"La ville de Saint-Etienne ne mérite pas d'être salie en permanence" : Gaël Perdriau poussé vers la sortie par sa majorité

Après de nouvelles révélations dans l'affaire du chantage à la sextape, qui tendent à prouver l'implication du maire de Saint-Etienne, les réactions politiques s'enchaînent. Si l'opposition municipale réclame depuis un moment déjà la démission de l'édile, des élus de la majorité demandent le départ de Gaël Perdriau.

L'audition de Pierre Gauttieri, l'ancien directeur de cabinet du maire de Saint-Etienne, rendue publique par Médiapart, a fragilisé encore un peu plus la ligne de défense de Gaël Perdriau, ainsi que sa crédibilité à son poste de maire. L'ex-bras droit a pointé du doigt l'implication du premier magistrat de la commune dans cette sombre affaire. Pierre Gauttieri aurait déclaré lors de sa dernière audition que le maire avait pris la décision du kompromat, et qu'il s'était occupé lui-même de son financement.

De nouvelles accusations qui contredisent grandement la ligne de défense de Gaël Perdriau qui clame toujours son innocence. Pour certains élus, y compris désormais ceux de la majorité municipale (Les Républicains), c'en est trop. Gaël Perdriau ne peut plus tenir ainsi, il doit démissionner.

Isolé dans son propre camp ?

Déjà exclu depuis octobre 2022 du parti Les Républicains, Gaël Perdriau voit à présent le nombre de ses soutiens fondre comme neige au soleil. Depuis que Pierre Gauttieri a chargé son ancien mentor, deux communiqués ont été publiés par des élus qui se désolidarisent définitivement du maire, réclamant sa mise en retrait, voire son départ.

"Notre ville de Saint-Etienne s'enlise, révélations après révélations, dans une terrible affaire qui attriste les Stéphanois et les inquiète pour l'image de leur ville et l'avenir de leurs enfants" peut-on lire dans le premier texte, signé par six élus municipaux de la majorité (Nicole Peycelon, Paul Corrieras, Robert Karulak, Claude Liogier, Jacques Phrommala, Alain Schneider).

"Il semble indispensable que le maire de Saint-Etienne, qui ne peut plus défendre sereinement les intérêts de notre ville, se consacre exclusivement à sa défense en prévision d'un procès qui ne doit pas être celui de l'équipe municipale et encore moins celui de la ville ou des Stéphanois" continuent les élus, qui tiennent à marquer une différence entre l'action politique de la majorité municipale et les potentiels déboires judiciaires de son premier élu.

"Nous appelons notre majorité à se réunir rapidement pour demander au maire une nouvelle fois son retrait et d'organiser en son sein, en toute transparence démocratique, la désignation d'un nouveau premier magistrat", conclut le communiqué.

Le second texte, signé cette fois par dix élus LR de la Loire, est encore plus cinglant. "Les parlementaires, le président du Conseil départemental, les élus Les Républicains de la mairie de Saint-Etienne réclament la démission immédiate de Gaël Perdriau", peut-on lire dès l'en-tête du document. "La ville de Saint-Etienne ne mérite pas d'être salie en permanence par un homme qui a perdu tout sens de l'intérêt général, ne pensant qu'à garder sa place et ses indemnités au détriment des Stéphanois". Une communication lapidaire donc, et il s'agit bien là d'un communiqué de ses supposés "alliés", et non de ses adversaires politiques.

Une démission, voire une révocation ?

Plusieurs élus LR de la Loire espèrent donc une démission rapide de leur ancienne tête d'affiche pour pouvoir élire un nouveau maire issu de leur majorité en conseil municipal, et ainsi terminer l'exercice de ce mandat (2020 - 2026). Pas question d'envisager de nouvelles élections, et d'ailleurs, ce n'était pas non plus un objectif de l'opposition, même si cette dernière réclame le départ du maire depuis de longs mois déjà.

"Nous avons toujours demandé à la majorité de désigner en son sein un nouveau maire" affirme Isabelle Dumestre (élue PS de la ville de Saint-Etienne). "Nous ne remettons pas en cause la légitimité démocratique de la majorité issue du vote de 2020". À présent, nombre d'élus de l'opposition et de la majorité sont sur la même longueur d'onde, reste une personne à faire céder : le principal intéressé.

Car en France, un conseil municipal n'a pas le pouvoir de destituer un maire, pas plus que celui-ci ne peut dissoudre l'assemblée. Alors Gaël Perdriau a beau être plus isolé que jamais (malgré quelques soutiens inconditionnels qui ne se comptent plus que sur les doigts d'une main), rien ni personne ne peut l'obliger à démissionner. S'il s'accroche encore et toujours à cette même ligne de défense, clamant son innocence, tout laisse à penser qu'il ne renoncera pas à son mandat, à moins d'être éventuellement condamné.

Seule la démission de l'immense majorité du conseil municipal pourrait conduire à une intervention de la préfecture, puis à de nouvelles élections. Mais puisqu'aucun élu ne souhaite en arriver là, il ne reste plus qu'une possibilité : un décret de révocation, pris directement en conseil des ministres. 

Gaël Perdriau devrait être auditionné le 19 janvier prochain, soit 10 jours avant le prochain conseil municipal de Saint-Etienne. 

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