferts de patients se poursuivent malgré tout. Et les établissements hospitaliers continuent leur réorganisation.
Le temps d'une après-midi, six lits de réanimation Covid ont vu le jour, grignotés sur le service de réa chirurgicale du CHU de Saint-Etienne. Le service a été totalement réorganisé. Un espace pharmacie, des cloisons étanches, une salle de repos pour les infirmières de service 12 heures par jour... Ici, tout le monde s'attend à une arrivée massive de malades dans les jours à venir.
Dans ce service de réanimation polyvalente, 13 lits Covid avaient été mis en place lors de la première vague. Le 3 novembre 2020, il y en a moitié moins. Cela ne veut pas dire que la maladie du coronavirus engendre moins d'hospitalisations. C'est surtout que la priorité pour l'équipe médicale, c'est de ne pas tout déprogrammer, "de continuer à opérer des patients souffrant de problèmes cardiaques ou cérébraux graves et les polytraumatisés d'avant le confinement".On essaye systématiquement d'avoir un coup d'avance. On essaye d'anticiper. On sait que l'on risque d'avoir beaucoup de patients d'ici la fin de semaine et début de la prochaine, et cela va dépasser nos capacités d'accueil. Ma plus grosse crainte comme pour bon nombre d'autres soignants, c'est de vivre ce que l'est de la France ou l'Italie du nord ont vécu au mois de mars. C'est-à-dire d'avoir un afflux massif de patients et de ne pas être en capacité de s'occuper de tout le monde.
"Unités de réanimation éphémères"
Un peu plus loin du service de réanimation chirurgicale, autre transformation. Avec la déprogrammation des opérations non-urgentes, une salle de réveil d'un des blocs opératoires a été réaménagée pour une prise en charge des patients Covid. Le 3 novembre, huit lits sont occupés. Une deuxième salle, dédiée aux patients pédiatriques, a également été transformée pour accueillir quatre autres lits.Ces aménagements, ces transformations sont indispensables, disent tous les médecins. "Sans ces unités de réanimation éphémères, on n'aurait pas pu hospitaliser des malades, faute de lits".
Des transferts pour garder de la capacité
Au Centre Hospitalier de Saint-Etienne, tous ces lits supplémentaires de réanimation ne sont pas encore tous occupés. Pourtant, quatre transferts de patients sont en train d'être organisés vers une autre région, à la demande de l'Agence Régionale de Santé. Objectif : garder des places libres pour faire face à une vague d'hospitalisations. 90 lits de réanimation sont actuellement occupés dans le groupement hospitalier de territoire, qui couvre la Loire et une partie de l'Ardèche. Le chiffre pourrait bondir à près de 200, d'ici à la fin de semaine, selon plusieurs modélisations.Il nous reste encore des lits de disponibles, mais ce qui nous effraie, c'est le nombre de patients que l'on nous annonce d'ici à une semaine ou dix jours. Certes, il a un peu baissé la semaine précédente, mais le taux d'incidence reste extrêmement élevé dans la Loire, notamment pour les patients de plus de 65 ans, qui sont ceux que l'on retrouve à l'hôpital et en réanimation.
Un millier de lits Covid ouverts en l'espace d'un mois et demi
"On a en projet de libérer 380 lits pour accueillir des patients Covid d'ici la fin de la semaine. C'est colossal pour cet établissement" indique le professeur Patrick Mismetti. De quelle manière ? Le chef du pôle urgences, réanimation médicale et médecine vasculaire, raconte les regroupements envisagés.Il faut attendre de voir si ce nouveau confinement produit ses effets. Si cela permettra aux établissements hospitaliers de ne pas virer à la saturation totale. "Tout le monde joue le jeu", fait remarquer le professeur Patrick Mismetti en soulignant la réactivité de tout le système hospitalier, qu'il soit public ou privé. Sur l'ensemble du territoire, "on va pratiquement ouvrir 1000 lits spécifiquement dédiés au Covid, en moins d'un mois et demi". Et les soignants sont également au rendez-vous. Malgré la peur dans certains cas.On regroupe des unités où il y a moins d'activité, sur un même plateau. Au lieu d'avoir une seule spécialité par service, il y en deux, voire trois. Et les espaces libérés deviennent des unités dédiées Covid. C'est le cas par exemple ici, de l'infectiologie, de la pneumologie, etc.
Ceux qui ont connu la première vague, étaient un peu réticents car ils savent combien c'est dur de prendre en charge ces unités-là. Ils n'avaient pas forcément très envie d'y retourner. Mais une fois que ça a démarré, ils y sont allés, comme la première fois.
Au 3 novembre 2020, 833 hospitalisations pour Covid étaient enregistrées dans le département de la Loire. 90 patients étaient en réanimation, soit un taux d'occupation en soins intensifs de 120.8%.