Depuis lundi 11 mai, le déconfinement a permis aux avocats de Saint-Etienne de reprendre le chemin du travail. Un retour assorti d'un lot de contraintes pour la justice. Pour l'Ordre des avocats de Saint-Etienne, les mesures mises en place impactent fortement leurs démarches au quotidien.
Se rendre au Palais de justice de Saint-Etienne est devenu un vrai casse-tête pour les avocats stéphanois : port du masque obligatoire, audiences sans public, déplacements sur convocation uniquement, desinfection des mains au gel hydoalcoolique, sens de circulation et installation de paroies en plexiglas dans certaines salles,...
Par anticipation, l'établissement avait préparé son déconfinement ces dernières semaines, pour permettre une reprise de l'activité judiciaire. Mais le retour à la normale n'est pas pour tout de suite.
Plaider masqué
L'activité est fortement impactée par les mesures sanitaires en vigueur, selon Me Solange Viallard-Valézy, bâtonnier de l'Ordre des avocats de Saint-Etienne : "C'est très difficile. Les mesures prises par le tribunal s'appliquent bien évidemment à nous, les avocats. Elles nous apportent des contraintes au quotidien".
Premier obstacle : les déplacements au tribunal sont limités. Interdiction pour les avocats de se rendre dans un service quel qu'il soit, sauf avec une preuve d'audience, et une convocation pour les personnes impliquées dans un dossier.
Le barreau de Saint-Etienne s'est donc adapté, en mettant en place des bureaux communs, pour éviter qu'il n'y ait trop de personnes présentes au Palais de justice au même moment. "L'effectif présent au palais a été réduit de moitié" assure le bâtonnier.
Le travail doit se faire tant que possible à distance. Mais le manque d'un contact physique peu rapidement compliquer les démarches. "La communication ne se fait que par mail ou par téléphone, précise Me Viallard-Valézy. L'activité tourne au ralenti et cela risque de durer jusqu'à la fin du mois de mai. En juin ça sera peut-être plus simple".
L'autre difficulté, c'est le port du masque, obligatoire partout dans l'enceinte du bâtiment. Une contrainte majeure dans un métier où la représentation est très importante. "Avec le port du masque, on a tendance à s'étouffer, pour plaider en audiences c'est un vrai problème" déplore le bâtonnier de l'Ordre.
La maison des avocats s'adapte aussi
A la Maison des avocats aussi, on ne rentre qu'avec un masque. Il faut se laver les mains avec du gel hydroalcoolique et respecter la distanciation sociale. 310 avocats sont inscrits à l'Ordre et 3 secrétaires y travaillent. Le passage en journée peut y être important : "j'ai limité les heures de passage à 2h par jour, pour récupérer le courrier dans la salle dédiée" explique Solange Viallard-Valézy. "Seules 2 personnes ne peuvent être présentes à la fois. On essaie de prendre toutes les précautions nécessaires".
L'ambiance est à l'inquiétude, selon le bâtonnier qui n'imagine pas faire l'économie sur les moyens de protection des avocats.
Des audiences reportés
Conséquence directe de toutes ces restrictions : le report d'un grand nombre de dossiers en cours.
Durant la période de confinement, les cabinets d'avocats ont été globalement à l'arrêt.
Tous accusent un "retard phénoménal" et un manque de visibilité :"On ne sait même pas à quelle date les dossiers ont été renvoyés" ajoute un brin désemparé le bâtonnier.
Confinement, travail en suspens, absence de paiments. Un nouveau coup dur pour les avocats, qui défilaient déjà dans les rues de Saint-Etienne, en janvier dernier, pour réclamer plus de soutien de la part du gouvernement. Le déconfinement amorcé, ils se disent prêts à relancer la machine judiciaire "avec les moyens de la justice qui sont ce qu'ils sont" conclue Me Villard-Valézy.
