Cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi 16 février. À Saint-Etienne, les manifestants avaient rendez-vous à 10h30 devant la Bourse du travail. Le cortège stéphanois a pris la direction du Puits Couriot. Selon les syndicats, 10 000 manifestants étaient présents dans la capitale ligérienne.
Le cortège s'est élancé peu avant 11h de la Bourse du travail pour prendre la direction du musée de la Mine. Un cortège qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Des manifestants déterminés, farouchement opposés à la réforme des retraites. Dans le collimateur, la disposition qui repousse l'âge de départ. Dans le cortège, les banderoles et les slogans ont fleuri. Des manifestants ont témoigné, partagés entre inquiétude et détermination.
"Je suis très contente, car il y a vraiment beaucoup de monde aujourd'hui encore. Les gens ont bien compris que c'était important de rester mobilisé pour notre jeunesse et nos anciens", explique une manifestante. "On ne va rien lâcher, on va rester mobilisés", conclut-elle.
"Ce n'est pas possible de travailler jusqu'à 64 ans. Je suis aide-soignante et je travaille dans un Ehpad. On part toutes en invalidité avant l'âge de la retraite" explique une autre manifestante. Quant au reclassement : impossible selon elle en raison de trop nombreux problèmes de santé. La pénibilité au travail reste aussi l'un des points de crispation du projet de réforme. Pour cette manifestante ne se sent pas écoutée par l'exécutif.
Les jeunes aussi restent mobilisés et se sentent "concernés" par leur futur. Une jeunesse très présente dans le défilé stéphanois. "En étant étudiants travailleurs, on cotise très peu en travaillant pendant nos études. Pour nous, hors de question que notre âge de départ à la retraite soit reculé, surtout avec les annuités annoncées par le gouvernement", explique Judith, secrétaire générale du syndicat des étudiants travailleurs de la CGT.
Les jeunes, actifs ou étudiants, se disent aussi préoccupés par la situation de leurs parents. "C'est une réforme purement idéologique. On est en train de nous précariser toujours plus", ajoute la jeune femme. "J'ai commencé à bosser à 18 ans et honnêtement, je n'ai pas envie de partir à la retraite à 64 ans. On voit nos parents qui ont des métiers pénibles et cette pénibilité n'est plus prise en compte avec cette réforme".
Dans le cortège, on retrouve également des cadres, inquiets pour la jeunesse et l'avenir de la relève. "C'est ma troisième manifestation. Et je suis au rendez-vous ! Je travaille, je suis cadre et je suis contre cette réforme. Il va falloir commencer à faire bosser les jeunes, il y en a pas mal au chômage ! J'irai jusqu'au bout ! ", explique une jeune femme.
Comment les manifestants envisagent la suite du mouvement ? L'un d'eux répond, déterminé : "On va voir la suite à donner au mouvement, on va voir ce que va lâcher Macron. On demande le retrait pur et simple de la loi sur la réforme des retraites. Un petit blocage général, ce serait bien à la rentrée ! On ne va pas travailler jusqu'à 70 ans pour arriver à la retraite tout cassé et pour avoir une retraite minable !"
Dans le cortège, un professeur de français contractuel qui ne compte plus ses participations aux marches : "On a peu de moyens à disposition à part la parole et la grève, j'irai jusqu'au bout de cette démarche, jusqu'au bout des grèves. On ne peut pas faire grand-chose, mais au moins ça". Il déplore une forme de mutisme de l'exécutif face à la colère de la rue : "il y a tout de même de grosses manifestations et pas de réponse claire du gouvernement". La retraite : très loin pour lui ? "Un peu... moins avec cette manifestation, j'espère. Mais c'est loin, dans 30 ou 40 ans... je ne sais pas ! Je n'ai pas compté mes trimestres encore", répond-il en souriant.
Le cortège stéphanois a rassemblé près de 10 000 personnes selon les syndicats. À Roanne, une manifestation s'est également déroulée dans la matinée, regroupant près de 8 000 personnes, toujours selon les organisateurs. Les syndicats appellent à présent à une journée de blocage national le 7 mars prochain.
Propos recueillis par C. Exbrayat et C.Carrasqueira.