Parmi les manifestants contre la réforme des retraites, "Papy Art", sérigraphe lyonnais, tient une place particulière. Il est à la fois acteur et pour ainsi dire "historien" des mouvements sociaux.
Papy Art, artiste sérigraphie lyonnais, accompagne depuis 40 ans les révoltes sociales. Lors des dernières manifestations contre la réforme des retraites, il a rejoint le cortège avec son engin, le fameux sérisolex. "Je crée des œuvres de lutte. Quand il y a une manif, une grève, les gens peuvent les reprendre. Elles n'ont pas de signature" dit-il tout simplement.
Un atelier mobile dans les manifs
Le 6 février dernier, il avait installé son atelier d'impression mobile au départ de la manifestation, près de la Manufacture des tabacs et invité les manifestants à imprimer leur propre affiche en quelques mouvements de bras. Trois allers-retours sur la plaque pour bien étaler la peinture et voici le slogan qui apparaît. C'est une citation inspirée de mai 68 remise au goût du jour. "Retraites légères, chars lourds". Papy Art tient le rythme et n'hésite pas à donner de la voix pour encourager les imprimeurs d'un jour. "C'est important d'être dans la rue, avec le peuple. C'est là que ça se passe. Les affiches collées sur les murs, c'est bien mieux que les réseaux sociaux !" Papy Art n'est jamais à court de slogans. C'est même sa gourmandise et son énergie.
Les affiches collées sur les murs, c'est bien mieux que les réseaux sociaux !
Papy Artsérigraphe
Protéger la liberté d'expression
Tout a commencé au lycée dans les années 1970. Il fréquentait un comité populaire qui créait des affiches en sérigraphie (technique du pochoir) dans le quartier de la Croix Rousse et il n'a jamais arrêté. Certaines de ses créations sont commercialisées, d'autres ont trouvé leur place dans les musées.
Dans son atelier, pas très loin, sur les pentes, Papy Art crée, adapte, imprime toujours des slogans sur du papier ou des T-shirts. "J'aime échanger avec les gens. Je me nourris de jeux de mots, de plaisanteries. Je suis un peu un poète surréaliste".
Il est aussi collectionneur d'affiches et a compilé les plus parlantes dans un livre, "Les affiches en sérigraphie à la Croix-rousse et sa proche banlieue" qu'il donne en souvenir à l'issue des balades urbaines qu'il organise. "C'est une sorte de transmission" et ça il y tient. Pour preuve, il fait partie aussi de l'association "Raclettes party" (rien à voir avec le formage, ici la raclette est celle de l'imprimeur) qui a pour vocation de transmettre les usages et faire perdurer la sérigraphie chez les jeunes générations.