Le Premier ministre Jean Castex s'est rendu samedi 7 novembre dans l'après-midi auprès des soignants du CHU de Saint-Etienne (Loire), fortement éprouvés par la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 qui ne cesse de progresser.
Le Premier ministre s'est rendu à l'hôpital de Saint-Etienne (Loire) samedi 7 novembre, alors que le département est devenu l'épicentre de la deuxième vague de l'épidémie. Au 6 novembre, 907 hospitalisations sont en cours dans le département pour cause de Covid-19 (+5 en 24h.), dont 95 en réanimation.
Le taux d'incidence ne cesse d'augmenter, avec 1.128 cas pour 100.000 habitants, de même que le taux d'occupation des lits en réanimation avec le chiffre record de 134% (ce taux correspond au nombre de lits de réanimation occupés par les patients atteints du Covid-19 sur la capacité initiale en réanimation). En Auvergne-Rhône-Alpes le taux d'incidence a été multiplié par 4 en un mois. Depuis mi-octobre, une soixantaine de patients ont été transférés dans des hôpitaux d'autres régions.
"Ces personnels sont fatigués mais totalement mobilisés"
"Merci de venir nous voir" glisse une infirmière en réanimation au Premier ministre. "Je visite deux hôpitaux par semaine, et j'apprends toujours" lui répond Jean Castex. "Je ne suis pas simplement venu pour vous encourager, mais aussi pour mieux connaître votre réalité, et éventuellement aider à débloquer des choses", a-t-il déclaré. "Ces personnels sont fatigués mais totalement mobilisés, c'est absolument remarquable", a constaté M. Castex.
En passant devant plusieurs malades gravement atteints et placés sous respirateur, Jean Castex fait cette réflexion : "Quand on voit tout ça, si ça ne donne pas envie de se protéger et de respecter les gestes barrières, alors c'est incompréhensible."
Arrivé vers 14h, Jean Castex était au départ invité par le député LaRem Jean-Michel Mis. La visite officielle a commencé par le service des urgences, puis la salle de régulation du Samu et les salles de réanimation, alors qu'à l'extérieur la CGT appelait à un rassemblement d'opposition pour exiger plus de moyens.
Une nouvelle salle de 20 lits de réanimation a été installée en urgence il y a 10 jours dans le CHU, car toutes les autres unités sont déjà pleines. Pour l'instant 15 lits sont occupés. Dans cette nouvelle unité, des anesthésistes et des infirmières venus du bloc opératoire, privé d'activité. Le chef de service le professeur Jérôme Morel explique que le profil des patients n'a pas tellement changé par rapport au mois de mars et la première vague du Covid-19: "Il s'agit de gens de plus de 60 ans pour la plus grande partie, avec de l'hypertension ou de l'obésité." Les personnes intubées restent 15 jours sur place environ, celles qui sont ventilées restent un peu moins longtemps.
"L'objectif c'est de stopper l'épidémie"
Le chef de service a rappelé au Premier ministre que "seulement" 200 lits de réanimation sont actuellement disponibles dans le département. "On ne peut pas dédier 200 lits au covid, ce n'est pas possible. A partir de 140 lits (occupés), on ne peut pas réserver plus de lits pour des patients Covid, sauf à faire courir un risque aux patients non covid."
"L'objectif c'est de stopper l'épidémie en amont, par les gestes barrières, pour stopper les flux. La seule solution est là. On ne peut pas augmenter toujours le nombre de lits. Et ce ne serait pas souhaitable parce que ça voudrait dire qu'on laisse développer l'épidémie" lui répond le Premier ministre.
"Je n'ai pas le plan d'après"
Le médecin enchaîne: "Quand les 5 lits restants seront occupés, moi je n'ai pas le plan d'après. Là il va falloir coopérer encore plus qu'on ne le fait. J'ai peur que d'ici dimanche (demain), on n'ait plus de place."La visite officielle a été "une marque de reconnaissance appréciée par les équipes", selon le chef des urgences du CHU, Alain Viallon, après avoir guidé M. Castex dans les couloirs de son service. Au sein du service de réanimation, 37 des 40 lits disponibles sont actuellement occupés. "Ils se remplissent dès qu'on les vide", a commenté de son côté Sophie Preynat, cadre supérieure de santé à l'hôpital: "le personnel est calme mais fatigué, on les fait beaucoup revenir sur leurs repos pour gérer tous ces patients, même si le flux s'est ralenti pour les autres."
Une vague un peu moins rapide depuis une dizaine de jours
"Dans les 12 établissements publics et privés du territoire de la Loire, jusqu'au nord de l'Ardèche, le nombre d'hospitalisations continue à augmenter (...) même si c'est moins rapide depuis une dizaine de jours", observe de son côté Pascale Mocaër, directrice générale par intérim du CHU de Saint-Étienne et du centre hospitalier de Roanne.Le Premier ministre a appelé un peu plus tôt à respecter "plus que jamais" le confinement entré en vigueur le 30 octobre, "de la manière la plus stricte possible". Il a estimé que les Français respectaient "globalement" les mesures de restriction, tout en déplorant "une résistance de la part de gens qui veulent se rendre à leur travail et de certaines entreprises qui ne jouent pas le jeu". Le caractère moins strict du deuxième confinement se traduit par une plus grande mobilité des Français, qui se déplacent deux à trois fois plus depuis le 30 octobre que lors du premier confinement, selon les données de plusieurs opérateurs.