Hercule : projet de réorganisation d'EDF contre lequel une intersyndicale a appelé à la grève en ce 10 décembre. Du barrage de Grangent dans la Loire à la centrale du Bugey dans l'Ain, on entend s'opposer à la séparation entre les différentes activités du groupe pour être vendues "au privé".
Hercule, c’est le nom d’un projet de réorganisation d'EDF/ENEDIS qui hérisse le poil de bon nombre de salariés de l'électricien, en France et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en particulier, comme à la Centrale du Bugey (Ain) ou sur le barrage de Grangent (Loire).
Une "destruction" d'EDF
Il s’agit notamment de séparer les activités du groupe (nucléaire, énergies renouvelables, distribution). Une modification structurelle de l’entreprise que l’intersyndicale (FNME-CGT / CFE Energies / FCE-CFDT / FNEM-FO) interprète comme "une destruction d’EDF et d’Engie en tant qu'entreprises d’intérêt public".
Si, en ce jeudi 10 décembre, il est difficile d’établir une comptabilité précise des grévistes localement, le coordinateur des luttes à la fédération énergie CGT, Thierry Zehnder, affirme que la proportion de grévistes dans les équipes de conduite de la nuit et du matin des centrales nucléaires est de 90 %.
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les salariés grévistes étaient notamment invités à se retrouver en début d’après-midi à la centrale du Bugey, pour mettre en place -comme dans d’autres lieux- des barrages filtrants.
"Offrir les parties rentables au privé"
Dans la Loire, nos journalistes ont pu rencontrer des grévistes sur le barrage hydroélectrique de Grangent. Là, à côté du barnum monté pour accueillir les dizaines de salariés, Alain Girod, élu GCT chez Enedis à Saint-Etienne s'explique.
Pour lui, ce projet c'est "casser l'entreprise pour offrir les parties rentables au privé, par exemple Enedis -la distribution est source de 6 milliards de dividendes par an- et garder tout ce qui est à risque aux frais du contribuable."
"Une propriété de la nation"
Et d'expliquer la nouvelle mobilisation des salariés du groupe: "C'est un sacerdoce d'être agent. On est au service de nos concitoyens et on ne supporte pas que les grands actionaires puissent mettre la main sur cette propriété de la nation"
Car la réforme avait déjà été l’occasion d’une première grève la semaine dernière. Un mouvement pour lequel la direction admettait 31,56 % de grévistes au sein de ses effectifs.
Trois entités différentes
En substance, le projet Hercule prévoit de scinder EDF en trois entités distinctes : une entreprise publique pour les centrales nucléaires, une autre côté en bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables, et enfin une troisième avec les barrages hydroélectriques dont les concessions seraient remises en concurrence sous la pression de Bruxelles.
Des députés vent debout contre le projet
Alors que la presse fait état d'un accord entre l'Elysée et Bruxelles sur cette scission d'EDF, les fédérations syndicales ont interpellé la semaine dernière les députés et les sénateurs dans une lettre ouverte.
Dans une rare unanimité, des députés des groupes du Parti Socialiste, Les Républicains, La France Insoumise et Liberté et Territoires, ont rejoint mardi une conférence de presse des élus communistes pour s'opposer à ce projet de réorganisation de l'entreprise publique.