Aurore Bergé, la ministre de l'égalité femmes-hommes s'est exprimée sur France Inter, vendredi 3 janvier, au sujet du féminicide d'Hautmont. Elle a notamment critiqué le communiqué de presse du procureur qui évoquait le passé de la victime. L'association NousToutes réagit à cette prise de position.
Le féminicide d'Hautmont (Nord), le premier de l'année 2025, a fait réagir Aurore Bergé (EPR), ministre de l'égalité femmes-hommes, sur France Inter, ce vendredi 3 janvier 2025. La personnalité politique a commenté les mots employés dans un communiqué de presse du tribunal judiciaire de Valenciennes, évoquant le passé de la victime. La membre du gouvernement, sur demande du maire d'Hautmont, a annoncé se rendre sur place la semaine prochaine.
Un communiqué de presse critiqué
"Il n'aura pas fallu attendre 24 h pour qu'un premier féminicide ait lieu. Il aura suffi 4h pour qu'Isabelle, 51 ans, mère de 2 enfants, aide à domicile, soit assassinée", communique-t-elle sur son compte X. Pour rappel, une femme a été retrouvée morte à son domicile d'Hautmont mercredi 1ᵉʳ janvier. Son conjoint s'est accusé de l'avoir frappée puis tuée. Jeudi 2 janvier 2025, l'époux de la victime du féminicide d'Hautmont (Nord) a été mis en examen et placé en détention provisoire.
💬 « Il n'aura pas fallu attendre 24h pour qu un premier feminicide ait lieu. Il aura suffi de 4h pour qu'Isabelle, 51 ans, mère de 2 enfants, aide à domicile, soit assassinée.
— Aurore Bergé (@auroreberge) January 3, 2025
Je serai à Hautmont la semaine prochaine à la demande du maire. Pour écouter, comprendre, agir. »
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"J’ai été interpellée de voir que dans un communiqué de presse officiel on mentionne la vie supposée de la victime en résumant l’affaire à un adultère", lance Aurore Bergé. Je trouve que ça arrive trop souvent d'interroger le passé des femmes victimes de violences sexuelles." Cette prise de parole de la part d'une membre d'un gouvernement est assez inédite. Par ces mots, la ministre critique la manière dont la justice traite le féminicide d'Hautmont. "Ce n'est pas par ce que ça s'est passé dans le Nord que ça ne se passera pas ailleurs. Ça se passe dans tous les milieux sociaux, dans toutes les géographies, tous les milieux professionnels", insiste la ministre.
Ce n'est pas par ce que ça s'est passé dans le Nord que ça ne se passera pas ailleurs.
Aurore Bergé (EPR), ministre de l'égalité femmes-hommes
À la question du passé de la victime, Aurore Bergé rétorque que "ce n’est pas la question qui est posée." "La question n’est pas de savoir le nombre de partenaires que la personne a eu. On s’intéresse si elle a été victime d’un viol ou d’une agression sexuelle." En 2024, selon le collectif NousToutes, 135 féminicides ont été dénombrés.
"C’est important de parler des victimes et des vies qui ont été empêchées"
"Ce qui compte, c'est de comprendre comment dans notre société en 2025, on a encore des hommes qui passent à l’acte, qui violentent et qui frappent, qui agressent sexuellement. C’est important de parler des victimes et des vies qui ont été empêchées plutôt que des auteurs des faits", déclare la ministre chargée à l'égalité femmes-hommes.
💬 « Les violences conjugales, intrafamiliales, ce n'est pas une affaire privée. Appeler la gendarmerie ou la police quand une femme est en danger, ça n'est pas de la délation. Ça sauve des vies !
— Aurore Bergé (@auroreberge) January 3, 2025
L'Etat doit être au rendez-vous, la société doit être en alerte. »
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Lors de l'interview à France Inter, elle réaffirme la nécessité d'"inscrire et de définir" la notion de consentement dans la loi française. La ministre ajoute qu'il "faut agir. Il y a de nombreuses choses à améliorer dans la pratique, dans la loi et dans notre société." Quand on a une femme victime de violence, appeler la police ou la gendarmerie, ce n’est pas de la délation. Ça sauve des vies", martèle la personnalité politique. "Tous les moyens seront mobilisés pour éviter de nouveaux féminicides après la mort d'Isabelle, 51 ans, à Hautmont. Je veux qu'on ait de manière systématique sur tout le territoire des intervenants sociaux en gendarmerie et en police", affirme la ministre.
Tous les moyens seront mobilisés pour éviter de nouveaux féminicides après la mort d'Isabelle, 51 ans, à Hautmont.
Aurore Bergé (EPR), ministre chargée de l'égalité femmes-hommes
Dans l'entretien réalisé par la journaliste Marion L'Hour, la ministre esquisse rapidement la situation politique actuelle. Elle prend ainsi l'exemple des formations nationales des forces de l'ordre sur la prise en charge des situations de violences sexistes et sexuelles. "Dans ce genre de dispositif, tous les budgets des ministères sont concernés", précise-t-elle. Pour rappel, le budget de l'État pour 2025 n'a pas encore été voté en raison du changement de Premier ministre en décembre 2024.
"La seule cause d'un féminicide : c’est l'auteur des faits"
Katy Vuylsteker, fondatrice de NoustToutes Lille, réagit à l'entretien d'Aurore Bergé sur France Inter, concernant le féminicide d'Hautmont. "On sait que les féminicides, c'est un phénomène massif qui s’inscrit dans un continuum de violence envers les femmes, contextualise la militante. Le terme d'adultère dans le communiqué de presse du tribunal judiciaire de Valenciennes s'est tout à fait hors sujet."
"La seule cause d'un féminicide : c’est l'auteur des faits. Si Isabelle à Hautmont n’avait pas été mariée à cet homme violent, il n’y aurait pas eu de féminicide", défend Katy Vuylsteker.
Le collectif NousToutes Lille attend "plus de moyens pour lutter contre les féminicides." Au moins 2,6 millions d'euros seraient nécessaires." Ce vendredi 3 janvier 2025, Aurore Bergé, a énuméré tout un tas de mesures. "On commence à douter de la capacité de ce gouvernement", déplore la militante.
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NousToutes Lille comptabilise trois féminicides dans le Nord en 2024, contre 135 en France. "Le rôle du collectif, c'est de lutter, de sensibiliser la société. On ne peut pas nier l'ampleur de violences. On fait des actions coups de poings et des interventions dans les écoles."