Après une carrière comme costumier auprès de nombreux opéras régionaux, Philippe Léonard, aujourd'hui à la retraite, s'est lancé dans la production de masques dès de le début de la crise sanitaire. Des modèles gratuits à destination des plus démunis. 1600 masques ont déjà été produits.
Il n'a jamais vraiment perdu le fil.
Retraité depuis 3 ans, Philippe Léonard a trouvé son tempo : depuis plusieurs semaines, il démarre sa journée à 7 heures.
Il assemble, coud, ajoute quelques finitions, repasse et emballe les masques confectionnés, encore tous chauds.
L'ancien professionnel n'a rien perdu de son organisation : "Tous les soirs je prépare ma journée : je découpe les tissus, le molleton, les élastiques. Tout est prêt pour le lendemain" explique-t-il.
Un élan de solidarité
Dès le début de la propagation de l'épidémie de Covid19 en France, l'ancien costumier a eu cette idée de confectionner des masques. "Je n'ai pas réfléchi trois secondes !" s'exclame Philippe Léonard.Toujours très actif dans le domaine de la culture, à travers des collaborations avec des artistes, des compagnies, mais aussi des cours de couture, le retraité a toujours sa machine à portée de mains. "Mes machines ne sont pas rangées bien loin... Je continue à créer pour des artistes stéphanois et même plus lointains. Je prépare des expositions, et crée des costumes avec des techniques diverses" confie-t-il.
Mais pour l'heure, il s'affaire à la confection de masques.
"Un modèle AFNOR 3 plis" précise le costumier, qui s'est longuement renseigné sur internet avant de se lancer dans cette production à domicile. Il poursuit : "c'est un modèle plus agréable, avec de la microfibre à la place du molleton, couverte de tissus en coton pour plus de confort. Je rajoute les élastiques. J'en ai quasiment 2 kilomètres !".
Chaque jour, il en produit près de 50.
1600 sont déjà sortis de son atelier de couture.
Et Philippe Léonard n'est pas seul dans sa démarche : il peut compter sur l'aide des locaux. Comme cette marchande de Firminy qui lui a fourni des tissus et microfibres à "un tarif sympathique", afin de réduire ses dépenses. Ou ces deux designers qui lui ont offert un stock de tissus aux motifs variés et "stylés".
Une cagnotte et des dons
Au départ, Philippe mettait la main à la poche pour financer l'achat des tissus. Puis, devant faire attention à ses finances lui aussi, il a eu l'idée de créer une cagnotte en ligne. Pour ce faire, il s'est monté en association avec deux voisines. Conquises par sa démarche solidaire, préfecture et banque lui ont donné le feu vert et facilité la création du statut.La cagnotte est en ligne depuis le 3 mai dernier.
Déjà 1300 euros ont été récoltés. "Je ne pensais pas que ça allait prendre cette proportion. Je ne voulais pas de relation commerciale avec les gens. Le but était de le faire gratuitement. La cagnotte m'a donc donné un coup de pouce", avoue le costumier.
Livraison sous 48 heures
Modèles enfants (7 ans), ado (12/13 ans), ou adultes, Philippe propose plusieurs tailles et assure une livraison sous 48 heures.Les demandes se font directement via les réseaux sociaux.
Il a déjà fourni gratuitement plusieurs associations stéphanoises, telles que la Brigade de la solidarité, le Secours populaire, la Maison solidaire... Mais aussi certains services du CHU de Saint-Etienne dépourvus de masques, "Cela concerne surtout les paramédicaux, mais aussi les infirmières de ville, leurs patients souvent âgés et démunis" ajoute-t-il.
Dans cette aventure, ce qui semble le plus plaire à l'ancien costumier, c'est de tisser des liens avec le public, les soignants et les designers.