25 novembre : journée de lutte contre les violences faites aux femmes. A Lille, un rassemblement est prévu place de la République à 18h00 où un die-in (simulacre de mort) sera organisé en hommage aux 121 femmes qui seront assassinées cette année, en France. A Valenciennes, demain, à 14h00.
Quel état des lieux pouvons-nous faire en France des violences faites aux femmes ?
Blandine Cuvillier, Nous toutes : "94 000 femmes sont victimes de viols ou de tentatives par an, en France. C'est-à-dire qu'une femme sur sept sera concernée au cours de sa vie. Un enfant sur dix, c'est-à-dire trois enfants par classe subissent des violences ou les conséquences des violences conjugales. Un tiers des femmes ont subi ou subiront le harcèlement sexuel au travail et 90% des plaintes sont classées sans suite. Sur ce point, pour plus de précision, il faut savoir que sur les 94 000 femmes victimes seules 10% portent plainte et quand c'est le cas, 76% sont classées sans suite. In fine, seuls 0,6% des viols sont condamnés. C'est un système en entonnoir et nocif qu'on ne comprend pas : on dit qu'il faut libérer la parole et ensuite on ne nous écoute pas. Enfin, de la même manière, sur les femmes qui quittent leur logement, quatre sur dix ne trouvent pas de place en hébergement d'urgence".
Y a-t-il une situation spécifique en Hauts-de-France ?
Blandine Cuvillier, Nous toutes : "La région n'échappe pas à ces faits. Quelques commissariats ont été formés à la prise en charge des victimes comme à Lille au commissariat central, mais on souhaite que les victimes puissent porter plainte partout. Dans la région, on en est à six féminicides cette année 2022".
C'est horrible de parler en chiffres, mais ce serait économique de placer deux milliards dans cette lutte car le coût de la masculinité toxique est énorme, en termes de santé, de justice, d'arrêts de travail...
Blandine Cuvillier, collectif Nous toutes
Quelles solutions faudrait-il mettre en place... Eloigner davantage les conjoints violents ?
Blandine Cuvillier, Nous toutes : "Des choses sont mises en place mais ce n'est clairement pas suffisant. On réclame 15 000 hébergement d'urgence pour les victimes et des places pour éloigner les conjoints violents. Les outils sont également le bracelet anti-rapprochement, l'ordonnance d'éloignement, le "bouton danger" sur le téléphone portable. Nous chiffrons à 2 milliards d'euros l'argent nécessaire pour lutter comme il faut contre les violences faits aux femmes : un milliard contre les violences conjugales et un milliard contre les violences de genre. Soit 0,1% du PIB. Actuellement, le gouvernement engage 350 millions ! C'est horrible de parler en chiffres, mais ce serait économique de placer deux milliards dans cette lutte car le coût de la masculinité toxique est énorme, en termes de santé, de justice, d'arrêts de travail... "
Et aussi :
Le 3919, un numéro pour signaler les violences faites aux femmes.