"Les enjeux sont bien plus grands et nous dépassent" : pour limiter le gâchis de 5 000 vélos électriques, une entreprise se mobilise

Suite au rappel des 5 000 vélos électriques défectueux de la marque française Angell, en difficultés économiques, une entreprise basée à Troyes, dans l’Aube, a souhaité se mobiliser. Niant tout opportunisme, la marque auboise Ellipse défend l’importance d’une seconde vie pour ces vélos inutilisables et d’une solution pour les utilisateurs de mobilité douce. Un seul mot d’ordre : éviter le gâchis.

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En novembre 2024, la marque française Angell lançait une procédure de rappel de 5 000 de ses vélos électriques d’une valeur de 2 860 euros pièce. En cause : un défaut au niveau du cadre. Vendredi 24 janvier, l’entreprise de Marc Simoncini, créateur de Meetic, a annoncé être en cessation de paiement et solliciter l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire. 

Une situation financière critique puisque les solutions évoquées, c’est-à-dire le remplacement de chaque vélo ou le remboursement, ont un coût estimé de 5 et 13 millions d’euros, montants supérieurs aux fonds de l’entreprise. “Cela ne signifie pas que vous ne serez pas dédommagés, les voies assurantielles et les recours légaux restant ouverts”, a indiqué Angell dans un mail à ses clients. 

Les enjeux sont bien plus grands et nous dépassent. L’idée est de rebondir de manière positive pour la filière, pour mettre en place une revalorisation et limiter le gâchis.

Florian Prieur

Cofondateur d'Ellipse

Face à ces solutions difficilement applicables actuellement, une entreprise de vélos basée à Troyes, Ellipse, s’est mobilisée, samedi 25 janvier, pour “donner une seconde vie aux vélos Angell et accompagner leurs propriétaires vers une solution durable”. Les trois créateurs de la marque auboise née en 2020 craignaient le gâchis économique et écologique de ces vélos premières générations inutilisables. 

Solutions de reprise

Ils ont ainsi proposé aux détenteurs de vélo défectueux deux solutions : le ramassage gratuit ou une reprise à hauteur de 500 euros pour tout achat d’un vélo électrique Ellipse. “On était conscients que ça pourrait être interprété comme de l’opportunisme”, concède Florian Prieur, co-fondateur de 27 ans : “Mais les enjeux sont bien plus grands et nous dépassent. L’idée est de rebondir de manière positive pour la filière, pour mettre en place une revalorisation et limiter le gâchis”, défend-il. 

Contactée par Ellipse, l’entreprise Angell, a précisé son positionnement, accessible à la lecture dans la mise à jour du 28 janvier : “Nos consommateurs restent libres de leurs choix et, bien entendu, ne nous appartiennent pas. Bien que nous ne soyons pas opposés à l’idée d’une proposition tierce venant de l’extérieur, il convient de préciser qu’Angell n’a pas de rôle à jouer dans une telle démarche, qu’il s’agisse d’Ellipse ou d’un autre acteur.”

Bien que nous ne soyons pas opposés à l’idée d’une proposition tierce venant de l’extérieur, il convient de préciser qu’Angell n’a pas de rôle à jouer dans une telle démarche.

Entreprise Angell

Quelques jours après l’appel lancé par Ellipse, une demi-douzaine d’entreprises du secteur du vélo à assistance électrique (VAE), aux compétences “complémentaires”, ont répondu présents. Après le ramassage, assuré dans tout l’hexagone voire à l’étranger, l’idée est de démanteler les vélos, d’envoyer les pièces critiques au recyclage et d’utiliser les composants exploitables pour du service après-vente (SAV) ou de la seconde main. 

Appel à la mobilisation générale

De quoi limiter la “mauvaise presse” pour l’industrie du vélo électrique et la perte de confiance des utilisateurs désabusés. “Il serait dommage que les milliers de cyclistes qui avaient choisi la mobilité douce [...] renoncent à cette vision et se tournent vers des modes de transport moins durables”, précise le communiqué Ellipse. 

Concernant les vélos Angell deuxième génération, qui ne sont pas concernés par le rappel, une autre problématique risque de voir le jour si l’entreprise, née en 2019 et proche de la faillite, met la clé sous la porte : des pièces de rechange impossible à obtenir et un logiciel au fonctionnement dégradé une fois les serveurs mis à l’arrêt. “Ça met le doigt sur le sujet de la standardisation et de la durabilité des produits”, réagit Florian Prieur, qui appelle à limiter l’intégration de composants propres pour favoriser la réparabilité à long terme. 

Les fondateurs d'Ellipse : de gauche à droite, Robin Gabuthy, Florian Prieur, Paul Lepoutre. © Ellipse

Des enjeux naissants dans le secteur du VAE, avec des acteurs qui se spécialisent d’ores et déjà dans la revalorisation du vélo, notamment des batteries. “C’est peut-être l’occasion de faire accélérer certaines initiatives”, considère Florian Prieur, lui-même utilisateur de cette mobilité douce. C’est même autour de ce sujet que les liens se sont créé, sur les bancs d’une école d’ingénieur à Troyes, avec ses deux cofondateurs : “D’un projet étudiant est né un projet d’entreprise.”

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