Le collectif féministe Nous Toutes a interpellé les passants, ce samedi 8 avril, sur la place du Théâtre de Lille, pour les sensibiliser à la condition des femmes sans-abri. Notamment leur vulnérabilité aux violences sexistes et sexuelles.
"Femmes sans-abri, invisibles deux fois", peut-on lire sur les tracts et pancartes des militantes de #Noustoutes, installées devant l'Opéra de Lille. "Invisibles parce que sans abri, elles le sont aussi parce que femmes", écrit le collectif féministe sur Instagram.
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Ce samedi 8 avril, une semaine après la fin de la trêve hivernale, l'objectif de Noustoutes est de "visibiliser les conditions des femmes à la rue", explique Lola, une des organisatrices de la mobilisation. Avec quelques autres membres, elles distribuent des tracts et échangent avec les passants, souvent indifférents ou moqueurs mais parfois intéressés.
Plus de 470 femmes sans-abri dans la MEL
471 femmes sont sans-abri dans la métropole lilloise en 2020, selon le dernier rapport de l'Agence de développement et d'urbanisme de Lille (ADULM), dont 212 femmes seules, 183 en famille et 76 femmes isolées avec des enfants. 3 000 personnes au total ont déclaré être sans-abri en mars 2020, dans le même rapport.
Des femmes à la rue qui sont plus vulnérables aux violences sexistes et sexuelles. L'association Entourage avance qu'une femme SDF subit une agression sexuelle toutes les huit heures en France.
Ces situations sont imbriquées, on ne peut pas lutter contre les violences sexistes et sexuelles sans lutter contre le sans-abrisme et inversement.
Louise, militante #NoustoutesFrance 3 Hauts-de-France
"Les femmes qui vivent dehors sont souvent victimes de violence et c'est aussi souvent parce qu'elles sont victimes de violences qu'elles vivent dehors. Ces sujets sont imbriqués", analyse Louise. Cette militante a elle-même vécu sans domicile fixe pendant près de six mois, et subi des violences sexistes et sexuelles.
Si les femmes sont en moyenne moins nombreuses que les hommes à la rue, c'est aussi parce qu'elles sont "plus souvent hébergées par des tiers", explique Louise. "Mais cela peut aussi donner lieu à de la rétribution, des agressions et viols par les hébergeurs."
"Du personnel mieux formé pour traiter les plaintes"
Pour le collectif, l'augmentation des places d'hébergement d'urgence, mais aussi un meilleur accès au logement sont nécessaire pour lutter contre le sans-abrisme, un dernier point qui rejoint les conclusions de l'ADULM.
Pour accompagner les victimes de violences, Lola ajoute qu'il faudrait aussi "du personnel mieux formé pour traiter les plaintes. Déjà dans les situation stables les femmes sont peu écoutées, mais là encore moins."
En attendant, #Noustoutes a aussi organisé, ce samedi 8 avril, un point de collecte de protections menstruelles et de vêtements, au profit de l'association Féminité Sans Abri. Créée en 2017, ses membres recueillent et distribuent des kits d'hygiène pour les plus démunis. D'autres points de collectes à Lille sont ouverts toute l'année.
Numéros utiles :
- Allô Prévention Expulsion (fondation Abbé Pierre) : 0810 001 505
- Samu Social 115
- Solidarité femmes 3913
- Accueil de jour Rosa (association SOLFA, ligne d'écoute) 03 20 57 94 27