Chantage à la sextape : nouvelles mises en examen de Gaël Perdriau, la pression s'accentue sur le maire de Saint-Etienne

La ville de Saint-Etienne vit depuis plusieurs mois au rythme des révélations sur une affaire scabreuse de chantage à la sextape qui a valu à son maire, l'ex-LR Gaël Perdriau, d'être mis en examen ce vendredi pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage" et "soustraction ou détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique".

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L'audition à Lyon devant les magistrats instructeurs ce vendredi 19 janvier s'est soldée par deux nouvelles mises en examen pour le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, dans l'affaire du chantage à la vidéo intime. Le maire de Saint-Etienne, qui a été entendu pendant près de huit heures, vient aussi d'être mis en cause dans le volet financier de cette affaire.

Triplement mis en examen

Déjà mis en examen pour "chantage" en avril dernier, l'élu de 51 ans est désormais également mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage" et "détournement de fonds publics par un dépositaire de l'autorité publique". Son contrôle judiciaire n'a cependant pas été modifié et il peut toujours exercer ses mandats. Ces nouvelles mises en examen  suit celle de Pierre Gauttieri, son ancien directeur de cabinet, pour "association de malfaiteurs" en décembre dernier. Les aveux de son ancien bras droit ont changé la donne.

Pour Maître André Buffard, l'avocat de Gilles Artigues, "une étape décisive" a été franchie dans l'instruction du dossier. "On arrive pratiquement au terme du dossier. Je pense que les responsabilités des uns et des autres sont claires. Leur culpabilité aussi. On va nous reparler de présomption d'innocence. Je suis avocat, je suis très attaché à la présomption d'innocence. Mais il y a un moment où ça suffit ! Quand vous avez des éléments matériels, des témoignages, des aveux, vous avez suffisamment d'éléments pour être certain de la culpabilité de quelqu'un", assure Me Buffard.

Depuis la révélation de ce scandale, Gaël Perdriau, maire et président de la métropole de Saint-Etienne depuis 2014, résiste pied à pied aux appels à la démission. Il s'était mis en retrait de la présidence de la métropole de Saint-Étienne en décembre 2022, mais a toujours refusé d'abandonner son fauteuil de maire. Lâché par la direction des Républicains, vilipendé par ses opposants, il a toujours affirmé qu'il ne démissionnerait pas, au nom de la présomption d'innocence.

Gaël Perdriau "conteste toujours l’intégralité des faits" qui lui sont reprochés en lien avec l’existence d’une sextape destinée à neutraliser politiquement l’ancien adjoint centriste Gilles Artigues, ont indiqué hier à l'AFP les avocats du maire de Saint-Etienne. Gaël Perdriau n'envisage pas de démissionner de son poste de maire de Saint-Etienne, a confirmé Me Jean-Félix Luciani. "Il devrait discuter avec sa majorité d'ici lundi", a précisé ce dernier.

Au lendemain de l'annonce des nouvelles mises en examen de Gaël Perdriau, les plus proches adjoints du maire sont aux abonnés absents. Seule, la 6e adjointe qui a déjà pris ses distances avec l'élu a accepté de réagir. "C'est catastrophique pour notre ville", a déclaré Nicole Peycelon, jointe par téléphone, ce samedi 20 janvier. Une dizaine d'élus de sa majorité avaient déjà demandé à Gaël Perdriau à plusieurs reprises de se retirer. Ils réfléchissent désormais à sortir de son camp.

L'opposition municipale réagit

Dans l'opposition, les réactions et appels à démission de Gaël Perdriau se multiplient ces dernières heures, avec ce nouvel épisode judiciaire. Pour le conseiller municipal écologiste Olivier Longeon, "plus cette affaire dure, plus la ville et la métropole sombrent. S'entêter comme il le fait, c'est ne pas se soucier de l'avenir de Saint-Etienne et ne penser qu'à lui et sa défense". 

Pour Pierrick Courbon, "la coupe est pleine !". Sur les réseaux sociaux, il relait le communiqué des élus d'opposition du groupe "Saint-Etienne Demain" (PS-DVG). Ce dernier appelle "solennellement la majorité municipale à un sursaut de dignité", sans pour autant remettre en question "la légitimité de la majorité municipale". "Ces nouvelles mises en examen doivent interroger la conscience des élus de la majorité, et en premier lieu celle du 1er Adjoint", indique le communiqué. Pour le groupe d'opposition, la démission du maire de Saint-Etienne "s'impose comme une évidence". Pour le groupe d'opposition, qui se défend de vouloir provoquer une élection anticipée, Gaël Perdriau, mis en examen pour détournement de fonds, "n'est plus crédible pour gérer l'argent public et le budget municipal".

Anciens députés : réactions

Autre réaction, celle de l'ancien député Jean-Louis Gagnaire sur le réseau social X après l'annonce de ces deux nouvelles mises en examen de l'édile stéphanois. Il en appelle aussi la majorité municipale de Saint-Etienne à se désolidariser de Gaël Perdriau. "Chantage à la vidéo intime : 2 nouvelles mises en examen pour Gaël Perdriau Combien en faudra-t-il pour qu’il accepte de se mettre en retrait ou que les élus de la majorité se désolidarisent ? Saint-Etienne ne peut plus en supporter davantage !", écrit aussi l'ancien parlementaire.

L'ancien député PS de la Loire, Régis Juanico a également réagi sur les réseaux sociaux après la nouvelle mise en examen de Gaël Perdriau. Il évoque un fonctionnement des institutions municipales de Saint-Etienne "gravement entaché" par les conséquences de cette affaire. "S'il ne démissionne pas rapidement, il est de la responsabilité du gouvernement" d'examiner "les conditions dans lesquelles M.Perdriau peut être suspendu puis révoqué en Conseil des ministres".

Scandale à Saint-Etienne 

Cette affaire de chantage à la vidéo intime secoue Saint-Etienne depuis sa révélation en août 2022 par Médiapart. Au cœur du scandale, une vidéo compromettante tournée en janvier 2015 dans laquelle on voit son ex-premier adjoint centriste et rival politique Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel à Paris. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d'une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions", après une plainte de Gilles Artigues.

Cette nouvelle double mise en examen pourrait ne pas être la dernière. Dans les jours prochains, Gilles Rossary-Lenglet, l'homme qui a révélé l'affaire à Médiapart, et son ancien compagnon Samy Kefi-Jérôme, devraient être de nouveau entendus par les juges d'instruction à Lyon. Quant au prochain conseil municipal à Saint-Etienne, il est prévu le 29 janvier.

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