Motion de censure : comment les députés envisagent l'après-Michel Barnier ?

Alors que les députés doivent se prononcer sur la motion de censure à l'encontre de Michel Barnier, ce 4 décembre, certains avancent déjà leurs priorités pour les dernières semaines de 2024, qui pourraient être marquées par des difficultés liées au budget.

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Censurera, censurera pas ? Ce 4 décembre, les députés débattent sur la motion de censure qui pourrait signer les dernières heures du gouvernement de Michel Barnier. Faute d'accord sur le budget 2025, le Premier ministre a en effet déclenché l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer le texte sans vote. Or, cette procédure permet à son tour à une motion de censure de renverser le gouvernement.

Une motion de censure "pour protéger les Français"

Et pour la première fois de toute l'histoire de la Cinquième République, la motion de censure déposée par la gauche pourrait bien aboutir, l'extrême droite ayant annoncé son intention de se rallier au texte. "On ne censure pas le gouvernement pour se faire plaisir, mais pour protéger les Français" a martelé sur Franceinfo le député RN du Loiret et porte-parole du parti, Thomas Ménagé. Une fois le gouvernement renversé, "on attend que le président de la République nomme un nouveau Premier ministre", qui cette fois "entendra les Français" et "fera des économies sur le train de vie de l'État".

Michel Barnier aura pourtant tenté les concessions vis-à-vis de l'extrême droite pour éviter de se faire acculer. En tant que présidente du groupe RN, Marine Le Pen peut ainsi se vanter d'avoir fait monter les enchères autour des amendements qu'elle défendait dans le cadre de la discussion des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale.

Abandon de la taxe sur l'électricité, refonte de l'Aide médicale d'État (AME) ou encore annulation du déremboursement de certains médicaments sont autant de mesures intégrées dans le texte sous la pression d'une censure du RN.

"Michel Barnier a fait la courte échelle au RN"

Il faut dire que Michel Barnier paie ses choix et sa faible marge de manœuvre. Issu de LR, parti représentant 40 députés, soit environ 7% de l'Assemblée nationale, et alors que la coalition présidentielle s'est retrouvée en minorité après les dernières législatives, il s'est enterré, selon la gauche, dans un lien privilégié avec l'extrême droite. 

"Michel Barnier a fait la courte échelle au RN", estime ainsi Charles Fournier, député écologiste d'Indre-et-Loire. "Michel Barnier, lors de sa nomination, avait fait état d'une volonté de co-construire. Rien de tout cela n'a existé, il n'a jamais discuté avec le Nouveau front populaire."

Le Premier ministre appelle à la responsabilité, tout en assimilant la gauche à un danger, et en négociant en direct avec le RN.

Charles Fournier, député LÉ d'Indre-et-Loire

Qu'est-ce qui pourrait sauver Barnier ?

En réaction, la macronie prédit tempête et fracas en cas de chute du gouvernement. Si certains députés centristes, comme l'élue du Loiret Stéphanie Rist, appelle à la "responsabilité" des parlementaires. Si le gouvernement est censuré, menace la coalition présidentielle, les impôts risquent d'augmenter, le pays d'être bloqué et certaines réformes d'être freinées.

Dans un tweet, Michel Barnier en appelle également à la responsabilité du RN devant ses propres électeurs, pointant du doigt les piques plutôt acerbes contre le parti d'extrême droite que contient le texte qu'il va pourtant voter. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, est allé sur Europe 1/CNews jusqu'à s'indigner d'une "mélenchonisation" du RN, sans que l'on sache très bien ce que cela signifie.

Censurer, et après ?

Si la motion de censure est votée, ce qui est probable, à quoi pourrait ressembler le gouvernement suivant ? Comme au lendemain du 9 juillet, tout dépendra une nouvelle fois d'Emmanuel Macron, qui a toute latitude pour nommer un Premier ministre. Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, a notamment proposé pour l'avenir un "accord de non-censure", du PS à LR.

"Le président de la République doit entendre qu'il ne peut pas gouverner seul", estime pour sa part Charles Fournier, pour qui la priorité doit être un "changement de méthode" afin de "redonner sa place au Parlement". Se projetant déjà dans "l'après-Barnier", le groupe écologiste a proposé onze priorités, parmi lesquelles l'abrogation de la réforme des retraites et la taxation des très hauts revenus. Et une méthode : plus aucun recours au 49.3.

"C'est une feuille de route", explicite Charles Fournier, "chaque mesure sera soumise à discussion et on ira chercher des accords avec des majorités". Mais avant d'en arriver là, il faudra en passer par le vote, qui devrait se produire entre 18h30 et 20h ce 4 décembre.

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