Comment va se dérouler le conseil municipal de Saint-Etienne, une semaine après la scission d'une partie de la majorité ? Dix élus stéphanois ont créé le 22 janvier dernier leur propre groupe. Ce nouveau groupe va siéger pour la première fois ce lundi 29 janvier. L'affaire du chantage à la vidéo intime va-t-elle encore s'inviter dans les débats ?
Ce lundi 29 janvier, le conseil municipal de Saint-Etienne s'annonce une nouvelle fois tendue après les deux nouvelles mises en examen de Gaël Perdriau, englué dans le scandale du chantage à la vidéo intime et la scission d'une partie de sa majorité. À 17h, un rassemblement est prévu devant l'hôtel de ville, pendant le conseil municipal.
"Je suis très Calme et serein"
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue en fin de matinée, Gaël Perdriau a déroulé l'ordre du jour, en présence de ses adjoints. L'élu s'est focalisé sur les sujets de politique locale : présentation des orientations budgétaires ou encore une hausse inédite des impôts locaux. Sur l'affaire qui empoisonne la vie politique stéphanoise depuis 18 mois, pas un mot. Gaël Perdriau, sous le coup d'une triple mise en examen, s'est dit "très calme et très serein" quelques heures avant le début du conseil.
Je suis très calme, très serein. Je me sens très fort intérieurement car je sais que je suis innocent.
Gaël Perdriaumaire de Saint-Etienne
"Je n'ai pas envie de donner raison à ceux qui cherchent à me détruire, à me salir, à me traîner dans la boue", a déclaré Gaël Perdriau au cours de ce point de presse. "Ma grande force, c'est mon innocence, c'est ce qui me fait tenir", a affirmé ce lundi le maire de Saint-Etienne en réponse aux appels à la démission relancés par l'opposition après deux nouvelles mises en examen dans l'affaire du chantage à la sextape. Le maire a également promis des révélations lors du conseil municipal : "maintenant que j'ai parlé aux juges, je compte bien dire un certain nombre d'éléments qui figurent au dossier et qu'aucun d'entre vous n'a évoqué jusqu'à présent", a déclaré l'élu à la fin du point presse. "La mise en examen n'est pas une condamnation", a rappelé le maire avant l'ouverture du premier conseil municipal de l'année.
Fracture dans la majorité municipale
Après les deux nouvelles mises en examen du maire de Saint-Etienne, l'ancien LR Gaël Perdriau, le 22 janvier, dix élus de la majorité municipale ont indiqué dans la soirée la création de leur propre groupe, distinct de celui du maire, au sein de la majorité.
Le groupe est composé de six adjoints et quatre conseillers. Ces élus, qui avaient demandé le retrait du maire, continuent cependant de soutenir son action politique. "Nous restons pour gérer la ville," a déclaré Nicole Peycelon. "Les Stéphanois nous ont élus jusqu'à ce jour. Donc, nous devons leur rendre des comptes, nous devons travailler pour eux. Puisque nous, nous n'avons rien à nous reprocher sur les faits qui nous empoisonnent la vie, donc nous poursuivons ce travail", a ajouté l'adjointe à la ville de Saint-Etienne. "Certes, cela peut être vu comme une demi-teinte, mais je crois tout de même que c'est un symbole fort de créer un groupe", a assuré l'élue.
Un maire sous pression
Cette scission d'une partie de la majorité ne signe pas pour autant la fin du règne de Gaël Perdriau, élu à Saint-Etienne depuis 2014. Sur les 59 élus du conseil municipal stéphanois, 34 figurent toujours dans les rangs de la majorité. Pour Gaël Perdriau, "l'unité de la majorité municipale n'est pas remise en cause. On continue de travailler dans l'intérêt général de la ville et des habitants".
Dans l'affaire du chantage à la vidéo intime qui éclabousse la ville depuis août 2022, le maire de Saint-Etienne, triplement mis en examen, demeure inflexible et refuse l'idée d'une démission. Une démission qui équivaudrait à un aveu de culpabilité. Gaël Perdriau s'est cependant mis en retrait de la métropole.
L'édile, qui clame son innocence avec fermeté, se retranche derrière l'argument de la présomption d'innocence. Mais au fil des semaines, la pression s'accentue sur Gaël Perdriau. Au désaveu de sa famille politique et aux récentes défections de dix élus de sa majorité, s'ajoute à présent une demande de révocation, adressée dimanche par les trois groupes d'opposition (PS-DVG, Écologistes, PCF) au Premier ministre. Cette procédure, prévue par le Code général des collectivités territoriales, consiste à entendre l'élu visé afin de décider si les faits incriminés sont de nature à le priver de l'autorité morale nécessaire à l'exercice de ses missions. Une première demande avait été écartée fin 2022.
Triplement mis en examen
Mi-janvier, l'élu de 51 ans a été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs" et "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique". En avril 2023, Gaël Perdriau avait déjà été mis en examen pour "chantage" dans cette affaire de vidéo intime. Une mise en examen qui lui avait valu une première vague d'appels à la démission.
Au cœur du scandale, son rôle possible dans le tournage en janvier 2015 et l'utilisation d'un enregistrement de son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues.