Les cycles Mercier vont de nouveau être produits en France. C'est le retour d'un fleuron tricolore centenaire qui quitte l’Asie et l’Europe de l’Est pour se relocaliser dans les Ardennes. Une réimplantation industrielle loin de ses origines stéphanoises.
Les Cycles Mercier ont vu le jour à Saint-Etienne au début du XXe siècle, en 1919. Le nom de cette entreprise est liée à l'histoire du bassin industriel stéphanois. C'est Emile Mercier, qui est à l'origine de cette success story.
Un fleuron du cycle français, né à Saint-Etienne
Emile Mercier a commencé par fabriquer des pièces. L'entreprise a débuté par la production d'axes et de cuvettes de pédalier. A partir de 1924, l'activité s'étend aux cadres, avant de passer au montage de cycles complets à partir de 1930.
Trois ans plus tard, Mercier lance aussi une équipe professionnelle de cyclistes, pour promouvoir ses produits. Elle prend le départ de son premier Tour de France en 1935 et sera présente en compétition dans les pelotons jusqu'en 1984. La formation Mercier gagne le titre d'équipe professionnelle ayant le plus de participations au Tour de France. L'entreprise stéphanoise a rayonné sur les routes de France dans les années 60 grâce notamment à Raymond Poulidor. D'autres coureurs de légendes ont aussi contribué à la légende comme Louison Bobet, Cyrille Guimard ou encore Joop Zoetemelk...
Disparu en novembre 2019, Raymond Poulidor a été un véritable ambassadeur de la marque à la couronne durant sa carrière. Et n'hésite pas à expliquer qu'il "passe deux heures à nettoyer son vélo"... "Il faut que je l'entretienne, que je le bichonne, que je lui rende ce qu'il me donne" expliquait le champion.
Apogée dans les années 70
De 1950 à 1959, Mercier fabriquait également des vélomoteurs. Au début des années 70, l'usine produisait jusqu'à 120.000 vélos, dont un tiers destiné à l'exportation. Les cycles Mercier étaient à leur apogée en 1975 : 150.000 bicyclettes sortaient alors des ateliers stéphanois. Les cycles Mercier connaissent alors un grand succès commercial. Mais l'histoire dérape dans les années 80. Une décennie qui marque la fin de l'âge d'or de ce fleuron industriel stéphanois. La montée en puissance de la concurrence étrangère, asiatique et américaine, met en difficulté l'entreprise. La manufacture ferme définitivement ses portes au tournant des années 90.
La roue tourne avec une renaissance dans les Ardennes
L'entreprise est alors rachetée par les Cycles France-Loire puis par un groupe néerlandais, avant d'être transférée à Starship Investments. Après des années de pause, le nom "Mercier" revient dans la course en 2019 avec des bicyclettes électriques produites en Europe et en Asie du Sud-Est.
Aujourd'hui, les Cycles Mercier font leur retour en France mais loin de leur "chaudron" d'origine. La nouvelle usine de production va s'installer à Revin dans les Ardennes, a annoncé le 2 février 2021 le propriétaire de la marque. Pourquoi avoir choisi de s'implanter dans les Ardennes plutôt qu'en région stéphanoise ? L'implantation est basée sur "le fort ADN industriel du département des Ardennes et sa facilité d'accès par l'autoroute". Le projet a vu le jour avec le soutien des pouvoirs publics.
Mercier ouvrira une unité de fabrication et de production à Revin, près de Charleville-Mézières, au dernier trimestre 2021, a annoncé le fonds luxembourgeois Starship Investments, propriétaire de la marque. L'usine produira des vélos mécaniques et électriques sous la marque de Raymond Poulidor et de Joop Zoetemelk, ainsi que des cycles sous marque de distributeur. À terme, ce seront 270 emplois qui devraient être créés dans cette cité au passé industriel sinistré.